...Sur fond de crise, du 13 au 22 juin dernier, les organisateurs de la douzième édition du Salon de l'occasion qui se déroulait à la Feria de Madrid tentaient d'apporter un peu de soleil dans un ciel très ombragé. A l'issue de la manifestation, 49 % des 3 715 VO exposés ont été vendus, soit, au total, 1 812 véhicules. "Ces résultats, qui ont été établis durant une période relativement délicate pour l'industrie automobile, illustrent l'efficacité de l'événement d'un point de vue commercial mais également comme moyen de redorer l'image des professionnels du marché de l'occasion", affirmaient les membres de l'IFEMA (Institution de la Feria de Madrid) dans un communiqué. 43 129 visiteurs ont été recensés sur la durée de l'événement, un peu moins qu'en 2007 où 45 202 visiteurs avaient fait le déplacement pour un taux de vente de 70 %.
A ce jour, en Espagne, le ratio est de 1,1 VO commercialisé pour un VN, contre 2,7 VO pour 1 VN en 2007 en France, ce qui en fait l'un des plus petits marchés européens de l'occasion. Depuis plusieurs mois, le marché du VO espagnol est également en grosse difficulté et n'éponge pas les pertes sur le neuf. Sur les six premiers, alors même que la crise n'avait pas atteint son pic, il affichait déjà une baisse de 9,2 %. "Du jour au lendemain, les banques ont fermé le robinet, et en Espagne, sans crédits, les gens ne vivent pas. Ils ne peuvent pas davantage se payer un VO qu'un VN. L'espagnol ne peut pas épargner comme en France, les salaires sont plus bas. Puis les informations sont très mal divulguées. Les journaux ne parlent pas de l'économie espagnole", souligne Brigitte Castillon, gérante de la société AutoACBC basée à Barcelone. "Le client espagnol n'achète rien, c'est une crise d'état. Depuis les élections, les gens ont totalement perdu confiance dans le marché. Mêmes ceux qui ont les moyens n'achètent plus. Les Espagnols n'étaient pas préparés. Le secteur du bâtiment et des constructions est le premier à en souffrir, arrive ensuite l'automobile. Seuls les petits garagistes s'en sortent avec les réparations", révèle Jean-Marie Piallasse, gérant de Wagendas S.L, société de courtage implantée à Alicante et qui commercialise du VN et du VO très récent sous le nom de Motor Export.
Les VO espagnols s'exportent bien
Spécialisée dans la vente de véhicules en provenance de concessions espagnoles et à destination de professionnels français (60 % de Citroën), la structure ibérique a dû consentir à quelques efforts pour maintenir ses volumes. "Depuis le début de l'année, nous avons commercialisé autant de voitures que l'an passé sur la même période seulement nous avons réalisé 25 % de bénéfices en moins. En septembre, alors que nous avons distribué 41 unités de plus que l'an passé, nous sommes malgré tout déficitaire de 300 euros sur ce mois. Nous avons baissé toutes nos commissions. L'an passé, on prenait 150 euros par véhicule, aujourd'hui, selon le modèle, on prend entre 90 euros et 140 euros. Nous n'avions pas le choix", illustre Jean-Marie Piallasse. Le dirigeant a dû suspendre, pour une durée indéterminée, son projet de ventes à particuliers espagnols malgré les frais déjà investis dans des bureaux dédiés. "C'est une activité que j'ai en tête et que je ferai, mais tout dépend de la façon dont le marché va évoluer", souligne-t-il. Le gérant n'est pas le plus à plaindre et parvient à limiter la casse grâce aux exportations auprès de professionnels français. "Aujourd'hui, les concessionnaires espagnols comptent sur nous pour vendre des voitures. C'est d'autant plus étonnant que, malgré cela, ils ne font pas de grosses remises. Je ne comprends pas la logique des constructeurs. Au final, des concessions vont peut-être fermer", ajoute Jean-Marie Piallasse.
L'Espagne : le supermarché de l'occasion
La société barcelonaise AutoACBC parvient également à tirer son épingle du jeu grâce à son rayonnement européen et à des prix attrayants. "Nous vendons les véhicules 35 % en dessous de la cote Eurotax. Nous avons toujours vendu à professionnels dans toute l'Europe. L'an passé, entre 40 % et 45 % de nos ventes étaient destinées aux marchands espagnols, ces ventes ont diminué de 50 % en 2008, souligne Brigitte Castillon. Les distributeurs qui ne vendent qu'en Espagne ne s'en sortent pas. Aujourd'hui, c'est notre position européenne qui nous sauve. Nous sommes submergés par les retours de location. Le supermarché de l'auto aujourd'hui c'est l'Espagne". C'est vrai tant que les autres marchés suivent. Consultant au sein de la société bordelaise ACT Consulting, prestataire de service notamment aurpès des marques Nissan et Hyundai en Espagne,
Jean-Louis Tête se veut, lui, plutôt mesuré quant à l'impact de la crise espagnole : "Nous sentons que le marché est chaud, mais à notre niveau, le VO continue de bien se vendre sur les flux inter-pays. La crise espagnole n'a pas impacté le VO mais d'abord le VN. Notre tarification actuelle est la même que depuis début 2008 alors que les difficultés n'avaient pas commencé. Donc pour l'instant, il n'y a pas eu d'effets négatifs sur notre activité, après je ne dis pas que dans un mois la situation n'aura pas évolué", conclut-il.
Photo : En juin, 49 % des 3 715 VO exposés lors du Salon de l'occasion à la Feria de Madrid ont été vendus, une belle performance compte tenu du contexte délicat du marché.