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Une science au-delà de la fiction

Publié le 2 juillet 2010

Par Gredy Raffin
5 min de lecture
Et si l'on mettait l'un des serveurs les plus puissants du monde au service d'une concession ? Un outil dont la capacité de calcul dépasse l'entendement, à qui l'on demanderait simplement comment organiser son réseau, ses équipes,...
...son plan marketing ou encore la pertinence d'un produit de financement. Voilà ce que propose Business effiScience.

Cette vision n'a rien de futuriste, elle est déjà en œuvre depuis quelques années et les constructeurs automobiles, comme nombre d'industries et de secteurs d'activité, en usent avec sagesse. Derrière Business effiScience, on retrouve Business Incorporated, une entreprise d'origine française à l'envergure internationale. Mais quelle est concrètement cette technologie ? Pour simplifier, il s'agit d'un algorithme établi par Augustin et Ambroise Huret, respectivement diplômés de Polytechnique et HEC Paris, et Benoît Binachon, ancien consultant pour la société Michael Page. Une intelligence artificielle de 40 teraflops, capable de prendre en compte un très grand nombre de paramètres pour analyser une activité. En comparaison, le centre de calcul de Météo France affiche une capacité de 38 teraflops. En clair, Business effiScience représente l'outil de calcul à usage civil le plus impressionnant au monde. Rien que ça !

Tel un consultant

Le succès des frères Huret et de leurs associés est tel que sous peu, ils ouvriront une deuxième base de traitement, à Washington (Etats-Unis) en complément de la structure initiale de Paris La Défense. Le seul moyen de subvenir aux besoins croissants de la clientèle. Une cinquantaine d'entreprises font en effet appel à Business effiScience. Parmi elles, Michelin, Volkswagen ou PSA Peugeot Citroën. Leurs requêtes portent essentiellement sur l'organisation de leurs réseaux et de leurs points de vente, sur les moyens à mettre en œuvre ou sur la pertinence d'une opportunité.

Premier cas de figure : "Les constructeurs viennent nous voir lorsqu'ils se posent des questions sur l'efficience ou sur la performance commerciale", explique Ambroise Huret. Business effiScience a la prétention de vendre une prestation qui va au-delà de l'émission classique de statistiques. "Nous analysons les données, détectons les surperformances pour expliquer les leviers ou les facteurs locaux d'une réussite", nous présente le co-inventeur. Ce sont des données endogènes, des variables continues et des variables discrètes (superficie, parking, salariés, zone de chalandise, contrat avec la marque, raison sociale, formation, financement, VO, appartenance ou non à un groupe…) qui sont intégrées dans la matrice. Il en résulte à la sortie un document Excel expliquant chacun des facteurs de réussite ou d'échec et les moyens à mettre en œuvre et ce, en prenant en compte les disparités d'un réseau. Business effiScience ne conseillera donc pas un modèle type, techniquement impossible à dupliquer, mais de crédibles pistes d'amélioration, en adéquation avec les forces en présence.

Le marketing constitue le second cas de figure : "Les marques cherchent à optimiser les moyens commerciaux", expose Ambroise Huret. Ici, la matrice incorpore des données relatives au marketing direct, aux promotions, à la publicité, aux centres d'essais, aux opérations portes ouvertes, aux relations presse et autres. Des éléments fournis par les directeurs et croisés avec ceux récupérés auprès des agences médias. Exemple de résultat probant en Allemagne, où un constructeur a économisé 2,3 millions d'euros de budget publicitaire lors d'un lancement de véhicule, tout en assurant ses objectifs commerciaux. Comment ? Business effiScience a révélé qu'une campagne de publicité pour une voiture Diesel de segment M1, à l'indice de prix élevé, ne devait pas tout miser sur la télévision mais répartir les investissements en ciblant par ailleurs les internautes féminines.

Deux modes d'utilisation

Troisième et dernier cas de sollicitation : le financement. Entre coût d'acquisition, les formules de rachat d'encours ou encore les risques et la fraude, les 40 teraflops doivent conseiller les constructeurs et leurs partenaires financiers de la faisabilité et de la fiabilité d'un nouveau produit.

Business effiScience propose deux modes de consommation à ses clients qui sont uniquement des directions générales. Soit elles souhaitent mettre ponctuellement la technologie à contribution, soit elles optent pour une licence afin de suivre son activité à intervalle régulier. "Lors d'une consultation ponctuelle, nous apportons la technologie et l'expertise. Il nous faut alors 6 à 12 semaines et plusieurs réunions pour apporter un résultat", précise Ambroise Huret. Une prestation qui se monnaie en moyenne 200 000 euros.

Sinon, sous format licence "On Demand", effiScience Incorporated forme un des employés de l'entreprise cliente à l'utilisation des ressources du serveur central. L'abonnement est estimé à environ 50 000 euros par sujet. Une offre qui se verra complétée sous peu par un nouveau mode SaaS (software as a service), permettant de solliciter les serveurs par connexion à Internet.

Naturellement, cela suscite de la méfiance, compte tenu de la confidentialité des données. "Nous avons un niveau de sécurité étatique", assure le co-fondateur. Pour lui, ce facteur est un gage prioritaire, d'autant que les principales banques de la place londonienne lui font confiance. Il ne conserve même pas les données après utilisation.

La société créée en 2003 devrait réaliser un chiffre d'affaires de 12 millions d'euros en 2010. Mais force est de constater que, jusqu'à présent, le secteur de l'automobile n'est pas le point fort d'effiScience Incorporated, avant tout pour des raisons historiques. Cela tend néanmoins à évoluer positivement. Les constructeurs et équipementiers ayant, face à la crise, de plus en plus recours à la "magie" des ordinateurs.

Photo : Ambroise Huret, co-fondateur de Business effiScience.

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