L'éclairage, l'autre atout de Plastic Omnium
Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Voilà, en raccourci, la stratégie de Laurent Favre, directeur général de Plastic Omnium. Alors que l’automobile prend le virage de l’électrique, l’équipementier français diversifie depuis quelques années ses activités. Pour s’en rendre compte, il faut se rendre en avion, à trois heures de vol, direction Tanger, au Maroc. C’est dans ce pays que l’entreprise française a fait le pari de la délocalisation. Un choix qui n’a rien d’abstrait, puisqu’en effet, depuis le début des années 2000, le royaume joue de séduction pour attirer les constructeurs automobiles. Et la stratégie marche, puisque Renault s’y est implanté en 2012 à Tanger, et plus tard en 2019, Stellantis s’est installé à Kenitra.
Dans la cité portuaire marocaine, en ce début d’octobre 2023, la chaleur est encore écrasante. Sur les routes bordées de palmiers, des bouchons de centaines de navettes, dont l’objectif est le transport d’employés des usines environnantes, convergent vers les deux zones franches de Tanger. Outre Méditerranée, Plastic Omnium possède trois usines parmi les 150 usines qu’elle a disséminées dans 28 pays sur quatre continents. Deux d’entre elles sont des "classiques" pour le groupe et produisent des pare-chocs et des réservoirs. Cependant, la dernière surprend et sort le groupe de sa zone de confort.
Le pari de l’éclairage de Plastic Omnium
Avec le rachat de Varroc, Plastic Omnium a acquis l’usine de Tanger sortie de terre en juillet 2018, un établissement qui avait été inauguré par l'entreprise indienne et qui avait nécessité 70 millions d’euros d’investissement. L’équipementier ajoute ainsi une nouvelle activité à son portefeuille : l’éclairage. Avec cette nouvelle spécialisation, il espère réaliser 1,5 milliard d’euros de ventes de phares en 2027.
Pour le groupe, l’activité tombe sous le sens. "Nous sommes allés vers l’éclairage avec la conviction que ça allait se développer, mais aussi parce que nous y avons été poussés de façon très positive par nos clients. Intégrer cette activité à notre cœur de métier nous offre une position unique, car les autres acteurs de l’éclairage ne produisent pas de pare-chocs comme nous. C’est un secteur en croissance et nous pouvons y apporter quelque chose d’atypique", présente Laurent Favre.
Apporter de l’innovation dans l'éclairage
Plastic Omnium ambitionne de faire partie des principaux acteurs sur le marché de l’éclairage. Il faut dire que l’activité est en pleine croissance avec des innovations qui vont de pair avec le boom de la voiture électrique. En effet, en quelques années, les verres de feu thermales ont cédé la place aux LED, emmenant avec elle, toute la complexité liée à l’électronique et aux designs précis et exigeants. Les LED recouvrent davantage les pare-chocs, libérés du radiateur des modèles thermiques.
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Au-delà de l'éclairage traditionnel à l’avant et à l'arrière du véhicule et de l'électronique associé, l’entreprise familiale met en avant certaines de ses innovations (issue du rachat de ASLM Osram), qui ont d’ailleurs remporté des prix au CES de Las Vegas, à l’image de la projection au sol d’informations ou encore des faisceaux de route adaptatifs.
Une capacité de production de trois millions de pièces par an
En entrant dans le hall d’accueil de l’usine, un mur avec des étagères présente la variété des éclairages produits. L’usine de Tanger fournit trois principaux clients : le groupe Renault, Stellantis et Volkswagen. C’est à Tanger que les LED arrière du Skoda Kodiaq, de la Renault Megane et de la Citroën C4X sont produites, mais aussi les LED avant pour le VW ID.4, la Jaguar XF ou encore la Peugeot 208. Ces dernières sont d’ailleurs acheminées à 200 km, à Kenitra, dans l’usine de production Plastic Omnium, afin d’être assemblées au pare-chocs du modèle de la marque au lion, produits là-bas.
L’usine est divisée en deux sections. Dans la première se trouve la partie injection, 100 % automatisée. À l'intérieur, 31 machines dégorgent les différents composants des éclairages qui sont examinés minutieusement par un opérateur. Ces machines flexibles accueillent 66 moules différents pesant plusieurs tonnes. Dans une odeur de plastique fondu, 820 ouvriers s’affairent dans cette zone.
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Plus loin, la partie assemblage rassemble plus d’employés et compte 14 lignes dont dix sont alloués à l’éclairage arrière des véhicules et quatre à l’éclairage avant. Certaines opérations ne prennent qu'une minute, tandis que d'autres prennent beaucoup plus de temps. Sur ces lignes d’assemblage, les imperfections ne sont pas les bienvenues. Les opérateurs sont spécialement équipés pour éviter les poussières et autres dépôts éventuels.
L'ensemble du site de 27 000 m² est capable de produire jusqu’à trois millions de pièces par an et chaque employé a reçu une certification en interne ou par le biais d'un client du groupe.
Une croissance prévue pour 2025
Les phares sont ensuite envoyés en Europe, principalement en Afrique du Nord, en Espagne et en France. Plastic Omnium Lighting devrait réaliser un chiffre d’affaires de 1,2 milliard d’euros en 2023. "Le carnet de commande s’étoffe de plus en plus et nos clients nous soutiennent comme convenu. Ils nous font confiance pour exploiter le potentiel de l’objet", assure Laurent Favre. Les six premiers mois qui ont précédé l’acquisition de l'entreprise indienne, l’équipementier français a priorisé l’intégration des équipes et la protection des livraisons aux clients.
Le directeur général de Plastic Omnium anticipe néanmoins une baisse de son chiffre d’affaires en 2024 concernant la partie éclairage, pour une reprise prévue au second semestre 2025. "Varroc avait des difficultés à tenir ses délais de livraisons. Lorsque nous avons fait l’acquisition, il s’agissait d’une entreprise qui perdait énormément d’argent à cause de prix trop bas, de performance opérationnelle pas adaptée, de coûts de structures trop élevés… Nous nous sommes donc fixés comme objectif d’arriver à l’équilibre à la fin du premier semestre", soulève Laurent Favre. Plus globalement, en 2022, Plastic Omnium a réalisé un chiffre d’affaires record de près de 10,5 milliards d’euros et espère le faire grimper à 11,5 milliards d’euros en 2025.
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