L’âme d’un conseiller

...entre la scène et les coulisses à intervalles irréguliers. A l'école, Serge Ruiz étudie les sciences économiques et sociales jusqu'en 3e cycle, à Bordeaux. "Un cursus qui vous apprend tout et rien, mais surtout pas à faire du commerce automobile", plaisante-t-il. D'ailleurs dans ses premières années, il se destine au métier d'enseignant avant de se rétracter très rapidement, insatisfait du plan de carrière qui se dessinait sous ses yeux. A 28 ans, diplôme en poche, il entre donc chez Fiat au poste de conseiller en gestion à la direction générale. A l'époque, ce métier ne nécessitait pas des connaissances particulières en automobile, mais un niveau de compétences élevé. Un profil qui lui convient tout à fait.

Début dans la distribution

Tour à tour, cette fonction qui consiste à produire des résultats analytiques avec les concessionnaires le conduit à assister les directeurs de la région bordelaise, puis rennaise. Il se rappelle avoir contribué à la nomination de garagistes et même de pompistes qui se sont révélés au fil du temps de "parfaits chefs d'entreprise". Vient le début des années 80. Fiat lui propose un bureau à la direction nationale. Le natif de Charente ne se voit pas travailler à Paris, d'autant que sa vie familiale est à Bordeaux. Mais il aime la marque et trouve un terrain d'entente avec elle : il inaugure en 1985 une concession Fiat à Mérignac et devient le deuxième opérateur Fiat sur la scène bordelaise après Gérard De Guitaut. C'est le premier face à face entre les deux hommes. Mais l'échange ne dure que cinq ans et s'interrompt lorsque Serge Ruiz revend son affaire en 1990. Sa vie prend un nouveau virage l'année suivante quand, sur les recommandations de sa banque, il contacte une société de conseil en fusion acquisition, Entreprise et Patrimoine, avec la ferme intention de reprendre une entreprise. Il est finalement embauché pour ses qualités de conseiller. Serge Ruiz est un entrepreneur dans l'âme. Il aime façonner les choses et peut donc se frustrer de voir des investisseurs accomplir leur projet avec son aide.

Créer et laisser diriger

Fin de l'entracte. Il reprend la route de l'automobile et crée un point de vente sous l'étendard Alfa Romeo. "Peut-être faudrait-il que je me fasse psychanalyser sur ce sujet, confesse-t-il, car j'aime imaginer et concevoir un projet, le voir s'achever, mais en revanche la gestion m'intéresse moins". Il délègue les responsabilités. Il laisse la direction de Volvo à Jean-Pierre Buvelot, son associé qu'il avait embauché 10 ans plus tôt chez Fiat. "C'est le père spirituel des équipes toujours en place", insiste-t-il. A la même époque, apparaît Jean-Pascal Brochard, alors à la direction régionale de Volvo. Celui-là même qui participera à la nomination de Cap Nord Automobiles à Mérignac, prendra la direction du site, sept ans plus tard, en 2003 en lieu et place de Jean-Pierre Buvelot. Serge Ruiz prend de la hauteur et s'implique dans le groupe Sipa de… Gérard De Guitaut, son rival du second acte. Il occupe le poste de P-dg sous l'égide du fils de la famille. Il s'épanouit à mettre en application son expérience dans le conseil. En "brainstorming permanent", il trouve un nouvel homme de confiance qu'il charge de la partie opérationnelle. En effet, il partage tout ou presque avec Hubert Gerardin, le responsable financier. "L'entreprise doit passer avant les hommes et je dois trouver un successeur à la hauteur si nous voulons faire de Sipa un groupe incontournable de la région sud-ouest", confie ce père de famille qui prépare déjà, dans un coin de sa tête, son dernier projet : le tombé de rideau et le départ à la retraite.

Photo : Serge Ruiz, P-dg du groupe Sipa.