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Industrie

Objectif CO₂ 2035 : les constructeurs allemands montent au front, la France prête à des assouplissements

Publié le 12 juin 2025

Par Catherine Leroy
3 min de lecture
À l’approche de la clause de revoyure du règlement européen sur les émissions de CO₂ des véhicules, le débat autour du zéro émission en 2035 s’intensifie. L’Allemagne appelle à un rétropédalage et la France se dit prête à discuter, sans transiger sur la décarbonation.
Fin de vente des voitures thermiques 2035
Le dossier CO₂ des voitures s’annonce comme l’un des plus explosifs du second semestre 2025 à Bruxelles. ©AdobeStock

Lundi 6 juin 2025, l’Association allemande de l’industrie automobile (VDA) a officiellement lancé un pavé dans la mare européenne en publiant un plan en dix points demandant un infléchissement de l’objectif phare du Green Deal européen et la fin de la vente des véhicules thermiques neufs d’ici 2035.

 

 

La VDA propose de réduire l’objectif de 100 % à 90 % de véhicules zéro émission cette année-là, d’introduire plus de flexibilité dans l’atteinte des cibles intermédiaires de 2030 et 2035, et d’ouvrir plus largement la porte aux véhicules hybrides ainsi qu’aux carburants alternatifs.

 

T&E tire la sonnette d’alarme

 

L’ONG Transport & Environment (T&E), en première ligne sur les sujets climatiques liés à la mobilité, a vivement réagi à cette proposition. Selon ses calculs, les propositions allemandes pourraient entraîner une augmentation des émissions de CO₂ de l’ordre de 0,5 à 1,4 gigatonne sur la période concernée, soit jusqu’à 31 % de plus que dans le scénario conforme à l’objectif actuel. Dans ce cas, la part de marché des véhicules électriques en 2035 chuterait de 100 % à une fourchette estimée entre 44 et 69 %, compromettant lourdement les ambitions climatiques européennes.

 

T&E juge cette manœuvre pas sérieuse et estime qu’il s’agit d’un stratagème politique destiné à faire passer un recul de la réglementation pour une transition douce. Il s’agit aussi, selon l’ONG, d’une première offensive coordonnée à l’approche de la clause de revoyure officielle du règlement sur les émissions de CO₂, prévue en 2026.

 

Marc Ferracci : ouvert, mais avec des garde-fous

 

Interrogé le 11 juin à l’Assemblée nationale, le ministre français de l’Industrie Marc Ferracci a reconnu que le débat est bel et bien engagé. "Comme je l’ai fait à propos du lissage des amendes CO₂ pour 2025, la réflexion sur des assouplissements, j’y suis prêt", a-t-il déclaré. Mais il a immédiatement posé des conditions :" Sur la base d’éléments documentés, qui ne remettent pas en cause, j’insiste, nos objectifs de décarbonation. "

 

 

Le ministre a par ailleurs rappelé que la France s’oppose toujours à un recul sur la cible de 100 % de véhicules zéro émission en 2035, contrairement à la VDA, qui est la première à exprimer ouvertement cette volonté. Il a également noté que la coalition gouvernementale allemande défend désormais un élargissement aux hybrides rechargeables et aux prolongateurs d’autonomie, tandis que l’Italie plaide depuis longtemps pour une reconnaissance des biocarburants.

 

Sans dévoiler la ligne que Paris défendra lors de la clause de revoyure, Marc Ferracci a assuré que plusieurs options sont à l’étude, sans pour autant les préciser.

 

Vers un bras de fer européen

 

Le dossier CO₂ des voitures s’annonce ainsi comme l’un des plus explosifs du second semestre 2025 à Bruxelles. La cible du zéro émission en 2035 semble être sur la sellette. D'autant que les ventes de voitures électriques patinent en France comme dans le reste de l'Europe.

 

 

Pour l’heure, la Commission européenne maintient le cap. La fin de vente des véhicules thermiques est l'un des piliers fondateurs du Green Deal lancé par Ursula von der Leyen lors de sa première mandature en 2019.

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