Visite du hall 1 avec Patrice Franke
Un premier stop sur le stand Renault
“D’une manière générale, les commentaires sont peu amènes sur Renault en ce moment. Pourtant, la nouvelle génération de Mégane est intéressante. En revanche, ils ont des difficultés à faire des tri-corps, peinant à trouver l’équilibre qu’ils maîtrisent sur les bi-corps. Concernant la Latitude, elle manque assurément de caractère… La Fluence est plus pertinente dans la mesure où elle reprend des caractéristiques du style coréen d’il y a dix ans”.
“D’une manière générale, au-delà de Renault, les véhicules électriques doivent montrer l’avenir, mais le design ne doit pas ressembler à un caddy de supermarché. Quelle que soit la technologie avancée que vous voulez mettre en avant, il y a des codes de design dont vous ne pouvez pas vous émanciper brutalement. Sinon, ça ne passe pas, tout simplement, surtout sur le marché du particulier. Le design est un critère essentiel dans l’achat et VE ou non, tous les constructeurs devront respecter certains équilibres”.
Petit détour chez Nissan
“Voici donc le Juke… Selon l’angle de vue, on peut penser soit à une libellule soit à une grenouille… ça part un peu dans tous les sens, c’est un peu “too much”… Les chances de succès en année 1 et 2 sont importantes, mais après… Le risque de lassitude est important. Cependant, si les tarifs sont accessibles, ça peut fonctionner, comme citadine et/ou comme deuxième voiture”.
Un break au stand Peugeot
“La 508 est vraiment intéressante, notamment le break qui se distingue par son homogénéité. Sur la berline, en termes de style, on peut avancer quelques objections. Le porte-à-faux avant est très prononcé, mais les équipes ne s’en sont pas trop mal tirées par rapport aux contraintes de la traction avant et du choc piétons, et à mon sens, la malle arrière à la Chris Bangle est un peu dépassée. En revanche, la finition intérieure est d’une excellente qualité : c’est propre et orienté conducteur avec un juste équilibre. La marque a fait un réel pas en avant dans ce domaine. En outre, l’habitabilité est au top niveau”.
“Le HR1 est aussi très intéressant et le concept, séduisant en diable, appelle naturellement une extension électrique. Les proportions sont très belles, avec notamment les pneus bien alignés sur le passage d’aile, et pas en retrait comme on le voyait souvent il y a encore peu de temps. Quant aux pneus imposants, c’est important au regard du style car cela véhicule la sportivité, une sportivité que l’on ne pourra plus forcément retrouver sous le capot”.
“Peugeot revient à ses fondamentaux, ce qui est une bonne chose, car ils étaient devenus leur propre caricature avec certains modèles”.
Long arrêt chez Citroën
“La C4 est très aboutie, alors qu’on pouvait avoir un peu peur de l’écueil d’une version définitive trop mainstream par rapport au concept. Sans révolutionner, c’est une voiture qui rassure, qui transmet de l’homogénéité, de la solidité, ce qui n’est pas le moins important pour la marque. On sent aussi des choix bien mesurés qui devraient permettre au style de bien vieillir”.
“Dans l’homogénéité d’ensemble et la qualité perçue, il y a effectivement quelque chose d’Audi. Surtout que la nouvelle C4 est dénuée de fioritures et qu’elle tire sa personnalité de ses lignes de lumière”.
“Sur la DS4, l’approche est différente, ce qui est légitime et on sent que les stylistes ont plus forcé le trait, en mettant plus de maquillage, comme on dit. Le résultat est positif, mais il reste à voir la résistance du modèle dans le temps. C’est l’équation qui se pose à tous les constructeurs : concevoir une voiture qui soit moderne, voire différente, à son lancement et qui ne se démode pas trop dans la suite de son cycle de vie. Le design racoleur, qui peut séduire sur le moment mais pas au-delà, n’est jamais bon. Ni pour l’image, ni pour le business ni pour les valeurs de reprise. C’est la seule crainte qu’on peut avoir pour la DS4, même si son volume de ventes la prémunira en partie contre l’effet de lassitude et si son positionnement exige une proposition typée”.
“Pour un réseau, un modèle comme DS4 est forcément excitant ! La difficulté consiste à réussir à accueillir des nouveaux clients, venant d’autres marques avec d’autres exigences. Mais l’appel provoqué par le produit sera forcément très fort, surtout si la marque parvient à attirer les leaders d’opinion, ce qu’elle commence à savoir faire. En outre, la marque dispose désormais d’une offre moteurs performante et fiable, ce qui n’était pas toujours le cas il y a des années”.
“Le concept Lacoste est une bonne illustration des concepts qui n’ont aucune chance d’aboutir. Même si l’intérêt des concept-cars n’est plus à démontrer, il faut aussi se poser la question des budgets et de la façon dont on dépense son argent. Les concept-cars trop gratuits sont-ils dès lors légitimes ? Ceci dit, ce type d’exercice peut être utile en interne, dans le management des équipes de style, ou pour tester des idées auprès du grand public, à la manière de certains tests cliniques”.
Quart d’heure hindou avec le Range Rover Evoque
“Il s’agit d’une proposition intéressante et qui plaira, à n’en pas douter. Reste à voir leurs objectifs en volume, car la voiture est tout de même assez radicale, et leur pricing. Ce qui est sûr, c’est que c’est un modèle sur-mesure pour séduire les leaders d’opinion et les rallier à la marque. De surcroît, cela relance la marque en lui ouvrant un nouveau territoire. C’est intéressant par rapport à l’histoire récente de la marque”.
Conclusion sino-scandinave chez Volvo
“La S60 fait vraiment valoir un bel équilibre, notamment le break. Là encore, comme pour Range Rover et ses capitaux indiens, il va être intéressant de voir si les Chinois seront capables de redonner une nouvelle vie à la marque. Ce que n’ont pas réussi les Américains… Bref, le modèle bénéficie d’une très belle homogénéité et pour une fois, il affiche aussi une jolie touche de sportivité. Volvo cherche la bonne alchimie depuis longtemps, mais il leur fallait prendre garde à ne pas écorner leur excellente image de solidité et de sécurité. La marque était donc parfois trop rationnelle. Mais les équipes savent que l’émotionnel est aussi important et ils ont trouvé la juste mesure sur cette nouvelle génération de S60. De plus, le traitement de la poupe de la berline, parfois problématique chez eux, a fait l’objet d’un travail spécifique et subtil. En somme, si le reste, motorisations et trains roulants notamment, est au diapason, le modèle se pose en vraie alternative aux marques allemandes”.
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