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Industrie

Le pneu tricolore en souffrance

Publié le 20 février 2023

Par Romain Baly
4 min de lecture
L'exercice 2022 s'est avéré particulièrement difficile pour le marché du pneumatique français dans un contexte inflationniste. Parmi les principaux enseignements de cette dernière année : la défaillance des marques premium et du segment hiver, le succès des enveloppes budget ou encore le dynamisme inébranlable du pneu toutes saisons.
La perte de vitesse des marques premium constitue l'un des principaux enseignements de l'année 2022 avec un recul de 9,6 % de ce segment dans l'Hexagone. ©AdobeStock-Fxquadro

Selon les chiffres compilés par le Syndicat du Pneu, 2022 ne restera pas dans les annales de l'histoire du pneumatique. Ou alors au rayon des échecs. Dans un contexte marqué par de multiples hausses de coûts, le marché du sell-in (des manufacturiers aux revendeurs) a décliné de 6,1 %, à hauteur de 31,625 millions d'unités. Celui du sell-out (des revendeurs aux utilisateurs) a quant à lui reculé de 5,6 % pour un total de 16,493 millions d'enveloppes écoulées.

 

Dans un pays historiquement très orienté vers ce type de produits, l'une des premières grandes conclusions de ce dernier exercice porte sur la perte de vitesse des marques premium. L'an passé, le volume sell-in de ce segment a chuté de 9,6 % pour une part de marché finale de 56 %. En parallèle, les marques quality (ou B) ont limité la casse (-4,7 %) tandis que les budget ont clairement profité du contexte avec une croissance de 12,4 % et une part de marché désormais évaluée à 16 %.

 

Le pneu toutes saisons à un niveau historique

 

Côté saisonnalité, et nonobstant tous les vents contraires, le toutes saisons a confirmé sa très bonne santé en terminant l'année sur une en hausse de 20,5 % sur un an. Cette technologie, qui a même enregistré un gain stratosphérique de 57 % en avril, revendique désormais une part de marché historique de 27 %. Elle devrait atteindre assez rapidement le cap symbolique du tiers des ventes globales, niveau de maturité estimé depuis plusieurs années.

 

En parallèle, le segment été a vu son empreinte sur le marché baisser de trois points (61 %), soit une tendance identique à celle de l'hiver (12 %) mais avec une analyse différente. Si la perte de vitesse de l'été est directement liée à la montée en puissance du toutes saisons, celle de l'hiver s'explique aussi par les atermoiements de l'exécutif sur la loi Montagne et par les hausses de températures durant toute la période hivernale.

 

Autre item étudié de près, celui des prix s'avère particulièrement intéressant au regard des tendances déjà décrites. Ainsi, au global, les tarifs moyens des pneumatiques observés en France ont augmenté de 13,3 %. Une enveloppe tourisme coûte aujourd'hui 100€ TTC (contre 88€ en 2021 et 81€ en 2020), une pour camionnette s'élève à 137€ (119€ en 2021) et enfin une pour 4x4/SUV est facturée 168€ (151€ en 2021). Toujours sur le volet prix, le pneu hiver demeure onéreux (124€ en moyenne contre 107€ en 2021) alors que le toutes saisons reste légèrement au-dessus de l'été (101€ pour le premier, soit +10€ sur un an, contre 96€ pour le second, soit +13€ ). Il est d'ailleurs celui qui a le moins augmenté.

 

"Les manufacturiers ont fait des efforts"

 

"De mémoire de manufacturier ou de distributeur, on n'a jamais connu une telle inflation, note Régis Audugé, directeur général du Syndicat du Pneu. En revanche, en comparaison à d'autres secteurs d'activité, cela reste mesuré". "Et puisque lorsque l'on sait que certaines matières premières ont bondi de 40 %, il faut souligner que les manufacturiers ont fait des efforts et ont accepté de rogner sur leurs marges", ajoute Dominique Stempfel, son président. Sans surprise, les chiffres d'affaires du secteur se portent bien. Cette donnée atteint 2,013 milliards d'euros chez les pneumaticiens, contre 828 millions dans les centres autos et 634 millions pour les ventes en ligne.

 

"La tendance 2023 ne prête pas forcément à l'optimisme. L'inflation des coûts énergétiques, dans une industrie comme celle du pneu aussi énergivore, va forcément impacter les manufacturiers et les distributeurs", consent Dominique Stempfel. Ce dernier conclut toutefois avec optimisme en soulignant que ce marché "reste très attractif et justifie les réflexions stratégiques et l’intérêt accru que lui portent l'ensemble les acteurs de l’après-vente automobile".

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