Thierry Breton veut lutter contre le tabou de l'exploitation minière en Europe
Quelques jours après le vote du Parlement européen imposant la baisse de 100 % des émissions de CO2 en 2035 et donc l'interdiction de vente des véhicules thermiques, les questions commencent à se poser sur les conséquences de cette décision !
Des prix en hausse de 50 à 90 %
C'est même la grande question posée par Thierry Breton, commissaire européen pour le marché intérieur. "D'ici 2030, 30 millions de voitures électriques sont attendues sur nos routes. ce sont autant de batteries à produire, pour lesquelles l'accès aux matières premières devient chaque jour plus critique. Alors que nous disposons de gisements en Europe, nous restons fortement dépendants des approvisionnements des pays tiers, la Chine en tête", a-t-il indiqué suite au Conseil compétitivité organisé au Luxembourg le 9 juin 2022.
L'Europe est très fortement dépendante pour le lithium, le cobalt, le graphite et le aimants permanents alors que les prix des terres rares utilisés pour concevoir ces mêmes aimants ont ainsi augmenté de 50 à 90 %.
Pour Elon Musk, le patron de Tesla, la problématique est identique : "Le prix du lithium est si insensé que nous devrons peut-être entrer dans la mine et le raffinage", a-t-il précisé sur Twitter. "Jusqu'à maintenant les constructeurs automobiles achetaient directement les produits comme les pièces dont ils ont besoin. Aujourd'hui, ils se rendent compte que cela ne suffit pas et qu'il faut qu'ils reprennent la main la partie ressources, en particulier pour les batteries", a détaillé à l'AFP Christophe Poinssot, directeur général délégué du Bureau de Recherche Géologique et Minier (BRGM).
Sécuriser l'approvisionnement
Le commissaire européen milite, de son côté, pour une législation qui définira quelles sont les matières premières jugées critiques ou stratégiques pour l'Europe. Une liste qui pourrait être complétée par les possibilités d'exploitation minière. "L’exploitation minière est encore considérée par beaucoup comme, et j’emploie ici des guillemets, "sale". Nous préférons importer de pays tiers et fermer les yeux sur l'impact environnemental et social qui s'y produit, sans parler de l'empreinte carbone de nos importations. Or, l'exploitation minière en Europe peut bénéficier de nouvelles technologies permettant une extraction avec un impact environnemental très faible", a poursuivi Thierry Breton.
Lire aussi : Une usine de raffinage de lithium va sortir de terre en France
De leurs côtés, les constructeurs ont déjà entamé ce mouvement de sécurisation. "Cela ne veut pas dire pour autant qu'ils vont devenir eux mêmes exploitants de la mine", juge Christophe Poinssot. "Cela veut dire que d'un point de vue capitalistique, peut-être vont-ils monter au capital d'une mine ou d'un exploitant minier, pour sécuriser leur filière d'approvisionnement. Il y a déjà Tesla qui est en train de regarder", analyse-t-il.
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.