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Distribution

Une question de temps

Publié le 27 juin 2008

Par Gredy Raffin
4 min de lecture
Entre une nécessaire période d'adaptation à l'écotaxe entraînant des problèmes de délais de livraison et des plans concrets pour les deux prochaines années : tout n'est qu'une question de temps dans le réseau Peugeot. Si celui-ci ne perd pas confiance en...

...la marque, il confie s'impatienter et être prêt à se tourner vers l'avenir.

"Aujourd'hui, nous ne servons qu'à faire tourner les usines". Triste constat. Dur aussi. Mais il reflète une part de ce malaise qui règne dans le réseau Peugeot. Si, au travers des études de marché, la marque semble connaître des heures de gloire, en coulisse, quelques distributeurs font grise mine. Cette morosité, aux dires des concessionnaires, est antérieure à la prise de pouvoir de Christian Streiff. Mais ce changement de direction et de politique tarde à faire sentir ses effets et certains, comme nous le confie un investisseur du sud de la France, désespèrent de retrouver une "rentabilité acceptable". "Nous n'avons plus de marge", insiste un distributeur du centre, "nous n'avons plus de commerce", renchérit un autre qui dénonce une politique de "course aux promotions dénaturant la nature même de la profession". Certes, la conjoncture veut que le client se batte pour le moindre euro, le phénomène étant commun à tous les constructeurs. Cependant, les concessionnaires de taille modeste tirent la sonnette d'alarme : Peugeot doit cesser de rogner les bénéfices avec des promotions. L'un d'eux nous confie être à 0,5 point de marge brute par véhicule, avec laquelle il fait vivre la dizaine de salariés œuvrant pour lui. Inacceptable chez le deuxième constructeur du marché hexagonal. Un confrère tient même à souligner que "cette envolée n'apporte rien puisqu'au final, les parts de marché des uns et des autres évoluent très peu." A ceci vient s'ajouter "un système de rémunération tenant compte de beaucoup trop d'éléments", se plaignent les membres du réseau. "Trop aléatoire et surtout trop complexe", la méthodologie de calcul donne l'impression d'être pensée de manière à "faire perdre facilement les primes".

Du travail sur les délais

Bien que les volumes de Peugeot soient portés par l'écotaxe, le réseau envisage la situation d'un autre œil. D'une part, "les ventes ne priment plus sur les standards, dans les rétributions de fin d'année". D'autre part, beaucoup constatent un "manque d'adaptation" de leur marque. Tous les constructeurs ont été mis devant le fait accompli des décisions gouvernementales liées au Grenelle de l'Environnement, un temps de réaction leur était nécessaire. Mais six mois ont passé et de gros retards sur les livraisons immobilisent les concessionnaires. La faute à une machine de production encore en rodage, dit-on. On recense principalement des indisponibilités sur le bloc 1,4 HDi, la 107, la 308 SW et quelques utilitaires. Soit les principaux atouts sur lesquels le constructeur comptait parier en 2008 pour retrouver sa pérennité ! Agacés mais compréhensifs, les partenaires de la marque ne lui en tiennent pas rigueur. "Nous aurions dû, nous aussi, anticiper et prendre le risque de constituer des stocks", concède un distributeur.

Malgré toutes les réclamations sur les conditions commerciales, Peugeot récolte de bonnes appréciations au chapitre "Distribution" et surtout sur "sa capacité à la maîtriser", comme l'explique un concessionnaire. Selon lui, la marque a atteint "le niveau des marques allemandes" en la matière, "assurant une meilleure visibilité". Les départements en régions frontalières émettent toutefois, là encore, des réserves : la concurrence de produits en provenance d'autres pays, Espagne notamment, avec des conditions commerciales différentes, se fait de plus en plus ressentir. Ainsi, il n'est pas rare, de la banlieue paloise à celle d'Albi, de Carcassonne ou de Perpignan, de rencontrer des commerciaux en attente d'une réaction de la part du constructeur pour pallier cette "détérioration de l'image provoquée par le doute semé dans l'esprit du client".

Investir dans l'avenir

A la direction nationale on se fixe de nouvelles directives pour les années à venir. Dans 2 ans, le réseau devra se classer dans le Top 3 de la qualité et du service. Chez les partenaires, on veut y croire. "Mais pas avant 3 ans", relativise un concessionnaire près de Quimper. "Il faut que tout le monde y mette du sien, explique-t-il, à commencer par le constructeur. Il nous faut plus de moyens pour exposer des VU, comme chez Renault". D'autres se sentent tellement en confiance devant ce nouveau défi qu'ils ne prévoient pas de gros investissements pour y parvenir. A en croire une partie de l'opinion, il est nécessaire avant tout de rétablir le dialogue que d'aucuns jugent "difficile", voire "inexistant". Une interaction qui permettra sûrement d'établir à nouveau des objectifs de vente cohérents, en phase avec la conjoncture actuelle. Peugeot reste avec 17 % de PDM une marque fiable au fort potentiel, pour les concessionnaires. Si bien que beaucoup n'hésitent pas, aujourd'hui, à investir dans le concept Blue Box pour se doter d'un outil de travail à la hauteur de leurs ambitions et de la "belle gamme" qu'a développée la marque au lion.

Photo : A l'avenir, Peugeot souhaite mettre l'accent sur les postes complémentaires de l'activité VN, tel l'atelier. Le réseau s'attend à appliquer de nouvelles normes.

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