Les concessionnaires s'aventurent à l'international
L’appétit des distributeurs français est devenu sans frontières. Si quelques précurseurs comme les groupes Maurin, RCM, Pautric et CAR Avenue, pour ne citer qu’eux, ont commencé leur internationalisation dans la deuxième moitié des années 2010, c’est aujourd’hui devenu un mouvement de fond.
Car le marché européen de la distribution automobile fait de plus en plus le grand écart. Si le Royaume‑Uni et le nord de l’Europe disposent de géants répartis dans plusieurs pays, ce n’est pas du tout le cas en Belgique, au Luxembourg, en Suisse, en Italie et en Espagne, pays dans lesquels la distribution est encore très morcelée avec de relatives petites entités familiales.
"La distribution belge est en pleine mutation, nous avait confié lors d’une enquête sur la distribution automobile en Belgique, Gianni Nobile, directeur des plaques Nissan, Toyota, Lexus du groupe lorrain CAR Avenue en Belgique. Poussée par les constructeurs, elle connaît de grands mouvements de concentration qui bénéficient en partie aux groupes étrangers. La Belgique est clairement l’arrière‑cour des Français et des Néerlandais."
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Au centre de ce tableau, se positionne donc la France qui dispose de groupes de taille intermédiaire, mais financièrement et culturellement structurés pour partir à la conquête de nouveaux territoires. Le groupe choletais GCA est devenu, par exemple, en quelques années le premier distributeur Toyota de Belgique, tandis que CAR Avenue est numéro un au Luxembourg avec Nissan et Lexus et couvre deux tiers des ventes des marques de l’ex‑groupe PSA.
Ventes des succursales
D’autres profitent du fait que les constructeurs se séparent de leur distribution. C’est le cas, par exemple, des affaires de Rome du groupe Renault (Renault, Dacia et Alpine). Ces dernières ont été acquises par LS Group en mai 2023. Il s’agissait pour le groupe parisien de sa première excursion hors des frontières.
Fin 2021, Renault Retail Group (aujourd’hui Retail Renault Group) avait aussi cédé à BYmyCAR les concessions de Barcelone. BMW a également la même stratégie. En octobre 2021, BYmyCAR, toujours lui, s’est implanté en Italie, une première pour un opérateur français en reprenant les points de vente BMW et Mini de Milan. Cette transaction a été suivie en juillet 2022 par l’intégration des succursales de la marque allemande à Madrid.
Si les pays limitrophes sont pour l’instant le terrain de prédilection des opérateurs français, certains d’entre eux n’hésitent pas à aller plus loin.
Le groupe antillais Citadelle (qui n’a pas répondu à nos sollicitations pour ce top 100) détient 12,5 % d’un distributeur islandais, Askja.
Plus connu de nos lecteurs, le vendéen RCM a franchi la Manche en février 2023 pour acheter une concession Mercedes‑Benz VU au Royaume‑Uni. "Une première qui en appellera d’autres", nous avait confié Ronan Chabot, président de RCM, lors de cet achat.
Stratégie à long terme
Car ce développement à l’international ne va pas s’arrêter là. Le groupe BYmyCAR, qui vise à terme un chiffre d’affaires global de cinq milliards d’euros, est l’un des acteurs les plus actifs sur le sujet. Carlos Gomes, à la tête de Cosmobilis, la maison mère de BYmyCAR, nous confiait récemment que l’international devrait représenter, dans ce plan stratégique, un chiffre d’affaires d’environ deux milliards d’euros, avec une prédilection dans le déploiement vers les pays latins.
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De son côté, CAR Avenue, notamment déjà présent au Luxembourg et dans une moindre mesure en Suisse, poursuit son développement en Belgique. Il vient de réaliser l’acquisition d’un groupe familial commercialisant dans la province de Liège et à Namur, les marques de l’ex‑groupe PSA. Il ne cache pas non plus ses ambitions en Allemagne.
Le perpignanais LG Automobiles compte poursuivre son développement en Espagne, avec une préférence géographique pour la Catalogne, mais ne s’interdit pas un déploiement plus loin de ses terres d’origine comme en Suisse, voire au‑delà.
Car si l’achat de concessions à l’étranger fait partie intégrante d’une stratégie de croissance externe pour les distributeurs français, il ne concerne néanmoins qu’un petit nombre d’entre eux. Car les défis sont importants.
À commencer par les différences culturelles. "Avoir des managers locaux est indispensable, insiste Carlos Gomes. Cependant, les équipes locales sont toujours associées aux managers régionaux afin de réellement implanter le savoir‑faire du groupe." "Nous avons recruté un directeur bien établi localement, mais qui parle également français pour faciliter les échanges, explique Ludovic Garcia, président de LG Automobiles, qui s’est récemment développé à Barcelone en reprenant des sites Mercedes‑Benz. Nous avons aussi mis en place en interne une formation en langue afin de privilégier les échanges entre nos affaires."
La barrière de la langue peut, en effet, être un frein ; c’est pourquoi l’internationalisation des groupes français a commencé en Belgique et majoritairement en Wallonie. Mais, aujourd’hui, cela ne semble plus être un problème.
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