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Dans l'antre de l'usine Sineo de Toulouse

Publié le 17 novembre 2021

Par Gredy Raffin
7 min de lecture
L'usine de reconditionnement de Sineo à Toulouse (31) a ouvert ses portes au Journal de l'Automobile. Après huit mois de service, l'heure est au bilan préliminaire pour le premier site du genre du spécialiste de la remise en état esthétique.
Christophe Guillou, directeur opérationnel de l'usine Sineo.

Les gestes sont maîtrisés. Le cheminement des véhicules se fait plus fluide. Après huit mois d'activité, le centre de reconditionnement de Sineo de Fenouillet, en banlieue de Toulouse (31), commence à maîtriser l'exercice. Certes, il reste des points d'amélioration, mais le niveau de qualité satisfait désormais les clients du site, parmi lesquels figurent le point de vente ex-PSA Retail. "Nous avons essuyé des critiques légitimes au cours des premiers mois, mais ils vantent maintenant le bénéfice de la prestation auprès de leurs partenaires qu'ils amènent ici en visite", glisse Christophe Guillou, le directeur opérationnel de l'usine, lors de la visite organisée pour le Journal de l'Automobile.

 

Nous sommes début novembre 2021 et l'infrastructure de 2 000 m² (dont 1 800 m² d'atelier et 200 de bureaux administratifs) sur un terrain qui couvre le triple de surface s'anime toujours d'une seule équipe pour le moment. Dans cette configuration définie avec l'expertise de Gilles Aubry, directeur de NovaMS, et la coopération de Laurent Payrat, fondateur de la société de conseil eVok, Sineo reconditionne jusqu'à 15 véhicules par jours, soit une cadence d'environ 3 500 unités à l'année. La direction prépare d'ores et déjà la montée en régime. Avec une rotation de personnel, l'amplitude horaire pourra s'entendre de 5 à 21 h et le volume de VO pris en charge doublera.

 

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Encore faut-il trouver des sources d'approvisionnement. Des clients potentiels, la zone nord de la cité toulousaine en compte un grand nombre, alors qu'un flux migratoire voit de plus en plus de concessions s'ouvrir à moins de 10 minutes de route du site. Le nouveau flagship du groupe Sipa constitue le dernier exemple en date. Mais force est de constater que pour le moment, les hameçons jetés n'oscillent que très peu. Il y a des curieux qui viennent découvrir l'installation et s'interrogent. Le temps de maturer le projet et de se projeter sur un cahier des charges, croit-on chez Sineo. Mais la concurrence de Stimcar à quelques encablures ou la volonté parfois de mener des projets en propre, ne manquera pas d'entraîner des négociations plus rudes.

 

Les acteurs du digital, eux, ont saisi la main tendue. Leurs besoins sont nombreux dans la région pour des acteurs tels que Aramisauto et Autohero qui ont inscrit les transactions CtoB dans leur modèle économique. Toutefois, lors de notre passage, la surprise est venue d'un autre. La présence d'un camion aux couleurs de Cazoo retient l'attention. "Nous menons des tests, reconnaît Caroline Bocquet, la responsable du développement, nous intervenons dans la remise en état des véhicules repris et servons de point de départ logistique avant la livraison au client final". Ce qu'un membre de l'équipe Cazoo France nous confirme sur place, laissant présager d'un démarrage officiel dans un délai très proche. Nous apprendrons ensuite que Moveecar, la filiale de Gefco, est également impliquée dans le schéma de transport. A suivre.

 

La réalité du lead time

 

A l'intérieur, après un essai routier de 3 km sur un parcours défini, l'inspecteur édite un rapport, recoupe ses informations avec l'ordre de réparation fourni par le distributeur. Le centre prend en charge la commande des pièces et débute les travaux dès réception. Quatre ponts pour la mécanique (capables de soulever des VUL de 5 tonnes), deux cabines de peinture ou encore un plateau tournant monté par Stampyt sont quelques-uns des équipements à disposition des intervenants, alors que le logiciel Odoo assure la supervision des étapes et le partage d'informations en temps réel avec le donneur d'ordre. A noter que chacun des techniciens a reçu une formation de niveau 1 aux motorisations électriques, voire de niveau 2 pour 3 d'entre eux. "La prochaine étape consistera à les former au GNV ", confie Christophe Guillou.

 

Dans le plan initial, les projections tablaient sur une pénétration de 70 % des buy-back dans le mix sur les chaînes. Cela a été le cas les premiers mois. Mais les mutations de marché induites par la prolongation des contrats de location a inversé la tendance. Chez Sineo, les équipes reconditionnent actuellement 75 % de véhicules issus de reprises contre 25 % de retour location. Des produits aux parcours de vie moins maîtrisés qui allongent les délais de traitement (lead time). "Il n'est pas toujours possible de tenir l'engagement des 7 jours car cela implique de n'avoir que 2 éléments de carrosserie à changer, selon nos calculs, partage le directeur de l'usine. Or, nous avons vu avec un de nos clients qu'il y en a bien plus en moyenne lorsqu'il s'agit d'un achat à particulier".

 

A lire aussi : Un site de reconditionnement VO Stimcar à Lyon avant l'été 2022

 

Ce qui pose un nouveau défi à l'entreprise à en croire Caroline Bocquet. D'après elle, les pure-player du web recherchent avant tout de la rapidité et moins un tarif de reconditionnement. A l'inverse, les distributeurs privilégient davantage le coût au point même de considérer désormais la possibilité d'avoir recours à des pièces de rechange de seconde main pour abaisser les frais de remise en état. D'ailleurs, après huit mois, Sineo estime à 430 euros en moyenne la facture présentée à ses clients pour chaque véhicule en incluant les pièces, la main d'œuvre, les photos et le transport. Un coût qui descend à 250 euros en moyenne sur les VO récents et grimpe à 800 euros pour les produits de plus de 8 ans.

 

Un succès humain

 

Il aura fallu un demi-million d'euros pour monter ce projet en partant d'un bâtiment utilisé autrefois pour de la gestion de matériel de BTP. Une somme investie par Claude Paris, le détenteur de la licence Sineo à Toulouse. Une fois sur de bons rails, le centre Sineo de Toulouse a pris un virage atypique, celui de devenir une société coopérative de production (Scop). Un choix fort de la part de l'entrepreneur qui a souhaité "laisser la main aux salariés pour qu'ils s'approprient cet outil de travail d'un nouveau genre et qu'ils apportent des idées d'amélioration". Chaque employé peut entrer au capital après un an de service, tandis que 25 % des bénéfices annuels sont redistribués.

 

Le centre Sineo se distingue dans un registre similaire. Elue à la tête de la structure, Caroline Bocquet l'a engagé dans une démarche sociale et sociétale. En collaborant avec des associations locales, une petite partie des 70 salariés a rejoint le centre de reconditionnement dans le cadre d'un programme de réinsertion. Ils sont SDF, migrants ou en difficultés, Sineo les embauche pour une durée de 24 mois. Une période durant laquelle, chacun d'eux mènent en parallèle deux activités. L'une au service du reconditionnement de VO et l'autre pour construire un projet professionnel propre. "Nous les aidons ainsi à trouver ou à retrouver des réflexes de la vie en entreprise, comme la notion d'horaires, de chiffre d'affaires ou de travail en équipe", explique la gérante. En peu de temps, le taux de sortie (soit le nombre d'employés qui signent un contrat après son passage chez Sineo) est passé de 40 à 85 %. Il pourrait encore progresser avec la création de passerelles vers les entreprises locales que la gérante s'emploie à établir. C'est aussi cela, la remise en condition.

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