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Distribution

La profession de foi “écolo” de Toys Motors

Publié le 19 juin 2009

Par David Paques
8 min de lecture
Le 11 juin dernier, Ronan Chabot a posé la première pierre de ce qui s'apparente comme la future 1re concession "verte" en Europe. Le distributeur Toyota a choisi La Rochelle pour mener un projet particulièrement osé : celui d'une...
...concession énergétiquement autosuffisante, ou presque.

Au premier regard, cette concession montre à chacun le souci d'une empreinte écologique maîtrisée. La diversité biologique qui borde les lieux, les mûrs de végétation qui cloisonnent l'atelier, le gazon qui couvre la structure et les véhicules qui dorment sous une structure de panneaux photovoltaïques sont autant d'éléments inédits dans la profession. Pour l'heure, ce n'est malheureusement qu'une image. Plus qu'une ébauche, c'est un projet qui a pris définitivement corps le 11 juin dernier à La Rochelle. Ronan Chabot, président-directeur général de Toys Motors et initiateur de ce pari, accompagné de Michel Gardel, président de Toyota France et de quelques élus locaux, ont en effet posé le 1er parpaing écologique du bâtiment. Des fondations qui laissent augurer de belles promesses.

Conforme aux normes BREEM, plus poussées que celles HQE

Le souci de réduire sa consommation de CO2, entre autres, ou de minimiser l'impact environnemental de ses activités de manière plus générale, est une idée qui fait son chemin. Au point que de grandes multinationales, au rang desquelles certains constructeurs, en ont désormais fait leur cheval de bataille, leur bonne conscience, ou un axe de communication. Ronan Chabot, entrepreneur local et sportif émérite en a, quant à lui, pris conscience il y a quelques années déjà. Lorsqu'il rachète cette concession de La Rochelle en 2005, l'investisseur a déjà une idée derrière la tête. Il sait que des travaux doivent être entrepris. En 2006, Ronan Chabot monte un premier projet dans lequel cette priorité environnementale transparaît. Puis il mûrit son idée. En mai 2007, le distributeur s'en va présenter son projet à Toyota France, pour qui l'initiative fait écho au développement de ses produits. "Nous avons voulu aller plus loin", se souvient Michel Gardel. Avec le concours et l'aval de la marque, le projet devient pilote au niveau européen et dépasse, voire surpasse, les concessions vertes en construction à Malmö, en Suède, puis à Salzbourg, en Autriche.

"Nous avons travaillé sur trois axes. Le projet devait être rentable et adaptable pour l'activité automobile, cette éco-concession devait être visible et reconnaissable, puis nous devions aller plus loin que les normes HQE", détaille Ronan Chabot. Cahier des charges rempli semble-t-il, puisque cette structure s'appuie en effet sur les normes britanniques BREEM, plus poussées que les normes HQE. C'est du reste ce qui permet à la structure d'être éligible à certaines aides européennes. Sur le sujet, les études sont en cours. L'opérateur, lui, n'a pas attendu d'être épaulé financièrement pour agir. Ainsi, les travaux ont déjà débuté. A commencer par le déménagement du centre technique municipal d'Aytré d'une centaine de mètres. Opération menée afin, précisément de rendre l'ensemble "visible" depuis la rocade principale qui mène à l'entrée de La Rochelle. Le futur ensemble est en effet en lisière de la cité portuaire charentaise. A Aytré, précisément. Besoins fonciers obligent. Les 5 200 m2 de surface du bâtiment, comprenant le showroom Toyota, le hall Lexus, l'atelier puis le centre de préparation VN-VO pour les 7 concessions alentours du groupe Chabot, s'étendront ainsi sur un terrain de trois hectares.

Des économies à tous les étages

Ce qui rend la future concession Toyota de La Rochelle si remarquable, c'est que Ronan Chabot n'a rien laissé au hasard. Aucun domaine n'échappe à ce souci de minimiser les effets de la structure sur l'environnement. Côté électricité d'abord. Entre les concessions et le centre de préparation, des rangées de toitures surmontées de panneaux voltaïques abriteront les véhicules en stock. Au total, l'installation des panneaux solaires atteint une superficie de 2 000 m2. De quoi produire annuellement 300 000 kW, quand la concession n'a besoin que de 150 000 kW par an. "C'est une structure à "énergie positive" explique l'architecte. Bien évidemment, la structure n'utilise pas l'électricité qu'elle produit. La procédure en vigueur oblige en effet l'opérateur à revendre sa production d'électricité à EDF, au tarif avantageux de 60 centimes d'euros le kW. Un gain évident puisque le distributeur rachète ensuite l'électricité 5 fois moins cher (12 centimes). "Nous allons amortir le surcoût de l'opération sur 15 à 20 ans", explique Ronan Chabot. Malgré un coût de 2,6 millions d'euros, l'installation photovoltaïque devrait ainsi être bénéficiaire de 14 000 euros par an. Côté électricité toujours, les showrooms réaliseront également une économie de 30 % sur leurs consommations d'éclairage grâce, entre autres, à l'emploi d'ampoules basse consommation.

Derrière l'atelier, des murs de végétation vont être déployés afin de filtrer les émissions de CO2 produites par les véhicules en réparation. Couplé au toit "végétalisé", la charpente en bois et tout le travail sur l'isolation, le procédé devrait permettre 72 % de réduction de consommation de CO2 par m2, soit une économie de 16 tonnes par an. Du reste, une pompe à chaleur géothermique (eau/eau réversible), assurera la production calorifique et frigorifique du site, entraînant un gain de 50 % sur les consommations de chauffage par rapport à un système traditionnel. Mais, grâce à l'utilisation supplémentaire de puits canadiens, qui ont la particularité de réchauffer en hiver et de rafraîchir en été, la concession réalisera une nouvelle baisse de 10 % de ses consommations de chauffage, puis une économie de 50 % sur ses consommations de rafraîchissement.

L'eau n'échappe pas à cette cure. La constitution d'une zone de récupération des eaux de pluie destinées au lavage des véhicules, à l'entretien des espaces verts et des sanitaires va quant à elle permettre une réduction de 50 % de la consommation d'eau par véhicule. De nouveaux capteurs photovoltaïques seront également installés pour la production d'eau chaude. Une solution elle aussi 50 % plus vertueuse qu'un système de chauffe-eau traditionnel.

Enfin, les employés eux-mêmes, ils seront 25 dans la concession, auront tous droit à une formation pour voir de quelle manière il leur est possible de rendre leurs différentes tâches quotidiennes plus "éco-citoyenne". Des formations pour lesquelles une réduction d'énergie de 3 à 10 % est espérée.

Un surcoût de 10 % par rapport à un projet normal

L'investissement s'élève à 10,4 millions d'euros. Une somme à laquelle il s'agit de défalquer les aides européennes et régionales puis le photovoltaïque. "Ce projet coûte environ 10 % de plus qu'un projet normal", précise Michel Gardel. Annuellement, le loyer de la seule partie réservée à Toyota devrait ainsi s'élever à près de 300 000 euros. Bien loin des 75 000 euros que coûte la structure actuelle de La Rochelle à Ronan Chabot. "A volume équivalent, cela nous donne un différentiel de 350 à 400 euros par voiture", précise-t-il. Une somme à laquelle vont s'ajouter les
120 000 euros annuels pour le loyer Lexus, absent pour sa part de l'ancienne structure, puis 110 000 euros annuels du centre de préparation.

Initialement, un showroom Porsche devait également trouver sa place au sein de cette éco-concession. Mais la construction de celui-ci a été repoussée de quelques mois. Ronan Chabot devrait en effet attendre une année avant d'adjoindre la marque allemande à cet ensemble japonais.
Le démarrage des activités pour cette concession d'un nouveau genre est prévu pour le 1er semestre 2010. "La fin du 1er trimestre", livre même Ronan Chabot. Et pour le futur outil de Toys Motors, l'investisseur affiche une ambition mesurée. L'actuelle concession Toyota de La Rochelle a immatriculé l'an dernier 500 VN et 500 VO. Une fois les travaux achevés, le distributeur entend atteindre les 600 VN et 600 VO. "Avec un outil comme celui-là, si nous ne parvenons pas à faire 600 Toyota, plus 100 Lexus, nous devrons changer de métier", annonce même Ronan Chabot. "Nous sommes partis sur un business plan assez conservateur. Je suis sûr qu'il peut gagner plus", estime lui aussi Michel Gardel. Le président de Toyota France qui garde, bien évidemment un œil attentif aux résultats de la structure. "Si le business model est viable, nous essaierons alors de le dupliquer", annonce en effet Michel Gardel.

FOCUS

Le groupe Chabot en chiffres

• Marques représentées : Toyota, Lexus, Mercedes, Porsche

• Implantations : 16, 17, 33, 37, 49, 85

• Nombre de sites Toyota : 10

• Volume VN 2008 : 9 000

• CA 2008 : 230 M euros

• Effectif : 475

ZOOM

Toyota lance le programme "concession verte"

Bien évidemment en phase avec Ronan Chabot sur le sujet, Toyota France profite du lancement officiel des travaux sur le site d'Aytré pour lancer sa campagne "concession verte". Le constructeur entend en effet, dans le cadre de toutes les nouvelles créations ou grands chantiers de rénovation de son réseau hexagonal, inciter les distributeurs à prendre une série de mesures pour minimiser l'empreinte énergétique des structures de distribution. De l'éco-construction, à l'isolation, la production d'électricité via des panneaux solaires de toiture, ou la réutilisation des eaux de pluie. Toyota France réalisant pour chaque chantier des audits sur site. Le but : adapter le Kaizen à la problème énergétique actuelle. Depuis le 1er avril, chaque nouveau site doit ainsi être aux dernières normes Haute Qualité Environnementale (HQE).

Photo : A 42 ans, Ronan Chabot est le 4e distributeur Toyota en France. Toys Motors a immatriculé l'an dernier 2 500 Toyota.

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