Fabrice Godefroy, IDLP : "Comment ne pas être inquiet face à cette situation hors-norme ?"
Comment le groupe IDLP fait face à la crise ?
Dès le début du confinement, dès que nous avons eu la certitude de faire partie des entreprises considérées comme essentielles, nous nous sommes organisés pour assurer un service minimum, tant sur le plan de la distribution de pièces que de la réparation. Nous savions, et l'expérience nous le prouve, que des personnes auraient besoin de faire réparer leur véhicule et qu'il faudrait répondre à ces demandes. Aujourd'hui, sur la base du volontariat, nous avons entre 10 et 15 % de notre personnel qui est mobilisé. Avec le soutien de nos managers, nous avons adopté une organisation dédiée qui est réévaluée quotidiennement avec une réunion de direction qui se tient chaque matin à 11h20 précise ! L'idée étant d'avoir un maximum de services avec un maximum de sécurité pour notre personnel et nos clients.
"Revenir plus fort"
Concrètement, qu'avez-vous mis en place ?
Dans nos magasins, nous avons déjà fourni à notre personnel, en fonction de nos possibilités, des masques, des gants et du gel hydroalcoolique. Ensuite, nous avons fait en sorte qu'il n'y ait plus de croisements entre les entrées et les sorties des pièces et donc, entre les salariés. C'est un ballet sanitaire en quelque sorte. Avec la diminution de l'activité et du personnel mobilisé, nous avons aussi des sites surdimensionnés, les gens peuvent facilement travailler sans proximité. Sur la partie distribution, nous avons fermé tous nos comptoirs et, pour les livraisons, elles se font en sas la plupart du temps. De même, nous sommes passés de quatre à une tournée quotidienne et nos chauffeurs ne prennent plus les retours. Enfin, sur la partie réparation, pour rester disponible sans mobiliser trop de monde, nous avons déployé une hotline. Tous nos responsables d'atelier se tiennent prêts pour accueillir les clients.
Quel est l'impact de cette crise sur votre activité ? Êtes-vous inquiet ?
C'est assez variable selon les activités mais globalement, sur l'ensemble du groupe, nous avons gardé environ 30 % de notre chiffre d'affaires comparé à l'avant crise… Contrairement à d'autres secteurs où tout est à l'arrêt, nous avons la chance de pouvoir maintenir un minimum d'activité, essentiellement pour une question de service, mais ce minimum ne suffira pas. Quand vous perdez 70 % de votre activité, vous êtes forcément inquiet. Comment ne pas l'être face à cette situation hors-norme ? Nous avons la chance d'être une entreprise familiale et nous avons toujours été raisonnables. Nous comptons donc sur cette structure et sur les aides promises par l'Etat pour nous en sortir et revenir plus fort. A court terme, nous voulons surtout qu'aucun de nos employés ne tombe malade.
"Ouvrir le débat bien au-delà de l'automobile"
Selon le dernier rapport d'Airparif, si le confinement a permis d'améliorer sensiblement les émissions aux oxydes d’azote en Ile-de-France, celles des particules fines restent très élevées. En tant qu'expert mobilité et environnement de 40 millions d'automobilistes et défenseur invétéré du diesel, quel regard portez-vous sur ce résultat ?
L'étude de la pollution atmosphérique en ce moment est très intéressante. Un pic de pollution aux particules fines a été observé les 27 et 28 mars dernier en Ile-de-France, par Airparif, mais aussi en Bretagne et dans les Hauts-de-France. En parallèle, les émissions d'oxydes d'azotes ont reculé de 30 % mais cela reste finalement peu au regard de la situation. Dans un moment aussi unique que celui du confinement et alors que la circulation est quasi-nulle sur nos routes, je trouve ce résultat assez étonnant. Ce n'est vraiment pas le moment de polémiquer mais nous voyons que même quand les véhicules ne roulent pas, la pollution reste très élevée. Et c'est tout sauf une surprise car généralement à cette période de l'année, il fait froid et nous avons des vents d'Est qui ramènent des particules. Tout ceci me fait dire que, si en temps normal nous aurions eu tendance à viser encore l'automobile, les 70 % de la pollution encore observée prouvent bien que ce sujet est lié à de multiples facteurs, comme les centrales à charbon implantées en Europe de l'Est ou encore l'épandage agricole.
Sans faire preuve de cynisme, jugez-vous que cette pandémie est susceptible, à long terme, de rééquilibrer le débat autour du diesel dans l'opinion publique ?
Cette situation totalement inédite nous permet d'avoir de nouveaux éléments d'analyse sur cette question. Encore une fois, il n'est pas question de polémiquer mais j'espère que cela permettra d'ouvrir le débat bien au-delà de l'automobile. On nous explique actuellement que nous avons peut-être trop délocalisé notre industrie et qu'il faudrait que ça change. C'est très bien mais il faut comprendre que lorsque nous délocalisons nos usines en Chine, par exemple, nous délocalisons aussi notre pollution. Tout le monde convient qu'il faut rapatrier certaines industries mais on oublie trop souvent ce que cela implique. Il faudra donc aussi rapatrier les éventuelles sources de pollution. Cela engage un débat beaucoup plus profond qui ne se limitera pas à l'automobile.
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