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2015 s'annonce déjà mal en Russie

Publié le 16 janvier 2015

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
Le prometteur marché russe n'en fini plus de dégringoler. Et ce n'est pas fini puisque les constructeurs s'attendent à une chute de 24% du marché en 2015.

(AFP)

Les constructeurs automobiles présents en Russie, où ils ont investi massivement ces dernières années, ont prédit jeudi une année noire avec une chute de 24% des ventes de voitures sur ce marché en raison de la crise économique et de la chute du rouble.

"L'année sera compliquée", a prévenu lors d'une conférence de presse Joerg Schreiber, responsable du comité automobile de l'Association of European Businesses (AEB), qui réunit les constructeurs. "Personne ne doute qu'il y aura une crise, la question, c'est quelle sera son ampleur et sa durée", a-t-il poursuivi.

Les grandes marques occidentales et asiatiques ont placé de grands espoirs dans la Russie, destinée selon eux à devenir le premier marché en Europe. Après avoir atteint des niveaux record en 2012, les ventes avaient commencé à se replier dès le printemps 2013, mais le mouvement a tourné à la déroute avec la crise ukrainienne et l'adoption de sanctions occidentales contre Moscou. En 2014, les ventes de véhicules légers et utilitaires neufs ont ainsi reculé de 10,3%, à 2,49 millions d'unités, selon les statistiques de l'AEB. Le marché russe s'est maintenu de justesse à la deuxième marche du podium européen, derrière l'Allemagne et tout juste devant le Royaume-Uni, mais si les prévisions des constructeurs se réalisent, il devrait perdre cette place cette année.

Le numéro un du marché, le russe Lada (groupe Renault-Nissan), a subi une chute de 15% de ses ventes sur 2014, devançant Kia (-1%), Renault (-7%), Hyundai (-1%), Nissan (+11%) et Toyota (+5%). Les marques des grands groupes américains, Ford (-38%), Chevrolet (-29%) et Opel (-20%) ont été durement touchées, comme plus bas dans le classement les françaises Citroën (-31%) et Peugeot (-38%).

Situation 'imprévisible

L'effondrement du rouble (-41% face au dollar en 2014) a eu cependant un effet paradoxal en fin d'année, les clients se ruant vers les concessionnaires pour acheter des véhicules, surtout importés, se préparant à de fortes hausses de prix. Par conséquent, le marché a connu un mois de décembre record avec des ventes en hausse de 2,4% par rapport à décembre 2013 et de 18% par rapport à novembre 2014. Mais les constructeurs ont effectivement multiplié les annonces de hausse de prix ces derniers jours: environ 20% pour Toyota ou encore 8% à 9% pour Lada, qui produit pourtant localement.

"Nombre de nos fournisseurs achètent leurs pièces à l'étranger", a expliqué Bo Andersson, le patron d'Avtovaz, qui produit les Lada, dans un entretien au journal Kommersant. Le dirigeant a indiqué que le constructeur avait accusé une perte opérationnelle sur 2014.

Vu les bons chiffres de la fin d'année, les constructeurs s'attendent à une rechute spectaculaire au premier trimestre. "Le début de l'année sera très mauvais", confirme Vladimir Bespalov, analyste de VTB Capital. "Les consommateurs vont avoir besoin de temps pour s'adapter aux nouveaux prix, environ six mois". Pour la suite de l'année, "la situation est imprévisible et peut être que la prévision d'une chute de 24% se révèlera optimiste: on ne sait pas comment vont évoluer l'économie, le cours du rouble, le prix du pétrole", poursuit-il.

Les mois à venir s'annoncent d'autant plus difficile que l'accélération de l'inflation, qui pourrait atteindre selon le gouvernement 17% à 20% au printemps, plombe le pouvoir d'achat des ménages. Prendre des crédits est devenu en outre très coûteux avec la hausse de taux décidée mi-décembre par la banque centrale pour défendre le rouble, répercutée par les banques.

Malgré la situation, pour les constructeurs étrangers, "il n'est pas question de partir", a assuré M. Schreiber. "Pour les nouveaux projets, on peut s'attendre à une certaine retenue de la part des investisseurs, mais les projets déjà engagés se poursuivent".

Le journal Kommersant révèle jeudi 15 janvier que le spécialiste des ventes d'occasion AAA Auto, basé en République tchèque, a décidé de cesser ses opérations en Russie, où il s'était implanté il y a trois ans, en raison de la crise actuelle.

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