S'abonner
Constructeurs

Émissions de CO2 : l'Allemagne fait volte face

Publié le 18 mars 2022

Par Catherine Leroy
4 min de lecture
[Abonnés] Le gouvernement allemand a décidé de soutenir la proposition de la Commission européenne d'interdire les véhicules thermiques en 2035. La France perd un allié important dans sa volonté d'assouplir le paquet Climat de Bruxelles. La clause de revoyure en 2028 a du plomb dans l'aile.
L'Allemagne a décidé de soutenir la position de la Commission européenne d'interdire les moteurs thermiques en 2035.

Difficile de suivre la position de l'Allemagne sur le paquet Climat en cours de discussion à la Commission européenne et notamment les limites d'émissions de CO2 proposées. Celle-ci vient en tout cas d'être réaffirmée, le 17 mars 2022 lors de la réunion du Conseil des ministres de l'Environnement. Berlin ne veut plus de véhicules thermiques et de carburant de synthèse après 2035. Le gouvernement fédéral soutient donc pleinement la fin des véhicules thermiques après cette date.

 

Une déclaration qui ne fait pas l'affaire de la France. Le 14 mars 2022, lors de l'audition des candidats à l'élection présidentielle, organisée par la filière de l'automobile et ses organisations syndicales (Mobilians, la PFA, la Fiev et la Csiam), Bruno Le Maire, ministre de l’Économie avait notamment proposé une "clause de revoyure" en 2027 ou 2028. Clause soutenue par la PFA, qui demandait ainsi à la Commission européenne d'attendre 2028 pour décider ou non de l'arrêt des véhicules thermiques.

 

La France, qui préside le Conseil de l'Union européenne jusqu'au 30 juin 2022, pouvait jusqu'à présent compter dans ses rangs l'Espagne, l'Italie, la Tchéquie et nos voisins d'Outre-Rhin. Une coalition qui laissait espérer un assouplissement de la prise de décision de la Commission européenne. Mais c'était sans compter ce revirement assez inattendu.

 

Changement de fusil d'épaule

 

Il faut dire que l'Allemagne n'est pas simple à suivre. Le 23 février 2022, le ministre allemand des Transports, Volker Wissing, avait notamment affirmé vouloir autoriser après 2035, les véhicules thermiques roulant uniquement avec des carburants synthétiques. Ce dernier avait notamment indiqué qu'il fallait poursuivre le développement de carburants de synthèse mais également promouvoir les moteurs hybrides. Selon lui, cette option était une solution intermédiaire qui permettaient à certains automobilistes d'avoir une première expérience avec l'électrique.

 

"Nous sommes très doués pour produire des moteurs à essence très performants, mais ils émettent du CO2. Nous devons proposer des moyens de locomotion individuels adaptés à chaque besoin. Nous ne pouvons pas compter que sur la mobilité électrique et l'hydrogène pour le futur", avait alors expliqué Volker Wissing.

 

Mais visiblement cette position n'était par partagée par l'intégralité du gouvernement allemand. Steffi Lemke, ministre fédérale de l'Environnement et Sven Giegold, secrétaire d’État au ministère de l’Économie, tous deux membres du parti Alliance 90-Les Verts viennent de marquer leur profond désaccord avec leur collègue, membre du parti libéral-démocrate.

 

Dans un communiqué, Steffi Lemke et Sven Giegold ont indiqué que "L'Allemagne soutient la proposition de la Commission européenne d'autoriser uniquement les véhicules zéro émission à partir de 2035. Le gouvernement fédéral est également favorable à l'élargissement des échanges de quotas d'émission dans toute l'UE pour inclure le chauffage et les transports, avec des taxes supplémentaires sur le CO2 sur les combustibles et les carburants, comme elles s'appliquent déjà en Allemagne. L'Allemagne soutient la fin des moteurs à combustion interne pour les voitures et les véhicules utilitaires légers dans l'UE à partir de 2035. Les moteurs à combustion fonctionnant avec les e-carburants ne sont une option qu'après 2035 en dehors des valeurs limites de la flotte de CO2."

 

Conséquence du conflit en Ukraine

 

Pour justifier de ce virage à 180°, les deux ministres ont invoqué la guerre en Ukraine et l'absolue nécessité de sortir de la dépendance du pays vis-à-vis des importations de gaz et de pétrole russes. "Le paquet Fit-for-55 est décisif pour notre souveraineté énergétique à long terme. L'expansion des énergies renouvelables et la réduction de nos consommations énergétiques sont désormais aussi une question de sécurité, de résilience et de souveraineté européenne, et pour cela nous avons besoin d'un programme ambitieux de protection du climat", ont-ils indiqué.

 

Le gouvernement fédéral soutient donc la proposition de la Bruxelles avec tous ses éléments de conception. Cela comprend l'objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre des voitures neuves d'au moins 55 % d'ici 2030 par rapport à 2021 et à partir de 2035, seules les voitures à zéro émission - c'est-à-dire uniquement les voitures sans moteur à combustion - seront autorisées dans l'UE. La France perd donc un allié de poids dans sa volonté d'assouplissement du paquet Fit for 55.

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle