ProovStation révèle (enfin) son portique d'inspection
Deux voyages au CES de Las Vegas, une visite à Equip Auto, des présences dans le public de concours d'innovation… rien n'y aura fait. Il aura finalement fallu attendre une visite sur le site logistique de GCA (Groupe Charles André), à Corbas, en banlieue lyonnaise, pour se faire une idée précise de ce que ProovStation a mis quatre années à développer. En effet, le 23 septembre 2020, la start-up soutenue par le groupe Bernard et BPI France a levé le voile sur son prometteur portique d'inspection automatique des véhicules.
"Nous souhaitons équiper les logisticiens, les constructeurs et les acteurs du marché de l'occasion", pose Cédric Bernard, le directeur général de ProovStation, qui n'oublie pas les loueurs pour autant. Outre GCA, le groupe BCAuto, un constructeur français et d'autres références encore tenues secrètes ont signé des bons de commande pour ce service facturé 5 000 euros par mois environ. "Aucun désistement n'est à signaler en dépit de la crise", dit-on en interne et les portiques vont donc passer à court terme de 10 à 73 dans 13 pays européens, promet-on.
Tous ces clients ont cru en la promesse de réduction de coût amenée par cet équipement. D'abord parce qu'au lieu d'attendre en moyenne une semaine la venue d'un expert pour inspecter le véhicule, il suffira de faire passer celui-ci dans le portique, dès son arrivée sur parc. Ensuite parce que l'acte d'inspection en lui-même est ramené de 60 minutes à 90 secondes tout au plus (en option, il est possible de descendre à 30 secondes), édition du rapport compris. "Chez les constructeurs, la consigne est de contrôler les véhicules en 2 minutes 40, en sortie d'usine. En réalité, ils y passent 1 minute 30, ce qui prouve que le temps a une grande valeur, rapporte un cadre de ProovStation familier du sujet. En plus du gain de temps, ils pourront certifier l'état de la carrosserie avant le transport vers le point de vente".
Accroître encore la précision
Passons à la pratique. Après un passage à 15 km/h maximum entre les arches, une majorité des défauts de carrosserie sur le véhicule de test ont été identifiés. Même ceux pratiquement invisibles à l'œil nu. A ce jour, Gabriel Tissandier, le cofondateur et responsable de l'aspect technique de ProovStation, affirme que 70 % des défauts sont repérés automatiquement. "Nous nous employons maintenant à atteindre 95 % de fiabilité sur les dégâts de 4 mm et 80 % sur ceux de 1 mm", énonce-t-il les étapes à franchir avant la fin de l'année. Entre-temps, la recommandation est d'associer un œil expert pour accroître la performance générale, sans augmenter significativement le temps de traitement.
Pour parvenir à ce niveau, les algorithmes ont été entraînés longuement, grâce à une collecte de millions d'images dans des serveurs spécifiques fournies par Nvidia, la référence en la matière, et la collaboration d'une équipe de 25 experts de l'inspection qui ont passé en revu un gigantesque volume de visuels pour identifier les défauts de carrosserie et les classer. Rares sont les entreprises à passer par cette étape. Encore plus exceptionnelles sont celles qui la localisent en France. "Nous avons un taux d'erreur de 3 %, contre 30 % quand nous passons par des structures offshore", rapporte Gabriel Tissandier. "Nous dressons une barrière à l'entrée alors que le secteur attire de plus en plus", rebondit Cédric Bernard. Des concurrents au rang desquels on recense Tchek en France, UVEye en Israël, DeGould au Royaume-Uni ou encore Twinner en Allemagne.
Enjeux écologiques
Comment gère-t-on alors toutes cette informatique ? De crainte de ne pas pouvoir compter sur une connexion internet stable dans les milieux industriels et pour ne pas avoir à gérer de grands volumes de données, ProovStation a opté pour une solution qui mixe une capacité de calcul en local avec une capacité en Cloud. Un premier tri est donc réalisé dans le choix des images et seul l'essentiel est transmis, traité et conservé dans les serveurs. Un environnement qui deviendra un écosystème de services pour enrichir l'expérience en fonction des besoins. Premier client de ProovStation, GCA a même misé sur son propre cloud, jugeant ce détail hautement stratégique.
On est cependant en droit de s'interroger sur l'impact environnemental de cette stratégie IT. ProovStation a investi 100 000 euros dans un centre d'hébergement hexagonal, dont la capacité atteint 1 500 To. Pour les représentants de la société, cette débauche d'énergie électrique et les émissions de CO² qui en découlent sont à mettre en balance avec le nombre de déplacements économisés. Selon des analystes, l'inspection automobile peut concerner 350 000 véhicules par an pour un prestataire. Si 40 % de ce volume se situe dans de grandes villes à forte densité de moyens de transport, 60 % des parcs se situent à l'extérieur et chaque jour, un expert parcourt environ 500 km. Le solde des émissions de CO² devrait donc être positif au bout du compte. Un argument qu'il faudra savoir mettre en avant.
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