Le marché américain patine
Les grands constructeurs automobiles américains ont annoncé jeudi une baisse de leurs ventes en février, en raison d'un net recul de la demande auprès des particuliers confrontés à une remontée des taux d'intérêt et attirés par des véhicules d'occasion bon marché. Environ 1,3 million de véhicules neufs ont été écoulés le mois dernier sur le marché américain, en baisse de 2,4 % sur un an, selon le cabinet Autodata, qui compile les données de l'ensemble de l'industrie. Le chiffre exprimé en données annualisées corrigées des variations saisonnières (SAAR) est de 17,08 millions de voitures, en baisse de 2,1 %.
General Motors (GM), le premier groupe automobile du pays, a vu ses ventes de véhicules neufs diminuer le mois dernier de 6,9 % sur un an, à 220 905 unités, principalement à cause d'un recul de 10 % chez les particuliers comparé à "un mois de février 2017 exceptionnellement solide". "Les consommateurs ne perçoivent pas encore l'impact de la réforme fiscale et des crédits d'impôts, explique Mustafa Mohatarem, chef économiste chez GM. Nous anticipons une hausse des dépenses des consommateurs quand les baisses d'impôts se refléteront dans leurs paies." En attendant, GM peut compter sur les ventes aux professionnels (loueurs, entreprises, municipalités) qui ont, elles, augmenté de 7 %, grâce aux utilitaires et autres véhicules commerciaux. Si les ventes des pick-up et des SUV demeurent en général stables, les modèles Chevy Silverado et le pick-up GMC Sierra, dont des nouvelles versions sont attendues dans les prochaines semaines, ont connu un mois difficile. Charlie Chesbrough, économiste chez Cox Automotive, anticipait les plus mauvaises ventes d'un mois de février depuis trois ans. "Février est traditionnellement le pire des trois premiers mois de l'année en termes de ventes de véhicules neufs car tout le monde attend le printemps", explique-t-il.
Ford, le deuxième constructeur américain, a pour sa part enregistré un déclin de ses ventes de l'ordre de 6,9 %, à 194 132 véhicules neufs écoulés en février, dont une baisse de 8,5 % des ventes aux particuliers. Comme depuis plusieurs mois, les ventes des pick-up et SUV de la gamme F-Series sont en hausse (+1,2 %), alors que les ventes des berlines et citadines ont encore chuté (-12 %). Cette tendance confirme l'intérêt des consommateurs américains pour les grosses voitures sur fond de prix de l'essence à la pompe raisonnables.
Chez FCA US, le recul des ventes a été de 1 %, à 165 903 véhicules neufs écoulés le mois dernier. La marque Jeep (+12 %) a permis de compenser les dégâts causés par la stratégie du groupe de réduire la part des véhicules vendus aux entreprises, agences gouvernementales et loueurs. Chez les constructeurs étrangers, Nissan a vu ses ventes baisser de 4,3 %, à 129 930 véhicules, alors que Toyota et Volkswagen ont déjoué les pronostics. Les ventes ont en effet augmenté de 4,5 %, à 182 195 véhicules neufs vendus chez le groupe japonais, et de 6 %, à 26 660 unités chez le géant allemand. Idem dans le haut de gamme où Mercedes-Benz (+2,8 %, à 27 788 unités), BMW (+4,2 %, à 23 508) et Audi (+12,4 %, à 15 451) ont enregistré une hausse de leurs ventes.
Les groupes automobiles ont réduit leurs promotions le mois dernier : le prix moyen de la transaction pour un véhicule neuf était de 35 444 dollars, en hausse de 2 % sur un an, a calculé le cabinet Kelley Blue Book. Après des années record depuis 2009, les ventes de voitures neuves ont diminué pour la première fois en 2017, de l'ordre de 2 %, à 17,23 millions d'unités écoulées. Un recul est également attendu cette année en dépit de la solidité de l'économie américaine. Elles pâtissent, selon les experts, d'une saturation du parc automobile américain, de la remontée des taux d'intérêt et de la concurrence du marché des véhicules d'occasion. Le taux d'intérêt d'un crédit automobile était d'environ 5,2 % en février contre 4,9 % en 2017, ce qui a conduit à une hausse des mensualités, avance le cabinet Edmunds.com. "Les futurs acquéreurs de véhicules regardent de près leurs mensualités", souligne Jessica Caldwell, experte chez Edmunds. (AFP)
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