Quatre garçons dans le vent
Depuis le début de l'aventure, leur cabinet enregistre des résultats en progression de 30 % chaque année. Jusqu'à atteindre un chiffre d'affaires de 1,5 million d'euros l'an dernier. Archipel 41, ou l'internationale d'architecture, est aujourd'hui reconnu dans le paysage automobile français. Un brésilo-portugais, un allemand, un espagnol et un français qui distillent leur vision du commerce automobile. Archipel 41 est actuellement à la tête de 40 chantiers de concessions, dont une vingtaine concerne de la construction pure et simple. Architectes exclusifs de Ford et Honda en France, cabinet agréé de BMW, Mini, Nissan, Citroën, Fiat, Alfa Romeo, Lancia, Archipel 41 travaille également sur d'autres projets avec Kia ou Mazda… Plus de 80 % de l'activité du cabinet est directement liée à l'automobile. Concessions, garages, agences, les architectes conçoivent des structures de tout type. Qu'il s'agisse d'une simple mise aux normes, d'une petite extension, d'une restructuration complète ou d'une construction entièrement neuve. En fonction de la nature des différents projets, l'investissement des distributeurs oscille ainsi généralement entre 200 000 et 5 millions d'euros.
De Citroën à Mini, de Schuller à Palau
"Nous avons commencé à travailler dans le secteur automobile avec la restructuration du réseau d'agent Citroën d'Ile-de-France et de Rouen", se souvient Marco Ferrer, l'un des architectes associés. L'automobile devient alors une évidence, pour cette structure qui s'est également spécialisée dans la création de crèches. Au total, plus de 200 agences de la marque sont à l'époque traitées par le cabinet. Les projets divers s'additionnent. PGA, Schuller, Amplitude, Palau, Aravis, Bailly, Cloppenburg… Les homologations aussi. Les 30 premiers sites de Mini en France sont ainsi dessinés entre 2001 et 2002. Puis en 2007, Archipel 41 restructure presque l'intégralité du réseau Ford. Aujourd'hui, la petite société poursuit sa collaboration avec Citroën. Le cabinet planche en effet actuellement sur quelques projets de concessions à mettre en conformité avec la nouvelle identité visuelle de la marque aux chevrons.
"Dans le cadre d'un projet, c'est toujours le constructeur qui vient vers nous afin que nous réalisions un audit puis un pré-projet. Une fois cet avant-projet sommaire validé par le constructeur, puis le concessionnaire, notre mission pour la marque est terminée. Ensuite, le distributeur a le choix de poursuivre avec nous ou avec un architecte local pour les travaux", détaille Christophe Alamargot, un autre de ces quatre architectes associés. Archipel 41 n'effectue jamais les travaux en propre. "Nous sommes un cabinet conseil", précise encore Christophe Alamargot. Quel que soit le choix de l'investisseur, Archipel 41 assure donc le suivi de la maîtrise d'œuvre. Chaque semaine un des architectes du cabinet se rend en effet sur chaque chantier pour observer l'avancée des travaux réalisés par les entreprises locales retenues après l'appel d'offres. "Quoi qu'il arrive, nous essayons en permanence de concilier les intérêts du constructeur et ceux des distributeurs et de trouver le bon compromis entre les standards des marques et les capacités de financements des concessionnaires", explique-t-il. Le souci des distributeurs n'est pourtant pas toujours d'ordre économique.
Quand l'environnement et la convivialité entrent dans les concessions
Mieux placé que quiconque pour sentir quels sont les besoins des distributeurs automobiles ou les tendances qui se dégagent dans la profession, le cabinet en relève deux, d'importance majeure. L'environnement d'abord. Depuis quelques mois, l'architecte note ainsi cette volonté grandissante des concessionnaires de construire un bâtiment économique qui correspond aux standards, en premier lieu, mais également un bâtiment énergétiquement performant. "De plus en plus, on nous demande d'optimiser le fonctionnement pour optimiser le rendement, d'optimiser la construction pour optimiser les coûts et enfin d'optimiser le circuit énergétique pour optimiser les coûts de fonctionnement", détaille Christophe Alamargot. Ce qui nécessite un important travail sur les flux, notamment, mais aussi une vraie réflexion sur le traitement et le stockage des déchets. Comme à Liévin (62), par exemple, sur le nouveau site BMW Mini Bavaria Concept du groupe Schuller (voir photo ci-contre). Cette affaire intègre par exemple un ensemble de panneaux solaires, couplé à un système de récupération des eaux de pluie, permettant d'alimenter en eau chaude les sanitaires ainsi que le poste de lavage automobile. Aujourd'hui, comme cet important site BMW du Pas-de-Calais, 15 à 20 % des projets de concessions comprennent une claire volonté de maîtriser la consommation d'énergie. Un souci, qui s'accompagne d'une autre volonté, celle d'instaurer une atmosphère nouvelle au sein des affaires.
"De nombreux distributeurs cherchent à coupler leurs activités automobiles à des activités complémentaires", témoigne Christophe Alamargot. Aujourd'hui, les lieux de convivialité se multiplient ainsi au sein des affaires. Aujourd'hui, près de 40 % des projets de concessions comprennent ainsi un espace de "récréation", au milieu de l'automobile. Des coins détente ou des restaurants par exemple. Comme sur le site de Jean-Paul Lempereur à Liévin (62), ou encore celui du groupe Rouyer (Héliocar), à Cholet (49). Mais pas uniquement. Cela peut, en effet, prendre différentes formes. A Arlon, en Belgique, Archipel 41 vient par exemple de revisiter une ancienne boutique de sport en centre Mini, agrémenté d'un bar à sushi et d'un coin Apple Store, notamment. A Charleville-Mézières (08), le groupe Schuller désire aujourd'hui construire une nouvelle affaire, mais également démolir les locaux d'une ancienne pour la transformer en centre commercial. Autant de témoins de ce besoin, de plus en plus affirmé, des distributeurs, de faire de leurs affaires, autre chose que de simples halls de vente. Notamment face à la morosité actuelle avec laquelle les showrooms deviennent souvent le théâtre d'une guerre de remises, malheureusement peu flatteuse pour le produit automobile.
Etre inventif, pour susciter le commerce, être prévenant, pour maîtriser ses coûts, demande bien évidemment une certaine capacité d'investissement. Et sur ce point, le cabinet ne voit que peu d'évolution. Certains distributeurs veulent toujours construire à moindre coût et des constructeurs, voir leurs réseaux investir massivement. Alors face à ce petit jeu d'intérêt croisé, Christophe Alamargot se permet un petit conseil. "C'est le moment de réaliser les travaux. Toutes les entreprises du bâtiment ont besoin de travailler. C'est donc plus facile pour négocier les contrats !", avance-t-il en effet. Malheureusement, pas certains que les distributeurs automobiles aient tous une situation financière confortable.
Photo : Carlos Vasconcelos, Christophe Alamargot, Laurent Dachet, Marco Ferrer sont les associés architectes d'Archipel 41.
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