Le recyclage des batteries est déjà un enjeu stratégique
En juillet 2021, La Commission européenne annonçait l'objectif de réduire à zéro les émissions de gaz à effet de serre pour 2035. Les véhicules électriques vont donc arriver en masse et s'ajouter à ceux déjà présent sur le parc automobile actuel. Par conséquent des millions de batteries vont devoir être recyclées et il faut dès à présent s'en préoccuper.
Ces batteries sont des mines de matériaux, pesant jusqu'à 500 kilos et représentant jusqu'à 50 % de la valeur d'un véhicule électrique. L'extraction de ces matériaux et l'assemblage des batteries sont extrêmement polluants et chers. Le potentiel du recyclage des batteries quant à lui, paraît énorme. Il pourrait aider à réduire la demande mondiale en 2040 de 25 % pour le lithium, 35 % pour le cobalt et le nickel et 55 % pour le cuivre, selon un rapport de l'Institut des futurs durables (ISF) à l'Université de technologie de Sydney, en Australie. Pour rentabiliser cette production, il faut d'abord prolonger la vie de ces batteries, qui peuvent servir de huit à quinze ans dans un véhicule avant de perdre en puissance, mais aussi de leur donner une deuxième vie, dans les maisons par exemple.
Intégrer des matières recyclées dans les batteries
Les industriels arrivent à recycler 60 % du poids des batteries. Selon l'ISF : "Il est techniquement possible de récupérer lithium, cobalt, nickel et cuivre à plus de 90 %, mais il manque des motivations économiques ou réglementaires qui pourraient encourager l'utilisation de matériaux recyclés", souligne l'institut. Justement, la Commission européenne souhaite imposer aux fabricants d'intégrer un minimum de matières recyclées dans les batteries à partir de 2030, à hauteur de 12 % de cobalt, 4 % de lithium et 4 % de nickel.
Ce recyclage qui pourrait devenir massif et rentable éveille les intérêts de certains pays. C'est l'industrie chinoise qui est en avance sur le sujet. Selon les observateurs, le fabricant des batteries CATL vient d'annoncer la construction d'une usine de recyclage pour 32 milliards de yuan (4,3 milliards d'euros) dans la province du Hubei. Du côté des Etats-Unis, 500 millions de dollars ont été levés par l'un des fondateurs de Tesla pour étendre son usine de recyclage à Redwood.
Il y a déjà urgence
Concernant la France, c'est le géant du nucléaire Orano (ex-Areva) qui lance son projet pilote. "Les projections de tonnage de batteries à recycler sont colossales. On parle déjà de 500 000 tonnes à recycler en 2030", lance Didier David, directeur de ce projet. Orano va appliquer ses savoir-faire issus du nucléaire en manipulation "d'objets compliqués", en recyclage et en hydrométallurgie, une technique utilisée pour l'extraction d'uranium. "Tout n'est pas standardisé et chaque fabricant a ses propres recettes. La prochaine étape va être de trouver les financements nécessaires et les clients pour accélérer", explique Didier David.
Il y a également la start-up Suédoise Northvolt qui doit lancer en 2022 une usine capable de recycler 25 000 tonnes de batteries par an. Cette société, partenaire de Volkswagen et BMW notamment, promet d'utiliser d'ici à 2030 jusqu'à 50 % de matériaux recyclés pour produire des batteries dans sa gigafactory voisine, à Skelleftea. Emma Nehrenheim, responsable de l'environnement chez Northvolt, s'inquiète et rappelle l'urgence de la situation : "Toutes les prévisions qu'on avait jusqu'à maintenant étaient en dessous de la réalité. La production de batteries croît constamment et il y a un risque que l'Europe ne soit pas prête. (...) Nous devons agir maintenant." (Avec AFP)
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