Francis Bartholomé, CNPA : "Protéger les entreprises et préparer la reprise"
Le gouvernement a présenté hier 25 ordonnances dont un certain nombre concerne le soutien de l’activité économique mais quelques zones d’ombre persistent notamment sur le chômage partiel. Quel est votre sentiment sur cette prise en charge pour les professionnels des services de l’automobile ?
Sur ce point particulier, des éléments seront encore précisés en cette fin de semaine. Mais ce qu’attendent les professionnels est d’être certains que leurs dossiers de demande de chômage partiel soient pris en compte. Nous avons réalisé un tour de table avec l’ensemble de nos métiers, rassemblés au sein du CNPA. Les besoins ne sont pas identiques pour les dépanneurs-remorqueurs, les carrossiers ou même les ateliers de réparation. Les dépanneurs ont une obligation d’ouverture et ils doivent rester sur le pont mais la circulation a considérablement baissé. Le trafic des camions a chuté de plus de 50 %, les consommations de carburant sur autoroute se sont effondrées de 80 %. Et pour les autres, la quasi-totalité de l’activité a disparu. Or sans activité, pas de chiffre d’affaires.
Lire sur ce sujet : le décret relatif à l'activité partielle parue ce 26 mars 2020 au Journal officiel
Mais beaucoup d’incompréhension subsiste entre le devoir d’ouverture et la possibilité d’ouverture. Quelle analyse faites-vous de cette nuance sémantique ?
Les professionnels doivent tout d’abord lister toutes les possibilités d’ouverture. Le CNPA publie d’ailleurs les coordonnées de 1 500 entreprises qui assurent les urgences, soit par téléphone, soit sur les réseaux sociaux. En ce qui concerne le chômage partiel, il est certain en revanche que le seul motif COVID-19 ne sera pas suffisant. Le dossier devra être étayé par le problème de fréquentation et la baisse du chiffre d’affaires. Nous savons que la mesure de confinement, qui risque d‘ailleurs d’être à nouveau resserrée, n’ira jamais dans le sens d‘aller faire réparer sa voiture. Hormis pour les personnels de santé. Mais même dans ce cas, les professionnels de la distribution, les loueurs de courte durée, les auto-écoles ont tous mis en place des prêts de voitures. Nous ne manquons pas de véhicules et la mobilité ne doit pas être un sujet pour eux. D’ailleurs, les initiatives de prêts de voitures se multiplient partout sur le territoire.
Quelles sont les autres zones d’ombre dans ces ordonnances ?
Nous analysons tous les textes mais entre les salaires des cadres au chômage partiel ou encore les 60 heures, le vrai sujet pour les chefs d’entreprise sera ce qui est du domaine de la force publique ou de la négociation avec les partenaires sociaux. On nous dit vous pouvez utiliser la 5e semaine de congés mais est-ce une mesure qui peut être obligatoire ou faut-il en discuter les partenaires sociaux ? Tout cela doit être précis. L’inquiétude des chefs d’entreprise est réelle car il faut bien comprendre que l’activité automobile s’est contractée de 60 à 100 % selon les métiers.
Un comité stratégique de la filière s’est tenu hier, quelles ont été les actions envisagées pour le moment de la reprise de l’activité ?
La reprise a effectivement été un sujet prioritaire évoqué lors du comité stratégique de filière avec notamment l’importance des mesures de protection et la distribution de masques qui pourra nous permettre de reprendre le travail, une fois le confinement terminé. Nous avons d’ailleurs travaillé ce sujet avec IRP Auto, en établissant une procédure sur les bonnes pratiques qui puisse servir pour protéger les salariés mais aussi préserver pénalement les chefs d’entreprise. Ces derniers ont une obligation de moyens mais aussi une obligation de résultats. Un avis ministériel nous laisse penser que cette obligation de résultats ne sera peut-être pas exigée pendant la période liée à la crise sanitaire. La responsabilité pénale du chef d’entreprise doit être protégée si jamais un salarié revient travailler sans symptôme et que malheureusement la maladie se déclare ensuite, entraînant son décès.
Des pistes sont-elles envisagées pour faciliter la reprise du commerce ?
Pour les questions d’ordre économique, le sujet majeur reste le niveau de trésorerie des entreprises, qui sera exsangue. Il faudra un fonds de roulement et à ce titre les prêts accordés avec la garantie de l’Etat devraient nous y aider. Cela pourra à la limite servir de fonds propres. J’ai précisé que les 3 mois de stocks VN dont disposent les distributeurs, en moyenne, doivent servir en priorité à reprendre le commerce, le tout associé aux environs 500 000 véhicules d’occasion qui seront disponibles immédiatement. L’idée est de permettre la fluidité du marché. Nous avons obtenu que les primes soient versées et que nous travaillions à une nouvelle prime à la conversion, proche de la version originale, qui nous permette d’utiliser les véhicules d’occasion récents dont nous disposons. Un constructeur nous a même appuyés sur ce sujet. Le bon sens est ici. En parallèle, les normes d’émission de CO2 doivent être assouplies et qu’il soit permis d’utiliser les moteurs diesels Euro 6 que nous produisons au lieu de véhicules électriques qui ne sont pas produits sur le territoire.
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