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Christophe Rollet (Point S) dénonce les propos du président du Medef

Publié le 15 avril 2020

Par Romain Baly
3 min de lecture
Le directeur général de l'enseigne Point S n'a pas du tout apprécié les déclarations de Geoffroy Roux de Bézieux portant sur sa vision de l'après-crise. Christophe Rollet estime cette intervention déconnectée de la réalité et juge que l'ultra-libéralisme n'est pas une solution.
"Le moment difficile que nous traversons doit être accompagné de façon responsable et non par de grandes déclarations qui ne servent que de coups médiatiques", affirme Christophe Rollet.

 

Geoffroy Roux de Bézieux a beau être le "patron des patrons" en tant que président du Medef, sa voix n'a pas valeur de vérité absolue. Ses propos, tenus le week-end dernier chez nos confrères du Figaro sur sa vision de l'après-crise, ne sont pas passés inaperçus et certains patrons lui reprochent vertement. "L'important, c'est de remettre la machine économique en marche et de reproduire de la richesse en masse, pour tenter d'effacer, dès 2021, les pertes de croissance de 2020", jugeait ainsi celui qui a pris la relève de Pierre Gattaz en 2018.

 

Pour ce faire, "il faudra bien se poser la question tôt ou tard du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire" estime Goeffroy Roux de Bézieux qui, depuis, est revenu sur ses propos. Connu pour son franc-parler et ses prises de positions contre le travail du dimanche (en 2009) ou contre l'ouverture des commerces la nuit (en 2019), le directeur général de Point S a pris la plume, ou plutôt le clavier, pour dénoncer la sortie du premier représentant du Medef.

 

"Le président du Medef ne représente pas l'opinion actuelle de bien des dirigeants"

 

Des déclarations "malvenues" voire même "déplacées" qui montrent, selon Christophe Rollet, "que ces représentants du patronat sont trop déconnectés de la réalité que nous vivons tous". "Le président du Medef ne représente pas l'opinion actuelle de bien des dirigeants. Et il participe à dégrader encore davantage l'image des patrons", ajoute-t-il.

 

"Tout d'abord, le moment est mal choisi. Car la crise sanitaire n'est pas terminée. Personne ne sait encore à quel moment nous allons pouvoir reprendre une activité économique quasi normale, et quel sera, à ce moment-là, le degré d'affaiblissement de nos entreprises. Il n'est pas du tout certain que l'activité nécessitera alors de travailler davantage", développe le dirigeant. Pour lui, le moment n'est pas "aux divisions" entre employeurs et salariés.

 

Des décisions qui ne créent ni de marges, ni d'emplois supplémentaires

 

"De plus, que signifie la notion de sur-travailler ? chère à Geoffroy Roux de Bézieux, s'interroge Christophe Rollet. Elle est bien trop imprécise. Elle ne fait qu'apporter de la confusion et de l'appréhension auprès des travailleurs, qui sont souvent déjà touchés par la crise. […] Ces décisions ultra-libérales ne créent ni de marges supplémentaires, ni d'emplois. Travailler plus se traduit en revanche par des conditions de travail détériorées pour les collaborateurs (arrêt de travail, perte de productivité...). Ce qui sera nuisible, au final, pour l'entreprise et son image auprès de ses clients".


"Il est temps que les partenaires représentant salariés comme patronat se mettent à travailler ensemble, plutôt que de s'opposer. Le moment difficile que nous traversons doit être accompagné de façon responsable et non par de grandes déclarations qui ne servent que de coups médiatiques sans apporter aucune solution, c'est ce que les salariés et les chefs d'entreprise attendent avant tout", conclut-il.

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