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Industrie

Pneumatiques : moins égale plus

Publié le 26 février 2013

Par Clotilde Chenevoy
8 min de lecture
Malgré une baisse des volumes (-2,5 %), le marché du pneu TC4 réussit à augmenter son CA (+4,3 %). Tout le marché en détail.

Le marché du pneumatique a été chahuté sur 2012, et les résultats se trouvent majoritairement en retrait. Plusieurs facteurs expliquent ces mauvais chiffres, comme le fait que les gens roulent moins, ou encore qu’ils reportent le changement des enveloppes faute de moyens financiers. Au global, le marché a enchaîné des variations importantes, mois après mois, mais les bons résultats de novembre et décembre ont permis de limiter la casse, bien que les TC4 (Tourisme, camionnette, 4x4) soient restés en repli. “L’année a été faible dans tous les secteurs d’activités, analyse Régis Audugé, directeur général du Syndicat des professionnels du pneu. Le marché a connu un fort décrochage sur les mois de février, mars et avril. Nous pensons qu’il s’agit d’un effet “élections” qui a perturbé les commerces, pneu y compris. Hormis ce passage, la tendance du marché se trouve relativement similaire à 2011.”

Les ventes de MDD s’écroulent

Le marché du TC4 baisse globalement à – 2,5 %, plombé par la mauvaise performance des pneus Tourisme, à - 3,3 % (15 536 000 unités en 2012, contre 16 071 000 en 2011). La camionnette enregistre une légère hausse, à + 2,5 %, tout comme le 4x4 qui affiche + 6,5 %. Du côté de la valeur, les résultats s’approchent de l’équilibre, toujours selon l’étude GFK/Syndicats du pneu, avec - 0,3 % pour le Tourisme, mais les chiffres se trouvent très positifs pour les camionnettes (+ 4,3 %) et les 4x4 (+ 8,3 %). Autrement dit, moins de pneumatiques ont été vendus, mais la valeur a été sauvée, notamment par l’ajout de services.

En revanche, en ce qui concerne la typologie des ventes, Régis Audugé annonce un effondrement des marques de distribution, qui chutent à 20,5 %, alors qu’elles représentent 15 % des ventes globales, sauf au sein du canal des négociants spécialistes. Ces derniers tirent leur épingle du jeu avec leurs produits. On peut notamment citer Point S avec Summer Star ou encore First Stop avec Star Fire. Par ailleurs, l’étude du Syndicat des professionnels du pneu montre une érosion des marques Premium (- 5,6 %), alors que celles-ci représentent traditionnellement 60 % des ventes globales. Il semblerait que les consommateurs aient reporté leur choix vers des produits moins chers, à savoir les marques de seconde ligne qui, elles, augmentent de + 2,5 %, alors qu’elles pèsent 16 % des ventes généralement, ou encore les produits des manufacturiers de taille plus modeste (10 % des ventes, pour une progression de + 1,6 %). “Les prix se sont resserrés entre les différents produits, et le marché se montre désormais plus élastique, précise Régis Audugé. Les gens changent relativement facilement de catégorie.”

Les spécialistes en baisse

Le marché du pneumatique se divise grossièrement en trois, entre les concessionnaires, les centres-autos et les négociants spécialistes. Le canal Web reste, malheureusement, toujours non comptabilisé dans cette étude. Les estimations tablent toutefois sur une part de marché comprise entre 7 à 12 %.

En 2012, les négociants spécialistes affichent, grâce à un bon mois de décembre, des chiffres en lien avec le marché (- 2,7 % en tourisme, + 2,5 % en camionnette et + 6,4 % en 4x4). En termes de chiffre d’affaires, le TC4 global enregistre une légère hausse, de 1 %, la valeur provenant surtout des 4x4 (+ 8,2 %) et des camionnettes (+ 4,5 %), tandis que le tourisme affiche une légère baisse (- 0,4 %). Devant ce constat, certaines enseignes semblent toutefois s’en être mieux sorties que d’autres. Ces résultats renforcent la stratégie de diversification vers la mécanique, que les différents réseaux ont entreprise depuis deux à trois ans.

Le pneu hiver dans les esprits

Si les ventes de pneus été se trouvent au mieux stable, celles des pneus hiver croissent de 12,9 %, soit 200 000 pneus supplémentaires par rapport à 2011. Et sur la totalité des ventes, ce dernier pèse donc 8,8 %. Une bonne nouvelle pour les professionnels du secteur : il semblerait que les messages passés par la profession depuis des années trouvent désormais un écho auprès des conducteurs. “Malgré la crise économique, nous constatons une augmentation constante des ventes de pneus hiver, précise Régis Audugé. Les mentalités évoluent, lentement !”

Ces ventes profitent particulièrement aux négociants spécialistes qui, selon le Syndicat des professionnels du pneu, s’octroient 75 % des parts de marché, contre 25 % pour les autres acteurs. Le syndicat souligne tout de même que les pneumaticiens perdent des parts, puisqu’ils avaient 80 % du marché il y a deux à trois ans. Pour autant, les volumes de pneus hiver restent restreints, 1,483 million d’unités de janvier à novembre 2012, contre 1,290 million sur la même période en 2011. Par rapport à d’autres pays d’Europe, comme l’Allemagne, la France fait figure de petit joueur. Le taux d’équipement, toujours faible, varie énormément d’un département à l’autre, de 7 à 10 %. Certains professionnels souhaiteraient une réglementation, comme c’est le cas dans les pays nordiques, si ce n’est pas nationale, au moins régionale, mais aucune mesure ne semble se dessiner.

Le PL à fond dans le réchappé

Dans l’industriel, le génie civil s’écroule, enregistrant une baisse des ventes de - 45,9 % (résultats de janvier à novembre 2012). Ce chiffre s’explique par l’arrêt des chantiers en raison de la crise économique. L’agraire gagne, comme chaque année, quelques unités, avec une croissance de + 5,6 %. Du côté du PL, les contraintes économiques ont poussé les transporteurs à mieux utiliser les quatre vies du pneumatique. Ainsi, les ventes de pneus neufs sont en baisse de l’ordre de - 3 %, alors que le réchappé croît de + 8 %. Rappelons que cette activité BtoB se trouve uniquement gérée par les négociants spécialistes. Les chiffres de décembre ne sont pas encore connus, difficile de savoir si, comme pour le TC4, cela changera fortement la donne.

Pour 2013, même tendance

Du fait de l’absence d’élections en 2013, le Syndicat des professionnels du pneu table sur un retour à la croissance pour le TC4. Par ailleurs, le marché fera face à un effet maintenance, les automobilistes ne pouvant pas retarder indéfiniment le changement de leurs pneumatiques. “L’attentisme a des limites, commente le directeur général. Les volumes vont revenir dans les centres. Pour autant, les voyants économiques restant au rouge ou orange, nous nous attendons à un simple retour au niveau de 2011. Dans le PL, nous sommes sur un marché plus rationnel, avec une planification de la maintenance. Le niveau des ventes devrait se maintenir, tout comme dans l’agraire. Le génie civil ne repartira, lui, que si des grands travaux sont annoncés. En revanche, nous nous attendons également à la défaillance de certains transporteurs. Il convient de rester vigilant sur le paiement des factures.”

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FOCUS - Le pneu dans tous ses états

Le salon Pneu Expo ouvrira ses portes à Eurexpo Lyon du 12 au 14 mars, avec une soirée nocturne le 13 mars. Réseaux de pneumaticiens, grossistes, rechapage, recyclage, outillage ou vente en ligne, tous les métiers du pneumatique seront présents. Les manufacturiers ne seront pas exposants, mais présents par le biais de partenaires. La dernière édition avait attiré 2 968 visiteurs, dont la majorité provenait de la distribution et de l’après-vente. Pour 2013, les organisateurs changent pour un hall plus central, restant sur 8 000 m2 avec toujours une centaine d’exposants, mais tablent sur un chiffre de 4 000 visiteurs.

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FOCUS - Les pneumaticiens créent un indice qualité

Au travers du Syndicat des professionnels du pneu, les enseignes Euromaster, Eurotyre, First Stop, Point S, Profil+, Siligom et Vulco, ont élaboré un cahier des charges commun pour la réalisation de visites mystères. Pour la profession, l’objectif consiste, d’une part, à mutualiser les coûts en travaillant avec un même prestataire et, d’autre part, à établir un barème au niveau national. Chaque enseigne, qui reçoit en détail le niveau de son réseau, peut ensuite se comparer à ces indices. Quelques directions restent, pour l’heure, frileuses quant à un échange plus poussé de données, pour établir un ratio régional ou départemental.

Les premiers enseignements de ces visites mystères, réalisées en deux vagues de 1 141 visites, montrent que les pneumaticiens sont jugés favorablement tant sur l’accueil que sur l’aspect général des locaux (intérieur et extérieur). Le taux de recommandation à un proche, qui détermine dans ce genre d’enquête un niveau de satisfaction générale, atteint 80,2 %. Les enquêteurs ont pour leur part attribué une note moyenne de 7,12/10. En revanche, l’étude démontre que les pneumaticiens doivent travailler leur stratégie commerciale, particulièrement au téléphone. “Par exemple, quand un client appelle pour savoir s’il y a de la place, les points de vente répondent simplement oui, au lieu d’engager la conversation plus avant, et de demander quand il souhaite venir et pour quelles prestations”, explique Régis Audugé, directeur général du Syndicat des professionnels du pneu.

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