Mitsubishi : les distributeurs s’organisent

 

 

Afin de mener à bien ces discussions, plusieurs partenaires du réseau Mitsubishi ont demandé à Maître Bourgeon, ayant déjà représenté des opérateurs lors des épopées Chevrolet et Infiniti, de défendre leurs intérêts. "Un certain nombre de concessionnaires historiques ont des valeurs de fonds de commerce directement liées à cette marque qu’ils ont développé pendant de nombreuses années. D’autres, arrivés récemment -souvent en reconversion d’autres marques, notamment Infiniti- avaient des plans de développement. Tous sont extrêmement préoccupés par la situation. Le courrier qui leur a été envoyé le 27 juillet dernier n’a pas manqué de soulever de vives interrogations", explique en préambule Maître Bourgeon.

 

 

Mais à l’heure où nous écrivons ces lignes, aucune information complémentaire n’a filtré de la part de MMC ou de la filiale France, alors même qu’une réunion entre la marque et les partenaires devrait avoir lieu courant septembre. Difficile dans ce cadre d’envisager une action quelle qu’elle soit.

 

 

"Dans un premier temps, nous attendons de voir ce que fera réellement Mitsubishi. Le réseau a reçu une lettre dont le contenu n’est pas clairement explicite. Le constructeur y annonce trois points : qu’il renonce au lancement de trois modèles initialement introduits sur le marché à la fin de l’année, que, pour 2021, les commercialisation se limiteront aux modèles en conformité avec la réglementation européenne, et enfin qu’une continuité de l’approvisionnement de pièces de rechange sur tous les modèles sera assurée pendant 10 ans. On ne sait donc pas si la marque compte se retirer définitivement du marché européen ou mettre en suspens ses investissements. Il va falloir clarifier : s’agit-il d’une renonciation temporaire au développement de la gamme destinée au marché européen ou d’un retrait définitif ?"

 

 

Des négociations en vue

 

 

Deux hypothèses qui appellent inéluctablement à une négociation avec le constructeur. Une réduction temporaire des investissements peut se résoudre par un protocole transitoire qui permettrait d’accompagner les concessionnaires durant cette période. "Le non-lancement de trois SUV pose par exemple au minium le problème des révisons des objectifs pour l’exercice 2021. Aussi, comment respecter d’exigeants standards si la gamme se réduit à deux modèles au lieu de toute une gamme ? Il va falloir voir comment nous pouvons trouver un équilibre contractuel et économique", reprend Maître Bourgeon. En cas de retrait définitif, tout l’enjeu sera de trouver une solution d’arrêt de relation. "Je souhaite pour deux parties que cela puisse se négocier, sinon faudra en débattre juridiquement, ce qui ne semble pas la meilleure voie et même, le dernier recours à employer." Et même si des précédents ont déjà eu lieu, avec Chevrolet et Infiniti, aucun schéma n’est déjà établi, les négociations dépendant de la manière dont le constructeur envisage de se retirer.

 

 

"L’affaire Chevrolet a par exemple généré des tensions abondantes. Le retrait de la marque a été accompagné d’un préavis de résiliation de contrat de deux ans mais ce prévis a très vite été vidé de sa substance au bout d’un mois, alors que le constructeur se désengageait totalement et n’avait déjà plus de stock à importer. Dans le cas d’Infiniti, les discussions sur un protocole de sortie progressive ont très vite été engagées, et des compensations raisonnables octroyées. Sans compter le maintien de l’activité après-vente. Tout dépend de la position du constructeur et des concédants. On ne peut donc préjuger des actions à mener",conclut Maître Bourgeon. A suivre…