L'Europe dévoile son plan pour les matériaux critiques

Sous les effets conjugués de la crise de la Covid-19, suivie de celle des semi-conducteurs et depuis trois ans de la guerre en Ukraine, la France, et plus largement l’Europe, ont pris conscience de leur dépendance et de leur non-souveraineté sur nombre de molécules ou matériaux.
L’électrochoc a été tel que l’Europe a réagi, notamment concernant les matériaux critiques et autres terres rares qui lui sont indispensables dans le cadre de la décarbonation de son industrie.
Depuis le 23 mai 2024, le texte sur les matières premières critiques (CRMA) est entré en vigueur mais, le 25 mars 2025, Stéphane Séjourné, vice-président exécutif chargé de la prospérité et de la stratégie industrielle, a complété le dispositif avec l'annonce de 47 sites en Europe dédiés aux matériaux critiques.
Deux sites d'extraction de lithium en France
Parmi les 47 implantations, neuf seront en France. Il y aura deux exploitations de lithium, l'une en Alsace avec Eramet et l'autre dans l'Allier avec Imerys. La partie recyclage et raffinage fait aussi partie de la stratégie avec notamment l'usine de Carester à Lacq (64), dans les Pyrénées-Atlantiques. Ce site, qui devrait entrer en action en 2026, se positionne comme un géant sur les terres rares légères et lourdes.
Cette usine a pour objectif de recycler 2 000 tonnes d'aimants par an afin d'arriver, en bout de chaîne, à produire 800 tonnes de terres rares légères (néodyme et praséodyme). Elle sera aussi capable de raffiner 5 000 tonnes de concentré minier afin de proposer 600 tonnes de terres rares lourdes (oxydes de dysprosium et de terbium purs). Pour ces terres lourdes, cela représenterait 15 % de la production mondiale actuelle. Pour l'heure, Carester indique avoir deux clients, l'un au Japon et le constructeur Stellantis pour ses moteurs électriques.
Retrouver une certaine souveraineté
Plus largement, l'Europe a défini une liste de 34 matières critiques, dont 17 sont classées comme "critiques stratégiques". Pour ces dernières (nickel, graphite, manganèse, cobalt, aluminium, etc.), le plan européen a fixé un cap pour l'horizon 2030 afin de retrouver une relative souveraineté.
Ainsi, à cette date, au moins 10 % de la consommation annuelle de l'UE devra être extraite de l'UE ; au moins 40 % de la consommation annuelle de l'UE devra être transformée dans l'UE ; au moins 25 % de la consommation annuelle de l'UE devra provenir du recyclage fait sur le territoire. Enfin, pas plus de 65 % de la consommation annuelle de l'UE d'un matériau ne devra venir d'un seul pays.
Pour avoir une idée de la dépendance de l'Europe, voici quelques chiffres : 80 % de ses approvisionnements en matériaux critiques se font hors d'Europe. Aujourd'hui, 100 % des terres lourdes utilisées en Europe viennent de Chine. La Turquie fournit au continent 98 % du bore utilisé. Enfin, l'Afrique du Sud livre 71 % du platine consommé en Europe.
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Liste des projets en France
Traitement/raffinage
- NGC Battery Materials GmbH (graphite)
- Gallicam, Sinaye Stillwater Sandouville (nickel, cobalt, lithium, graphite, manganèse, cuivre)
- Viridian Lithium (lithium)
- Bam4ever Tokai Cobex (graphite)
- Caremag (filiale de Carester) (terres rares, bore)
Recyclage
- Orano batteries (lithium, cobalt, nickel, manganèse, graphite)
- MagFactory ; MagREEsource (terres rares)
Extraction
- Eramet (lithium)
- Imerys (lithium)
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