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Distribution

Le secteur du pneumatique serre les dents

Publié le 18 mars 2020

Par Romain Baly
5 min de lecture
Après deux exercices difficiles, les professionnels du pneumatique font désormais face au coronavirus. Plus vigilants qu'inquiets, tous attendent surtout de voir le temps que durera le confinement et en appellent, eux-aussi, à la responsabilité de chacun.
Pour les professionnels interrogés, l'enjeu de cette crise tient essentiellement dans la réactivité du Gouvernement à débloquer les aides promises.

 

La crise des Gilets Jaunes en 2018, les mouvements sociaux fin 2019 et maintenant une crise sanitaire d'une ampleur inédite. Le secteur du pneumatique est confronté depuis un an et demi à de multiples difficultés qui s'ajoutent à la mutation du métier et des technologies. Tous les professionnels se seraient donc bien passés de cette pandémie et du confinement désormais en vigueur qui risque de ralentir durablement leur activité.

 

Manufacturiers et distributeurs s'organisent, tentant d'aborder cette situation de la meilleure des manières. "Notre secteur n’est pas le plus épargné, admet en préambule Régis Audugé, directeur général du Syndicat des professionnels du pneu (SPP). Avant cette crise sanitaire, nous étions déjà très inquiets sur la capacité de certaines entreprises à faire face. Néanmoins, et pour rester positif, notre secteur est plutôt bien structuré par rapport à d'autres. Nous avons des entreprises de bonne taille et des réseaux qui jouent un rôle de support et de soutien important auprès de petites et moyennes entreprises plutôt bien implantées".

 

Un problème transfrontalier pour les manufacturiers

 

Du côté des industriels, Michelin a annoncé dès lundi la mise à l'arrêt de ses usines françaises, espagnoles et italiennes. Une mesure qui impacte 21 sites et 20 000 salariés. La décision a été prise durant le week-end "pour contribuer à l'effort des trois gouvernements de ralentir l'expansion de l'épidémie et pour assurer la protection maximale de nos salariés", indique le manufacturier. En France, seul l'usine girondine de Bassens, "indispensable à la poursuite des activités du groupe dans le reste du monde", échappe à cette fermeture. Goodyear a rapidement suivi le clermontois en indiquant vouloir fermer "temporairement et progressivement ses usines européennes" situées dans six pays. Dans l'Hexagone, les sites d'Amiens, Mulhouse et Riom sont concernés par cette mesure valable "au moins jusqu’au 3 avril prochain".

 

"Participer à l'effort national"

 

Au niveau de la distribution, Norauto a fait le choix dès dimanche soir de fermer l'ensemble de son réseau. Une décision valable pour les succursales et les franchisés "jusqu'à nouvel ordre". Le réseau Siligom adopte quant à lui une autre stratégie. "Nous avons laissé nos adhérents choisir s'ils ouvraient ou s'ils restaient fermer, précise Olivier Pasini, directeur général de l'enseigne. La situation est variable d'une région à une autre et nous estimons que cette décision doit être analysée localement". Gérante d'un centre Midas à Tavers, dans le Loiret, Christelle Millot a, quant à elle, décidé de fermer son point de vente mardi midi. "Nous avons ouvert en début de semaine pour gérer les urgences et permettre à nos clients de récupérer leur véhicule", indique-t-elle. Là-encore, le réseau a laissé ses membres libre de leur choix. "C'est mon mari et moi-même qui avons pris cette décision. Il est de notre responsabilité de ne pas mettre en danger nos employés et nos clients mais aussi de participer à l'effort national", ajoute la gérante.

 

Les trésoreries tiendront-elles ?

 

Patron d'une quinzaine de centres Point S et Norauto dans le Haut-Rhin, une zone particulièrement touchée par le Covid-19, Fabien Rosenblatt a très tôt réorganisé son groupe. "Dès la semaine dernière, nous avons fermé tous nos sites pour n'en laisser qu'un seul d'ouvert. Celui-ci nous permet de gérer les urgences mais aussi les dépannages car beaucoup d'automobilistes ont encore besoin de se déplacer, essentiellement pour des raisons professionnelles, malgré les mesures de confinement." Un service minimum que le chef d'entreprise n'est pas certain de pouvoir assurer encore longtemps, la problématique des stocks demeurant incertaine.

 

Pour les uns comme pour les autres, l'heure n'est toutefois pas à l'inquiétude. "Nos chefs d'entreprise font preuve de sang-froid, confirme Olivier Pasini. Ils sont en attente d'un soutien qu'on leur donne depuis le siège en leur communiquant le cadre légal, les dispositions à prendre s'ils restent ouvert et en leur envoyant quotidiennement une note d'information". "Notre tête de réseau est là pour nous soutenir mais pour le moment il n'y a pas lieu de s'affoler", juge Christelle Millot qui explique avoir la trésorerie pour "tenir jusqu'au 15 avril. Après, on avisera".

 

De belles promesses et une attente de réactivité

 

Fabien Rosenblatt estime quant à lui avoir "deux mois de trésorerie" d'avance pour gérer la situation mais le dirigeant pense que l'équilibre économique du secteur se joue ailleurs. "Tout l'enjeu porte sur la réactivité des aides promises par le gouvernement. Si l'Etat réagit vite, l'impact sera limité. Sinon…" Un sentiment confirmé par Régis Audugé : "La capacité du gouvernement à mettre en œuvre efficacement les mesures promises et ce, pour toutes les entreprises, reste une inconnue". "Ce qui sera fait en termes de reports d’échéances sociales et fiscales, de travail partiel ou d’obtention de lignes de crédits bancaires va dans le bon sens. Mais nous n’en sommes actuellement qu’à l’étape des annonces, souligne le responsable. D’expérience, nous savons que la difficulté survient souvent lors du dépôt des dossiers ou de la demande d’aide et des tracasseries administratives qui vont de pair". Un moment crucial au cours duquel toutes les organisations professionnelles auront un rôle important à jouer.

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