Le marché de la cotation en ébullition
Arrivée discrètement en fin d'année dernière sur le marché de la cotation avec une solution et une approche innovantes, fruit de plusieurs années de réflexion, la société Ootoo s'est rapidement heurtée à certaines barrières. Sur un marché qu'elle juge "fermé à la concurrence", l'entité fondée par Philippe Delafaite a décidé d'employer la manière forte pour faire sa place sur ce secteur et bousculer le paysage.
"Dans le développement de notre « plateforme » de cotation multicotes, nous avions prévu d'intégrer les principaux coteurs du marché automobile. Aussi, nous avions motorisé notre solution avec le référentiel de L'Argus, via un contrat qui permettait d'accéder à cette cote. Notre proposition a séduit le marché. Et fin avril, alors que nous allions entamer notre déploiement auprès de certains groupes de distribution, L'Argus nous a coupé ses accès. Nous avions alors deux solutions : soit dénaturer notre offre et attaquer le marché en nous appuyant sur notre cote et celle d'un autre acteur moins dominant, soit exiger du « coteur dominant » qu'il nous rebranche les tuyaux. Nous avons opté pour cette deuxième démarche, qui nous a fait réfléchir à l'environnement de la cotation", raconte Philippe Delafaite, qui fut directeur des bases de données, des valorisations et du service des cotations à L’Argus de l’automobile de 2003 à 2009.
Ootoo lance "l'appel des 500"
Seulement, les tuyaux n'ont pas été rebranchés et la société a donc décidé de trancher dans le vif en saisissant l’Autorité de la concurrence en juillet 2012. Philippe Delafaite dénonce notamment des "ententes sur les cotes, des collusions, des actions concertées conduisant à une coordination de comportements entre concurrents, des conflits d’intérêts liés aux multiples activités de certains coteurs (infomédiaire, intermédiaire, éditeur de presse, éditeur de solutions informatiques…) ou encore des accès illégaux aux données confidentielles des distributeurs". Afin d'appuyer sa démarche, le dirigeant a également édité en septembre un ouvrage intitulé "Cote servante ou Cote trompeuse ?", dans lequel il pointe les principales failles du marché de la cotation en France.
"Les coteurs leaders devraient être ceux qui sécurisent leur métier et pérennisent leur activité en conduisant la normalisation et la mise en conformité de leurs pratiques. Au lieu d’endosser ce rôle noble, ils perpétuent des pratiques d’un autre temps et érigent des barrières concurrentielles qu’ils pensent infranchissables", indique Philippe Delafaite dans son ouvrage.
Soucieux de proposer un "observatoire des prix des véhicules d’occasion" et un système de cotation "fiable et rigoureux", Ootoo lance "l'appel des 500". Avant la fin de l'année 2012, la société entend accéder aux données de 500 distributeurs automobiles, et leur livrer en contrepartie une analyse de leurs ventes.
"A travers cette adhésion, ils doivent affirmer leur engagement et leur volonté d’adhérer à un système de cotation éthique conçu dans l’intérêt de tous, indépendant et ne subissant aucune influence, parce qu’à l’abri de tous conflits d’intérêts", souligne Philippe Delafaite.
La saisine est en cours d’instruction par l’Autorité de la concurrence, une réponse est attendue dans les prochaines semaines.
- A lire dans une prochaine édition du JTA : un entretien de Philippe Delafaite qui reviendra, en détail, sur le marché de la cotation.
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