“Nous misons sur les acquis du groupe”
JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Dans le contexte actuel, comment se situe le groupe Fuchs ?
VIRGINIE TURC. D’abord, nous maintenons nos parts de marché, un aspect important dans un marché global en baisse, en particulier en France. Ensuite, le groupe poursuit sa croissance avec un chiffre d’affaires en hausse de 1,9 % en 2014 (1,86 milliard d’euros), et une croissance organique de 3 % dans toutes les zones géographiques. Sur le premier trimestre 2015, la croissance est même de presque 7 %. En outre, pour ce qui est de la croissance externe, le groupe a réalisé deux acquisitions en 2014 sur le secteur des spécialités, à savoir les sociétés Batoyle (Angleterre) et Lubritène (Afrique du Sud). Il faut savoir que 30 % des produits du groupe sont des produits de spécialités, au contraire de la plupart de nos confrères qui ne réalisent que 8 % sur ce segment. Pour Fuchs, il s’agit vraiment d’un axe de développement prioritaire.
JA. Qu’en est-il de la France ?
VT. Pour ce qui est de la France, nous misons sur les acquis et le savoir-faire du groupe en matière de collaboration avec les constructeurs et d’homologations en première monte, en en faisant bénéficier l’après-vente. Une démarche exclusivement BtoB reposant sur des technologies qui nous sont propres, telle la technologie sans zinc qui existe depuis maintenant quinze ans, y compris dans le grade 0W-20, et la technologie XTL, très récente. Grâce à elles, nous préparons l’avenir en répondant complètement à des critères de faible viscosité, de réduction des frictions, d’amélioration du rendement, d’économie de carburant, et donc de diminution des émissions.
JA. Sur un marché en régression, mais non moins concurrentiel, avez-vous une stratégie de service particulière ?
VT. Nous disposons de l’une des plus grandes forces de vente (une cinquantaine de personnes, rien que sur le secteur Automotive, N.D.L.R.), ce qui nous permet d’être plus proches de nos clients, à la fois sur le plan commercial et sur le plan technique. En ce sens, nous mettons également à leur disposition une hotline pour répondre à toutes leurs interrogations. Nous sommes aussi en mesure d’aider nos clients sur le matériel et la collecte des déchets puisque nous travaillons avec Sevia. Et, surtout, l’une de nos spécialités est l’aide au financement, matériels ou autres. Il s’agit d’un support terrain auquel nous attachons une grande importance, ne serait-ce que pour faire la différence, notamment par rapport aux pétroliers.
JA. Au vu de votre poste précédent (directeur Technique), que vous inspire l’aspect technique aujourd’hui, notamment sur le plan des économies d’énergie ?
VT. En matière d’économie de carburant, on ne doit pas se focaliser uniquement sur le lubrifiant, il faut aussi intégrer le facteur carburant et surtout le facteur moteur. En effet, l’utilisation d’un lubrifiant donné dans un moteur donné avec un carburant donné ne délivrera pas la même économie de carburant sur un autre moteur, alors qu’il s’agit du même fluide. Dans ce registre, l’introduction, ces dernières années, de biocarburants en petites proportions n’a pas été anodine, puisqu’il a fallu maîtriser la tenue à l’oxydation et la résistance au vieillissement de l’huile. D’où un impact direct sur les intervalles de vidange. Concernant le grade de viscosité, plus celui-ci sera faible, plus il fera appel à des huiles de base de haute qualité avec un bas indice de volatilité, et mieux ce sera pour le facteur économie de carburant. Aujourd’hui, un lubrifiant de dernière génération peut procurer jusqu’à 4 % d’économie de carburant alors qu’avant, le seuil de 1,5 à 2 % nous satisfaisait pleinement. En plus du grade 0W-16 en phase de lancement, notamment au Japon, on parle déjà de grades 0W-8 et même 0W-4. Mais attention, plus on ira sur des grades faibles, plus il faudra être vigilant quant aux usures prématurées du moteur.