Véhicule autonome : les tests du projet Tornado auront lieu en juillet 2020

Quelle est la légitimité d'Exoskills à intervenir sur le projet Tornado ?

Michel Bianco-Levrin. Nous sommes des spécialistes de la digitalisation. Nous collaborons avec Renault depuis quatre ans sur des sujets relatifs à l’évolution de l'approche et de la demande du marché en matière d'automatisation de la conduite à des fins de service public. Il y a un passage du fantasme à une idée plus réaliste, justement avec cette vision d'avantage tournée vers le service et l'apprentissage plutôt que la technologie. Nous nous concentrons sur les attentes profondes des gens et relevons que cette mise en situation de navettes autonomes est de fait plus agréable car plus sociétale.

A ce propos, la dimension sociétale commence à peine à être prise en compte. Quels sont vos premiers enseignements ?

MB-L. Grâce à des entretiens menés à Rambouillet auprès de groupes de citoyens, nous avons des retours terrains. Les attentes sont plurielles. Il faut de l'accessibilité et une mise en synchronisation avec d'autres solutions de transport. Surtout, les gens souhaitent que nous levions les craintes. L'absence d'être humain aux commandes génère un sentiment d'anxiété. Raison pour laquelle nous avons opté pour la conservation d'un opérateur à bord, à Rambouillet, même si, initialement, il a été acté que la supervision se fera depuis un centre de contrôle, comme à Rouen.

A quand la réalisation ?

MB-L. Il y a encore des enjeux technologiques lourds. Les premiers tests sur route ouverte auront donc lieux en juillet 2020. Les navettes seront alors accessibles au public.  

Quelles étapes avez-vous franchi au printemps 2019 ?

MB-L. Nous avons défini les types de services et nous avons validé les protocoles pour les véhicules d'EasyMile et de Renault, les deux constructeurs impliqués dans le Projet Tornado. A partir de là, nous avons pu commencer à travailler sur le design du centre de contrôle qui aura en charge la gestion du dispositif.

Quelles sont les relations avec la région Ile-de-France ?

MB-L. Nous pouvons souligner le haut degré d'implication de l'agglomération de Rambouillet. Elle a su donner les moyens pour mise en place du projet et elle a recruté les groupes de consommateurs pour le test. Le territoire a pleinement joué son rôle considérant que les enjeux sont à la fois politiques et financiers. A l'approche des élections municipales, il y a un intérêt calculé, certes, mais il y a une vraie volonté, avant tout.

Exoskills a des compétences dans les interfaces utilisateurs. Où en êtes-vous ?

MB-L. L'application qui sert d'interface est assez similaire à celle employée par les VTC, mais il subsiste des frictions émotionnelles. A titre d'exemple, les utilisateurs souhaitent pouvoir contacter une personne en un seul clic, en cas de souci. Aussi, ils veulent comprendre tous les mécanismes afin de s'approprier le véhicule et le service. Nous avons donc décidé de concevoir une application au dessin rassurant et non hyper-technologique.

Le principe d'implémenter un service de navettes autonomes en partant de rien souffre forcément du manque de référence, quel bilan tirez-vous jusqu'à présent ?

MB-L. Il faut se féliciter du rythme d'avancée des travaux. Une cadence qui résulte de l'implication forte des 12 partenaires du projet Tornado. Le budget est pour le moment respecté car nos différents retours d'expériences nous aident à réaliser des estimations pour les étapes du parcours de manière précise. Nous pouvons parler d'une forme de maturité dans un cadre réaliste.