Energie et matières premières : les hausses entraînent un surcoût de 2500 dollars par véhicule électrique produit

Le fossé continue de se creuser entre le véhicule thermique et l'électrique, y compris dans le coût des matières premières qui entrent dans leur composition. Avant la pandémie de Covid-19, le coût des matériaux critiques entrant dans la composition des véhicules thermiques atteignait 1 475 dollars par voiture, contre 2 924 dollars pour un véhicule électrique.

En mars 2022, dès le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les tensions sur les prix de ces intrants ont été à leur paroxysme avec un pic à 2 969 dollars pour le véhicule thermique contre 6 848 dollars pour une voiture électrique, soit 3 879 dollars d'écart. Si la tendance est à la détente depuis cette date, les coûts restent très élevés et se sont même creusés, de l'ordre de 3 000 dollars entre les deux motorisations, contre 1 500 dollars avant la pandémie. "Cet écart va rester", explique Alexandre Marian, consultant au cabinet Alix Partners "notamment à cause du risque d'inflation qui pèse sur le prix de l'énergie."

Le poste énergie a augmenté en effet de 500 dollars passant ainsi de  de 674 à 1 186 dollars, voire plus en fonction de la renégociation des contrats de fournitures de gaz et d'électricité. "La crise russo-ukrainienne a entraîné une hausse brutale du coût de l'énergie pour les industriels en Europe : +67% depuis 2019 pour l’électricité jusqu’à +133 % pour le gaz naturel. C’est une augmentation record qui vient bouleverser le secteur et pourrait ralentir le retour des volumes de ventes à un niveau pré-Covid", poursuit Alexandre Marian.

Une production mondiale de 79 millions de véhicules en 2022

De fait, le cabinet estime entre 78 et 79 millions le nombre de voitures qui seront produites en 2022, alors que l'industrie automobile espérait une hausse de 6 à 8 millions supplémentaires. "Nous ne prévoyons pas de retour à un volume de 90 à 94 millions d'unités produites avant 2024 et de reconstitution des stocks c'est-à-dire d'un volume de production supérieur à celui des ventes avant 2025", ajoute Laurent Petizon, directeur associé d'Alix Partners. Par motorisation, le coût supplémentaire atteint 2 500 dollars (hausse du prix des intrants et de l'énergie) pour un véhicule électrique et 1 000 dollars pour un véhicule thermique.

Mais bien sûr, cette hausse des coûts de production entraîne une révision des stratégies d'approvisionnement des constructeurs en énergie mais aussi et bien sûr une répercussion sur les tarifs. Et un report du point mort de rentabilité pour l'achat d'un véhicule électrique par rapport à un véhicule thermique. Le cabinet d'étude a estimé que l'achat d'un véhicule électrique (avec bonus) était rentable à partir de 96 000 kilomètres avant cette hausse. Depuis, ce point mort s'est nettement allongé pour atteindre 135 000 km, soit 39 000 km de plus qu'avant janvier 2020. Dans le cas d'un hybride rechargeable, le point mort n'est atteint qu'à partir de 270 000 km, soit 70 000 km supplémentaires entre 2020 et 2022 !