S'abonner
Industrie

Automobile : la Chine impose son rythme

Publié le 12 septembre 2025

Par Catherine Leroy
4 min de lecture
Selon le cabinet d'étude AlixPartners, les constructeurs chinois confirment leur ascension fulgurante, portés par la dynamique des véhicules électriques et des partenariats industriels. Tandis que l’Europe et les États-Unis peinent à suivre, la Chine impose son rythme et devrait détenir 30 % du marché mondial automobile en 2030.
Lors du salon IAA de Munich 2025, AlixPartners a dressé un constat clair : la Chine s’impose comme le moteur de l’industrie automobile mondiale.
Lors du salon IAA de Munich 2025, AlixPartners a dressé un constat clair : la Chine s’impose comme le moteur de l’industrie automobile mondiale. (@IAA Mobility 2025)

À Munich, le salon IAA 2025 a confirmé l’accélération fulgurante des constructeurs chinois et les incertitudes qui pèsent sur les acteurs occidentaux. D’après les prévisions d’AlixPartners, le marché mondial des véhicules légers progressera de 1 % en 2025 pour atteindre près de 90 millions d’unités. Mais cette croissance masque de fortes disparités : un recul est attendu en Europe et aux États-Unis (-1 %), contre une hausse de 3 % en Chine, seul véritable moteur du marché.

 

À l’horizon 2030, les ventes mondiales devraient dépasser les 98 millions de véhicules, soit une progression annuelle moyenne de 2 %. Mais cette progression s'effectue différemment selon les continents. En Europe, comme aux États-Unis, la croissance ne devrait pas dépasser 1 %. Les plus fortes croissances sont attendues en Chine (+2 %), mais surtout en Amérique du Sud (+4 %) et en Asie du Sud (+5 %).

 

Les marques chinoises en conquête

 

En Chine, la domination des constructeurs nationaux ne fait plus de doute. Ils atteindront 67 % de parts de marché dès cette année, selon AlixPartners, reléguant les marques étrangères à un rôle secondaire.

 

D'ici cinq ans, ils devraient même récupérer les trois quarts de leur marché domestique. Mais cette reprise en main dépasse largement les frontières. Selon Alexandre Marian, directeur associé d'AlixPartners, d’ici 2030, les marques chinoises pourraient représenter près de 30 % du marché mondial, avec des percées particulièrement marquées en Amérique du Sud, en Asie du Sud-Est et en Afrique. Ils devraient notamment peser 50 % du marché russe.

 

L’Europe reste, pour l’instant, relativement épargnée : la part des constructeurs chinois y reste marginale (4 % en 2025). Elle atteindrait 10 % en 2030.

 

Consolidation brutale du marché des véhicules électrifiés

 

Cette montée en puissance s’accompagne d’une véritable sélection naturelle. Sur les 129 marques de véhicules électrifiés (NEV) présentes en Chine en 2024, seules 15 devraient rester viables d’ici 2030. La course au volume est impitoyable. Selon AlixPartners, il faut écouler au minimum 400 000 véhicules électrifiés par an (ou 200 000 hybrides rechargeables ou REEV) pour survivre.

 

La guerre des prix accentue cette pression. Si le gouvernement chinois maintient un contrôle strict, elle pourrait s’éteindre en 2029. Mais en cas de nouvelles baisses massives, la bataille tarifaire pourrait se renforcer dès 2027. Dans les deux cas, les deux prochaines années seront décisives.

 

Partenariats : la montée des acteurs chinois

 

Les alliances industrielles se multiplient, notamment autour des batteries, logiciels, Adas et infrastructures de recharge. Les partenariats impliquant des entreprises chinoises restent minoritaires (25 %), mais ont bondi de 42 % depuis 2021. Geely avec SK Group, Stellantis avec Zeta, ou encore SAIC avec Audi pour le développement de véhicules électriques ne sont que quelques-uns des partenariats récemment signés. Cette forme de coopération est d'ailleurs soutenue par le gouvernement chinois.

 

Lors d'une réunion organisée par la PFA (Plateforme de l'Automobile), l'ambassadeur de Chine en France, Deng Li, indiquait que les dirigeants nationaux recherchaient ce type de coopération qu'il résume en "I have you, You have me", citant en exemple les voitures BYD Seal qui embarquaient des phares Valeo, des pneus Michelin et des sièges Forvia… Ou encore la Peugeot e-308 équipée d'une batterie CATL. Le géant chinois des accumulateurs dispose de près de 40 % de parts de ce marché. En 2024, AlixPartners a recensé près de 46 partenariats impliquant des acteurs chinois.

 

Une rentabilité en danger

 

Après cinq années fastes portées par le pricing power (2020-2024), l’industrie automobile entre aujourd'hui dans une phase d’incertitude. Les marges des constructeurs reculent depuis 2024, avec une profitabilité moyenne de 4,5 % à mi-2025, contre plus de 7 % un an plus tôt. La dette nette des grands constructeurs mondiaux a bondi de 25 % en deux ans, réduisant leur flexibilité financière. De leur côté, les équipementiers résistent mieux avec une marge opérationnelle moyenne de 6,5 %.

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle