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Industrie

L'ACEA ne demande pas clairement un report des normes d'émissions de CO2

Publié le 19 septembre 2024

Par Catherine Leroy
4 min de lecture
L'Association des constructeurs européens d'automobiles demande des mesures urgentes pour contrer la baisse des ventes de véhicules électriques. Le syndicat plaide pour avancer la clause de révision. En revanche, l'ACEA ne réclame pas de décalage dans l'application des normes CAFE d'émissions de CO2.
ACEA Commission européenne normes CAFE 2025
Le bras de fer se poursuit entre L'Association des constructeurs européens d'automobiles et la Commission européenne. ©AdobeStock-nikitamaykov

Ajouter de la confusion au débat. La publication ce 19 septembre 2024 de la position officielle de l'ACEA (Association des constructeurs européens d'automobiles) sur les difficultés des constructeurs à respecter les futures normes d'émissions de CO2 dès 2025 laisse songeur.

 

Dans son communiqué, le lobbying des constructeurs européens met bien en lumière les difficultés de respecter les normes compte tenu de la faiblesse des ventes de véhicules électriques en Europe.

 

"Il nous manque des conditions cruciales pour stimuler la production et l'adoption des véhicules à zéro émission : des infrastructures de recharge et de ravitaillement en hydrogène, un environnement de fabrication compétitif, une énergie verte abordable, des incitations fiscales et à l'achat, ainsi qu'un approvisionnement sûr en matières premières, hydrogène et batteries. De plus, la croissance économique, l'acceptation des consommateurs et la confiance dans les infrastructures n'ont pas suffisamment progressé", indique l'ACEA.

 

Mais visiblement, la position de Luca de Meo, président de Renault mais aussi du lobby européen de l'industrie européenne, n'est pas reprise. Le 8 septembre 2024, ce dernier avait utilisé ses deux casquettes, celle de Renault mais aussi de l'ACEA pour demander un report de deux ans de la sévérisation des normes d'émissions de CO2 en la faisant passer de 2025 à 2027.

 

L'agence de presse Bloomberg a annoncé que l'Association des constructeurs européens d'automobiles envisageait de recourir à l'article 122 du traité de fonctionnement de l'Union européenne qui permet d'agir en urgence pour reporter de deux ans le nouveau palier du programme CAFE de réduction des émissions de CO2.

 

Luca de Meo, patron de Renault mais également président de l'ACEA, a jugé que l'objectif 2025 pourrait se traduire par des amendes gigantesques (15 milliards d'euros, a-t-il estimé) ou par le renoncement de vente de près de 2,5 millions de voitures thermiques.

 

"La prise de parole de Luca de Meo a beaucoup perturbé les industriels automobiles et a braqué de nombreux acteurs. Pour beaucoup, il s'agit d'une tentative d'exploitation de l'ACEA pour un cas particulier. Renault a un peu joué avec le feu", avance une source proche du dossier.

 

Avancer la clause de revoyure

 

De fait, à part Volkswagen, les autres constructeurs n'ont pas embrayé sur le même terrain. Carlos Tavares, patron de Stellantis, se faisant même une joie de se démarquer de ses homologues européens.

 

A lire aussi : Volkswagen, les raisons d'une crise profonde

 

Selon plusieurs analystes, les difficultés du groupe Renault trouvent leur origine dans un manque d'offre dans la gamme.

 

L'arrêt de la production de la Zoe, qui a disparu de la gamme au 30 mars 2024, l'arrivée en cette fin d'année de la nouvelle R5, et l'exclusion de la Dacia Spring du bonus environnemental laissent un "trou" dans les ventes.

 

"La dynamique de la demande des clients particuliers marque le pas, c'est clairement l'offre qui va faire le marché en 2025 poussée par les objectifs réglementaires des constructeurs, et idéalement aidée par un rattrapage coté flottes d'entreprises soumises aux obligations de la loi LOM renforcées", explique Jean-Philippe Hermine, directeur général de l'Institut des mobilités en transition (IMT). "Mécaniquement, nous assistons à un palier des ventes en 2024, mais nous devrions observer une reprise assez forte en 2025."

 

A lire aussi : Les e-fuels reçoivent le soutien de la Commission européenne

 

Mais rien n'indique aujourd'hui, qu'Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, assouplisse réellement sa position sur le sujet des e-fuels. "La seule préoccupation actuelle de la nouvelle Commission concerne les relations commerciales entre l'Europe et la Chine", explique un lobbyiste. "Chaque prise de parole ou de position doit être pensée comme une carte qui peut être jouée dans la définition de ces nouvelles règles."

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