Elf fête son demi-siècle !

"Les Ronds Rouges arrivent !", comme le relayait la communication de l’époque. Dans la nuit du 26 au 27 avril 1967, dans le cadre d’un scénario mis sur pieds dans le plus grand secret, des ronds rouges font leur apparition sur les façades de quelque 4500 stations-service implantées sur l’Hexagone. En fait, des points de vente liés au réseau de distribution de l’UGP (Union générale des Pétroles), qui regroupait alors plusieurs sociétés pétrolières, dont entre autres Caltex, Avia et La Mure. Ces ronds rouges annoncent de façon spectaculaire la naissance d’une marque, et l’entrée en scène d’une grande société de raffinage et de distribution pétrolière. Son nom tient en trois lettres : Elf. Issu du travail d’un ordinateur et de quelque 8 millions de combinaisons possibles ( ! ), ce patronyme donne parallèlement naissance à un logo à la fois dynamique et technique, un trépan stylisé bleu et rouge sur fond blanc.

Cette date symbolique allait surtout marquer le début d’une extraordinaire aventure sportive, bien que l’accession d’Elf au monde des sports mécaniques n’était pas encore connue. Seul un petit groupe d’hommes y songeait cette nuit là. En particulier Jean Prada, directeur de l’UGD (jeune structure de distribution du pétrolier Erap) à l’origine de la démarche et, bien sûr, François Guiter, l’homme-orchestre du lancement commercial et plus tard de la célèbre filière Elf. Ceux-ci nourrissaient la folle ambition de porter la marque nouvelle au plus haut niveau de la compétition internationale. Ils se lancèrent avec enthousiasme vers cet objectif.

Un objectif qui allait prendre corps grâce à la confiance et à la passion de Jean-Luc Lagardère, président de Matra. Une firme connue à l’époque pour ses recherches en applications air-espace, ses missiles et ses composants électroniques. Lancée dans le grand bain de la compétition, Matra s’impose en F3 et Pescarolo devient le premier champion de France sous les couleurs Elf. La machine est lancée et 1969 sera l’année de la consécration pour Matra-Elf, Stewart obtenant le premier de ses trois titres en F1 au volant de la MS80.

En fait, l’épopée d'Elf est intimement liée à l’ascension de pilotes français vers les sommets à travers les marques Matra et Renault essentiellement, auxquelles viennent s’ajouter des constructeurs tels que Ligier, Tyrrell et Williams. Outre Pescarolo, figurent en bonne place dans la longue liste des pilotes "circuits", les Arnoux, Beltoise, Cevert, Depailler, Jabouille, Jaussaud, Laffite, Pironi, Prost, Servoz-Gavin, Tambay (premier lauréat du "Pilote Elf" au Paul Ricard), etc. En rallyes, Elf a également contribué à l’éclosion des Andruet, Thérier, Vinatier (ceux-ci ayant fait triompher la "Berlinette", bien sûr) ou encore Ragnotti, véritable ambassadeur de l’association Renault-Elf au volant de sa Maxi 5 Turbo, notamment.

Mention spéciale à Renault. Avec son partenaire privilégié (près de cinquante ans de vie commune !), Elf aura remporté treize de ses dix-huit titres (Pilotes et Constructeurs) en F1, le dernier en date étant à mettre au crédit d’Alonso en 2006. Et que dire de la retentissante victoire de l’Alpine A 442B du duo Pironi-Jaussaud aux 24 Heures du Mans 1978 ? Bref, parallèlement à l’implication en compétition, le partenariat est étendu à tous les niveaux de la chaîne commerciale du constructeur, à commencer par les filiales et autres succursales.

Bien que particulièrement ouvert, le réseau secondaire permettait même à Elf Lubrifiants de revendiquer une pénétration de l’ordre de 50% au début des années 2000… Un résultat très honorable s’il en est. Il faut dire que les lubrifiants de la gamme Elf bénéficient d’une préconisation dans les véhicules de la marque au losange, et ce depuis le premier accord signé dès 1968. C’est bien le cas, en particulier, des lubrifiants dits "économiseurs d’énergie" de types 5W30 ou 0W30, en mesure de procurer des réductions de consommation substantielles (de 6 à 8% sur le cycle urbain du cycle NEDC, par rapport à une huile de grade 15W-40). A l’instar des autres produits de la gamme, ceux-ci sont élaborés au centre de recherche de Solaize, pierre incontournable de l’édifice Elf.