Malus : Édouard Bonnefis manifeste son ras-le-bol auprès de Matignon

Trop, c'est trop ! Exaspéré de voir le malus mettre à mal le commerce automobile en France, Édouard Bonnefis a pris son clavier. Le directeur associé de l'enseigne familiale spécialisée dans la revente de voitures d'occasion a rédigé et adressé une lettre ouverte à Sébastien Lecornu, le locataire de Matignon, pour l'exhorter à revoir sa copie.
"Il faut savoir admettre qu'une erreur a été commise et faire marche arrière, soutient le distributeur de Rodez (12), auprès du Journal de l'Automobile. Le malus nous porte préjudice. Dans la réalité des faits, le malus n'oriente pas vers les voitures électriques, mais dissuade les consommateurs d'aller au bout de leur démarche d'achat".
À l'adresse du Premier ministre, il entame ainsi sa lettre : "L'industrie automobile française traverse une crise profonde. Tout le monde en est conscient : nos marges fondent, des entreprises ferment et les licenciements se comptent par milliers". Édouard Bonnefis met immédiatement en cause "un système fiscal et réglementaire devenu d'une complexité insoutenable", que même les services de l'ANTS n'arrivent plus à suivre. "Pour des véhicules identiques, les réponses aux demandes diffèrent", pointe Édouard Bonnefis.
Pour le distributeur aveyronnais, le malus écologique, calculé au gramme près, rend le système imprévisible. De fait, le malus est impossible à prévoir en amont. Si bien que, dénonce-t-il, les points de vente doivent supporter le coût des mauvaises surprises. "Nos marges disparaissent dans une fiscalité illisible", écrit-il au nom des professionnels, comme un résumé de l'absurdité économique du système.
La fiscalité, cette grande absente du rapport sénatorial
Dans un courrier envoyé en parallèle au Sénat, le groupe de distribution Bonnefis Automobile a salué la qualité du rapport remis le 15 octobre 2025. Un document dans lequel les sénateurs tirent la sonnette d'alarme, prédisant "une crise profonde et durable" pour l'industrie automobile. Cependant, aux yeux d'Édouard Bonnefis, la fiscalité est la grande absente de l'étude réalisée.
Aux sénateurs comme au Premier ministre, il recommande donc de renoncer au malus au poids qui viendra ajouter une couche de taxe, qualifiée d'injuste dans la missive. "La taxe au poids pénalise même les véhicules hybrides sans effet écologique réel", critique-t-il la mesure.
Il formule des pistes supplémentaires de réflexion, soit une liste de mesures pouvant être adoptée par le nouveau gouvernement en place, à l'heure de décider du plan budgétaire 2026. L'inspiration pourrait venir d'Espagne, à savoir la mise en place d'un barème simple, lisible, stable et proportionnel au prix du véhicule, garantissant visibilité et équité. Il s'agirait par ailleurs d'aligner la réfaction sur la décote réelle du marché pour éviter les distorsions.
Appel à signer la pétition en ligne
Édouard Bonnefis s'inquiète d'autant plus que le malus va frapper de manière rétroactive, à partir de 2026, les voitures d'occasion qui en avaient été exonérées à la première immatriculation, comme nous l'expliquions clairement en mars. Le rattrapage concernera les exemplaires ayant été achetés à compter de 2015, en France, par des personnes détentrices d'une carte d'invalidité ou appartenant aux corps diplomatiques, par exemple.
Dans l'optique de donner plus de poids à sa démarche, Édouard Bonnefis invite les acteurs de la profession à témoigner leur soutien en signant une pétition qui sera déposée à l'Assemblée nationale. Ses auteurs y dénoncent avant tout la trajectoire que souhaite suivre le gouvernement avec le PLF 2026, notamment l'élévation du seuil de malus au poids à 100 000 euros, dès 2028. À ce jour, un peu plus de 4 400 personnes l'ont paraphée. De toute évidence, ils ne sont pas rares les professionnels, dans le pays, à grincer des dents d'inquiétude.
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