Valeo continue de croire à l’électrification malgré les doutes du marché
Les récentes déconvenues du marché de la voiture électrique n’ont pas entamé les convictions de Valeo sur les perspectives du secteur. L’équipementier automobile français, qui s’est positionné très tôt sur ce marché, estime toujours que la trajectoire de la filière automobile mondiale, et plus encore en Europe, s’oriente vers une massification de l’électrification.
Pour le PDG, Christophe Périllat, l’électrification est un immense levier de rentabilité pour Valeo. "Nous vendons huit fois plus de contenus sur une voiture électrique que sur un véhicule thermique", a-t-il indiqué à l’occasion de la présentation des résultats annuels à la presse. Il s'agit là d'une opportunité pour croître en valeur sur un marché stagnant en volume.
Les perspectives de Valeo trop optimistes ?
Valeo s’est positionné sur l’ensemble de l’écosystème de produits autour de l’électrification avec notamment les onduleurs, les chargeurs, les pompes à chaleur et les moteurs électriques haute et basse tensions. Sur les moteurs haute tension, il avait développé une joint-venture avec Siemens (avant de racheter ses parts en 2022). Mais les investissements dans ces activités avaient suscité la méfiance des marchés qui avaient jugé les perspectives de Valeo trop optimistes.
Depuis, cette méfiance sur les valeurs liées à la voiture électrique s’est accentuée au point que Renault avait dû annuler l’introduction en Bourse de sa filiale Ampère en début d’année. Le titre Valeo, lui, ne semble toujours pas décoller avec un titre autour de dix euros, soit une baisse d’un quart depuis le début de l’année et de 64 % sur trois ans.
Pourtant, l’équipementier affiche un impressionnant carnet de commande qui s’est étoffé d’environ 70 milliards d’euros en deux ans, soit deux fois son chiffre d’affaires annuel (22 milliards d'euros en 2023, +11 %). Pour Christophe Périllat, le repositionnement du portefeuille d’activités de Valeo est pourtant en phase avec les marchés les plus prometteurs comme les aides à la conduite ou encore le logiciel.
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Mais de fait, Valeo est loin d’avoir retrouvé ses performances financières d’avant-crise puisque la marge opérationnelle, même si elle double en un an, reste encore deux fois inférieure (3,8 % en 2023).
Le plan stratégique se poursuit dans les temps
Pour Christophe Périllat, le plan stratégique Move Up qui avait été divulgué début 2022 et sur une durée de quatre ans, suit son cours sans retard. Il continue de tabler sur une hausse de trois milliards d’euros de son chiffre d’affaires d’ici 2025 (cible : 25 milliards d’euros). Il vise également un bond de 60 % de son résultat opérationnel et de sa génération de cash (cible : 800 millions d’euros).
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"Notre stratégie est d’avoir le bon produit, au bon prix, au bon coût, au bon moment", a-t-il rappelé, marchant sur les traces de Jacques Aschenbroich, son prédécesseur. Il estime que le marché n’a pas encore intégré le potentiel que représente celui de l’électrification pour Valeo. "Nous commencerons à livrer et donc à facturer à partir de 2026 seulement", a-t-il indiqué.
Des suppressions de postes
Il a également rappelé que Valeo avait lancé un "plan d’adaptation" qui avait conduit à la création d’une seule branche (ou business unit) consacrée aux activités d’électrification. "Il était nécessaire de revoir notre offre pour proposer à nos clients pas seulement des composants, mais aussi des systèmes complets", explique Christophe Périllat. "Cette stratégie améliore notre offre produit, mais elle a aussi permis de dégager des synergies", a-t-il ajouté. Ce "plan d’adaptation" devrait se traduire par la suppression de 1 150 emplois sur l’activité électrification de Valeo. Le marché ne semble cependant toujours pas convaincu. Le titre était en baisse de plus de 2 % sur la place de Paris.
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