Même édulcorée, Euro 7 risque de renchérir le coût de l'automobile
Le Parlement européen a adopté mercredi 13 mars 2024 le compromis obtenu en trilogue pour la nouvelle norme Euro 7 qui doit encadrer les motorisations thermiques. Les eurodéputés confirment donc cette mouture qui est bien moins sévère que la version initiale présentée par la Commission européenne.
Les seuils d’émissions sont les mêmes que pour les motorisations Euro 6. Mais cette fois, des limites sont fixées concernant les émissions de particules des freins et des pneus.
Éviter la disparition du thermique avant 2035
Pour Nicolas Le Bigot, directeur des affaires environnementales et techniques de la PFA, "le législateur a considéré que cela n’avait pas de sens d’exiger des voitures thermiques un cadre qui remettrait en cause leur existence bien avant leur interdiction en 2035".
Certains constructeurs avaient effectivement envisagé d’arrêter purement et simplement les motorisations thermiques compte tenu des normes dont l’impact était devenu économiquement rédhibitoire, pour basculer dans le 100% électrique. Sauf que si une telle perspective était possible pour les constructeurs automobiles qui ont massivement investi dans la voiture électrique (près de 250 milliards d’euros), elle ne l’était pas pour la filière des sous-traitants pour laquelle la transformation eut été trop rapide.
Néanmoins, rappelle Nicolas Le Bigot, "Euro 7 reste un challenge". Il faudra s’adapter à de nouvelles mesures comme le pilotage des émissions réelles, le reporting à la Commission. Ou plus compliqué : la prise en compte des particules de plus petites tailles (le seuil passe de 23 nanomètres à 10 nanomètres). "C’est 30 % d’émissions de particules en plus", estime Nicolas Le Bigot. Il faudra donc des filtres à particules plus sophistiqués et performants.
Débat sur le coût d'Euro 7
La Commission européenne avait estimé le surcoût induit par Euro 7 à 150 euros. Un chiffre qui avait fait bondir les industriels. Gilles Le Borgne, patron de l’ingénierie chez Renault, a, lui, chiffré le surcoût à 1 000 euros.
Nicolas Le Bigot juge qu’outre ce surcoût, l’industrie automobile est "assommée d’échéances réglementaires". Le GSR II (General Safety Regulation) qui doit introduire prochainement de nouvelles normes de sécurité aurait déjà fait sortir plusieurs véhicules des catalogues comme la Renault Twingo. Le resserrement des normes CAFE est également une épine dans le pied des ingénieurs (le seuil d’émission de CO2 au km par voiture neuve va passer de 95 grammes à 81 grammes en 2025, puis à 59 grammes en 2030). Au salon automobile de Genève, Luca de Meo, patron du groupe Renault, avait estimé qu'entre huit et dix nouvelles réglementations devait survenir d'ici 2030.
"Notre difficulté est d’allouer des ressources d’ingénieurs à ces échéances réglementaires alors qu’elles sont déjà fortement mobilisées par la voiture électrique", souligne Nicolas Le Bigot.
À Genève, Luca de Meo avait été encore plus précis. "Près de 25 % de mon ingénierie est dédiée à gérer la réglementation que le client n’est pas prêt à payer", avait-il déploré. Il a estimé que la seule réglementation GSR II porterait le coût supplémentaire par voiture à 400 euros.
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