Quand l’environnement divise le réseau
...il était bien difficile en effet d'échapper à ce thème en vogue dans le discours des constructeurs. Bien aidées en cela par l'action gouvernementale sur le bio-éthanol, les marques ont récemment amplifié leurs efforts en matière de communication. Chez Ford, notamment. Et pour cause, le constructeur américain est un pionnier du genre. Ford fut, à l'automne 2005, le premier à commercialiser des véhicules flexifuel en France. La marque est, à ce sujet, leader incontesté sur le plan européen. En revanche, lorsque l'on aborde l'environnement en de simples termes écologiques, et non commerciaux, de nombreux constructeurs se font soudain moins loquaces.
Derrière les showrooms, les ateliers sont pourtant soumis à certaines normes en la matière. Le tri des déchets est, par exemple, l'une des évolutions majeures dans le travail des techniciens ces dernières années. Il est en effet bien loin le temps où le concessionnaire vendait ses déchets. Aujourd'hui, c'est lui qui paye pour que les prestataires de collecte se présentent à sa porte. A l'heure actuelle, la loi stipule, au grand dam des concessionnaires, qu'il est interdit de facturer ce coût au client autrement que ligne par ligne. Autant dire impossible. Pour venir en aide à leur réseau et inciter à la mise en conformité, certains constructeurs se font alors plus proactifs que d'autres. Aujourd'hui, le constat s'impose : il n'existe que très peu de vraie politique environnementale au sein des réseaux. Chez FMC France, l'environnement est un véritable cheval de bataille. En janvier 1999, un programme avait été lancé pour accompagner le réseau dans la collecte des déchets. Tout un système a été mis en place qui se voit aujourd'hui concurrencé par les concessionnaires eux-mêmes. Ces derniers temps, le sujet semble fortement agiter la filiale française.
Une politique verte qui pâtit de la baisse des ventes
En lançant son concept Charteco, voilà neuf ans, Volkswagen était le premier à mettre en place un système de prime incitatif à la collecte. Quand Ford souhaite emboîter le pas du constructeur allemand, c'est avec son concours qu'il met alors en place son propre système. Dès la première année, Ford alloue plus de 3 millions d'euros (20 millions de francs à l'époque) pour le projet. Personne ne pourra d'ailleurs mettre en doute l'action menée par Pierre Gudefin, alors maître d'œuvre du projet pour le constructeur. Accords avec divers prestataires, collecte des déchets banals organisée par la marque elle-même, Ford ne lésine pas sur les moyens. Une incitation financière est même délivrée grâce une participation commune du groupement des concessionnaires et du constructeur lui-même. A l'époque, 349 distributeurs sur les 370 que compte le réseau, choisissent d'adhérer au programme. Ambitieux et généreux, le système Ford Environnement va, malheureusement, être confronté à la réalité du terrain. A l'époque, quelques distributeurs Ford multimarques auraient en effet pris l'habitude de faire payer, au constructeur, la facture des déchets de l'ensemble des marques qu'ils représentaient. Refroidi par ce type de dérives, Ford aurait décidé de stopper cette politique généreuse. La mauvaise santé des ventes hexagonales reléguant ce type d'investissement loin dans l'échelle des priorités du constructeur. Problème : les concessionnaires ont adhéré au programme. Certains affichent alors leur scepticisme devant ce qui s'apparente, à leurs yeux, comme un recul de la marque. Selon la direction de Ford France, le programme compte aujourd'hui 200 adhérents, pour un réseau de 335 points de vente.
Le GIE créé son propre programme
Le Forami, groupement des concessionnaires Ford, tente aujourd'hui de développer son propre programme environnemental. Depuis le 1er juillet dernier, ce groupement d'intérêt économique propose donc au réseau d'opter pour un concept plus libéral : Foreli Environnement. Un système qu'éprouve actuellement un nombre restreint de concessionnaires et qui devrait véritablement prendre son essor avant la fin de l'année.
"Adhère celui qui veut. C'est une proposition pour adopter une attitude citoyenne. Ce n'est pas une obligation. C'est une alternative au programme constructeur qui me semble plus ouverte", commente pour l'heure Alain Deleusalle, président du GIE et instigateur du projet. Dans celui-ci, pas d'obligation devant le constructeur ni de prime ou de remise. Le principe devrait être le plus simple qui soit. Ni la marque ni le GIE ne viennent en aide au concessionnaire. Il s'agit davantage d'un package ou d'un guide, dans lequel le groupement distille sa méthode. Foreli Environnement devrait, semble-t-il faire la part belle au compactage. "C'est un parti pris", argue Alain Deleusalle. Une politique qui devrait faire grincer des dents plus d'un écologiste convaincu. Plus de méandres donc dans la gestion des différents prestataires de collecte, le programme devrait en effet proposer aux distributeurs de ne travailler qu'avec un seul d'entre eux : Veolia. Si, nous ne connaissons pas encore le nombre de distributeurs qui suivront, les prestataires, eux, s'affolent déjà. "Certains font grise mine", nous glisse-t-on. "Ils risquent de perdre tout un marché". A qui cela profite donc ? A Veolia ? Assurément. Au réseau ? Certainement. A la marque ? C'est moins sûr. Pourtant, chez Ford, on cherche à minimiser l'impact de ce concept dissident. "Nous avons été suivis par une bonne partie du réseau. Après, chacun est libre de choisir son type de fournisseur. L'important est d'avoir un système", explique ainsi Jean-Luc Gérard, actuel P-dg de FMC France. Etalon sur le bio-éthanol, Ford se fait à nouveau pionnier en matière d'environnement. Il est en effet le premier constructeur à disposer de deux politiques vertes pour le recyclage de ses PHU.
David Paques
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