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Industrie

Le SOS du réseau BP France

Publié le 18 avril 2018

Par Damien Chalon
3 min de lecture
La société EG France, propriétaire des stations-service opérant sous la marque BP dans l’Hexagone, procède actuellement à la résiliation des 180 contrats qui la lient à des locataires-gérants. Son intention est de reprendre en direct l’exploitation de l’intégralité du réseau. Une décision unilatérale et brutale dénoncée par le CNPA.

 

"Un véritable drame humain est en train de se réaliser chez les locataires-gérants de stations-service du réseau BP en France." Le CNPA n’y va pas par quatre chemins pour dénoncer l’attitude de la société EG France vis-à-vis de ses 180 locataires-gérants. La filiale du groupe anglais Euro Garages, propriétaire de 400 stations-service en France, dont environ 350 sous la marque BP, procède depuis quelques mois à la résiliation de ses contrats de location-gérance.

 

Sur les 180 contrats existants, 30 ont déjà été résiliés à ce jour. EG France a commencé à reprendre en direct la gestion des stations-service adossées à des enseignes de partenaires commerciaux tels que Carrefour, Huit à Huit ou Speedy courant 2017. Un choix stratégique qui n’avait alors provoqué aucune inquiétude particulière. "Cette décision pouvait se justifier, il était presque normal qu’EG France veuille reprendre ces sites en gestion directe", explique-t-on au CNPA.

 

Tous les contrats en passe d'être résiliés

 

Mais l’affaire a pris un autre tournant quand, fin 2017, des locataires-gérants d’une station-service sans autre enseigne ont commencé à recevoir à leur tour des courriers de résiliation. Le CNPA a alors appris que les contrats de tous les locataires-gérants du réseau BP allaient être résiliés et que l’exploitation de l’intégralité du réseau serait reprise en direct par EG Retail France.

 

Pour Jean-Jacques David, le président des gérants de stations-service du CNPA et président 75 du CNPA, "cette décision a été prise par des personnes qui ne connaissent absolument pas le marché français. Ce n’est en aucun cas rentable de reprendre des sites en gestion directe, cela ne répond à aucune logique".

 

Outre la brutalité de la décision, ce sont les conséquences sociales qui inquiètent. Les 180 gérants de stations-service emploient près de 1 000 salariés dont une bonne partie ne seront pas repris. "Ils vont se retrouver sans emploi ni aucune allocation-chômage et même perdre le bénéfice de leur complémentaire retraite. La plupart d’entre eux ont une longue ancienneté et ne connaissent que ce métier", s’insurge le CNPA.

 

Des tentatives de médiation infructueuses

 

Une médiation a été initiée pour que les différentes parties trouvent un terrain d’entente. Jean-Jacques David a ainsi été mandaté par ses adhérents pour négocier un accord-cadre avec EG Retail France afin de convenir des indemnités de rupture à verser en fonction de l’ancienneté et des modalités de reconversion. "Cet accord était avantageux pour EG Retail France dans la mesure où les sommes en jeu étaient quatre à cinq fois moindres que si nous étions dans une procédure prudhommale avec des contrats de gérance reconvertis en contrats de travail", explique Jean-Jacques David. Cet accord a été refusé par EG Retail France.

 

Le CNPA a alors tenté une ultime conciliation en saisissant le médiateur des entreprises de Bercy. Ce dernier aurait éprouvé des difficultés à joindre les dirigeants de la société et n’aurait pas reçu à ce jour leur aval pour organiser une rencontre. Le pessimisme est de rigueur au CNPA qui incite dès à présent ses adhérents à mener une action groupée en justice pour convertir les contrats de location-gérance en contrats de travail.

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