L'Utac Ceram inaugure Teqmo

Huit ans. Le projet qui vient de voir le jour sur le site de l'Utac Ceram, à Linas-Montlhéry (91) aura demandé huit années de réflexion et de mise en œuvre. Le lundi 17 juin 2019, la direction du groupe a inauguré Teqmo, une société commerciale en charge des nouvelles infrastructures dédiées au développement des véhicules connectés et autonomes. Un aboutissement pour Laurent Benoit, le président de l'Utac Ceram, qui a engagé ce chantier à son intronisation en 2011, dans l'optique de proposer des outils et des moyens logistiques aux industriels désireux de concevoir la mobilité de demain. Teqmo fera donc concurrence à Transpolis, dans une certaine mesure.

Un événement dont l'importance a fait se déplacer Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances, François de Rugy, ministre de la Transition écologique, Anne-Marie Idrac, la haute représentante pour la stratégie du développement du véhicule autonome, Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France et Luc Chatel, le président de la PFA. Tous ayant souligné le caractère indispensable de cet investissement qui doit contribuer à placer la France parmi les pays les plus avancés dans le domaine. "Il est important de pouvoir expérimenter, de lettre à l'épreuve les systèmes pour en améliorer la sécurité", a insisté Bruno Lemaire.

20 millions d'euros d'investissement

L'Utac Ceram s'est notamment rapproché de la PFA. "Nous avons arrêté l'idée que le Teqmo devait avoir une approche de mutualisation industrielle, ce qui est déjà dans notre ADN", explique au Journal de l'Automobile, Laurent Benoit. Les groupes de travail ont alors planché pendant des années sur des scenarii de cas critiques propres à la connectivité et l'automatisation des véhicules. "Entre notre premier cahier des charges et notre version finale, il y a eu de multiples évolutions et ajouts", raconte le président de l'organisme. Au bout du chemin, le budget initialement prévu de 14 millions d'euros aura atteint 20 millions d'euros, afin de réaménager les pistes de haute vitesse du mythique autodrome et d'y construire des carrefours, des sens giratoires et un tunnel, reproduisant les conditions de circulations réelles.

Le projet Teqmo a largement été financé par des fonds privés, notamment les fonds propres de l'Utac Ceram, à hauteur environ de 12 à 13 millions d'euros. La région Ile-de-France a apporté 1 million d'euros, la BPI a accepté de verser entre 2,5 et 3 millions d'euros, tandis que le reste provient de subventions remboursables. Et Laurent Benoit de rappeler que l'Utac Ceram réalisait en 2018 un chiffre d'affaires de 73 millions d'euros (contre 40 millions d'euros en 2011) et que chaque année seuls 10 % du total sont réinjectés dans des projets de développement. "Cela représente donc un véritable effort financier pour nous", explique-t-il.

Les représentants publics ont donc demandé des garanties. Le modèle économique étant basé sur l'achat de temps d'exploitation des infrastructures, les partenaires industriels ont dû contracter un volume minimum. Renault, PSA ou encore Valeo seront donc présents régulièrement sur les pistes durant les trois prochaines années, tandis qu'Orange a décidé de faire de Linas-Montlhéry son nouveau centre mondial de R&D pour la 5G. Bouygues, Ericsson et Here, également partenaires, ne quitteront pas plus les lieux. "Nous allons aussi attirer des start-up, des sociétés d'ingénierie et des constructeurs européens, notamment les japonais installés près d'ici", soutient Laurent Benoit. Il estime que Teqmo pourra rapporter entre 4 et 5 millions d'euros par an.