Avenir incertain pour le marché des Utilitaires
Comment analyser les tendances d’un marché qui joue au yo-yo et ne cesse de se contredire d’un mois sur l’autre ? En effet, depuis avril, les variations positives et négatives se croisent dans des proportions parfois vertigineuses. Après une forte baisse en juillet, le marché a répondu par une hausse en août. En septembre, avec un total de 34 367 immatriculations, le marché français des véhicules utilitaires légers neufs (moins de 5,1 tonnes) a chuté de 6,6 %. Des résultats venant confirmer les craintes de nombreux constructeurs quant à une conjoncture économique morose. “Nous sommes moins optimistes que nous l’étions il y a quelques semaines. Ce n’est pas tant le passage de l’euro 4 à l’euro 5 qui inquiète, car ce changement devrait se lisser au fil des mois, mais davantage le contexte économique. Nous sommes très prudents à ce jour”, confiait fin septembre, Olivier Paitreault, responsable marketing produit de la gamme livraison de Renault Trucks. Mais les chiffres dévoilés par le CCFA sont venus, une nouvelle fois, infirmer la lecture dominante. Avec un total de 38 691 immatriculations, le marché des véhicules utilitaires légers a repris sa marche en avant en réalisant une progression de 5 % en octobre. Une embellie due aux performances des marques Citroën (+ 23,1 %) et Renault (+ 10,1 %), tandis que les immatriculations des marques étrangères ont chuté de 7,2 % en octobre.
Des investissements freinés par les banques
Si tout n’est pas si noir, il est peu vraisemblable que cette remontée suffise à rassurer des professionnels inquiets. Notamment parce que les secteurs du bâtiment et des travaux publics peinent toujours à repartir depuis la crise. “Nous avons bon espoir de voir le marché du châssis-cabine remonter à 25 000 unités en 2011, ce qui assurerait une progression de 15 % par rapport à un exercice 2010 très difficile. Mais en 2008, ce segment de marché représentait 33 000 unités en France”, rappelle Eric Experton, directeur Ventes Fuso France. Le climat d’incertitudes qui baigne depuis quelques semaines, tant sur le marché des utilitaires que des poids lourds, et la frilosité qui en découle, freinent les investissements et les renouvellements de véhicules. “Les banques sont devenues plus exigeantes pour financer l’achat de VUL et beaucoup d’affaires ne se concrétisent pas faute de crédits. La filiale BNP Paribas Leasing Solutions a supprimé son réseau de collaborateur consacré au financement des poids lourds et VUL. Ce désengagement est inquiétant”, regrette Jacques Bruneel, président de la branche VI du CNPA.
Le marché maintient une hausse de 2,2 %
Depuis janvier, 350 306 unités ont été immatriculées, soit une petite hausse de 2,2 % par rapport à la même période l’an passé. Peugeot et Citroën restent dans le positif au cumul des dix premiers mois tandis que Renault accuse une baisse de 1,7 %. Le bilan est plus profitable aux marques étrangères, notamment pour Iveco (13,6 %), Nissan (27,7 %) et Volkswagen (16,1 %). A l’entame de la dernière ligne droite, la tendance positive du début d’année s’est clairement inversée. Pour rappel, à fin mai, le marché des VUL (- 5,1 t) pointait en hausse de 9,1 %. “Nous avons assisté à un bon début d’année 2011 mais nous sommes actuellement sur un marché qui stagne. Le segment des fourgons et des fourgons lourds qui a progressé de 13 % en septembre n’est que le reflet des prises de commandes du début d’année et non d’un marché actuellement porteur. Depuis juillet, le marché a tourné et je doute que le dernier trimestre suffise à inverser cette tendance”, observe Jacques Bruneel, qui voit un marché 2011 étale. Même à deux mois de la fin de l’année, le jeu des pronostics s’avère risqué.
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.