Vincent Salimon, BMW : "Nous nous concentrerons sur la multimodalité"

JA. A la suite d'une vaste étude dévoilée le 17 septembre dernier, vous avez publié un livre blanc sur la mobilité en France, il y a quelques semaines. Les résultats vous ont-ils surpris ?

Vincent Salimon. Ce livre blanc a été l'opportunité d'écouter ceux qui ne sont jamais écoutés, à savoir les automobilistes eux-mêmes. Souvent, il y a des concertations, mais elles invitent des politiques et des experts que je qualifierais d'ancienne génération. Nous avons tenu à solliciter des regards nouveaux avec des représentants de start-up de nouvelles mobilités. Il n'y a pas eu beaucoup de surprises, mais des confirmations. Et les résultats de l'étude vont servir à apporter des réponses à ces acheteurs de voitures vivant hors des grandes villes, qui pèsent pour 60 % des clients et qui en ont un usage quotidien. Ce livre blanc est un point de départ pour faire bouger les lignes en jouant la carte du rapprochement entre les acteurs.

JA. De rapprochement il a été question depuis 18 mois, chez BMW, notamment avec Daimler, mais la crise est passée par là…

VS. En effet, l'autopartage souffre du regain de consommation de la mobilité individuelle et de la défiance des conducteurs qui ne jugent pas cette pratique comme la plus sécuritaire dans ce contexte sanitaire incertain. Les transports en commun aussi accusent une perte. En revanche, nos services d'aide à la recharge, ChargeNow, et de stationnement, ParkNow, connaissent une période faste. Il nous appartient d'agréger un maximum de dispositifs dans notre plateforme pour simplifier le parcours d'achat. A titre d'exemple, 25 000 des 30 000 bornes publiques françaises sont intégrées dans notre application. Nous continuons de collaborer au développement de la conduite autonome de niveau 3, considérant que le niveau 4 nécessite un environnement qui n'est pas encore prêt.

JA. Sur la base de ce livre blanc, dans quel sens voulez-vous avancer ?

VS. BMW a une flexibilité industrielle qui va s'exprimer encore plus sur le X3. Il pourra adopter toutes les formes de motorisations en fonction des besoins des clients. Maintenant, il nous faut augmenter le service, notamment le multimodal, en milieu urbain. Nous sommes parvenus à réaliser ce tour de force à Copenhague, mais nous devons encore travailler en France pour créer un écosystème. BMW Charging nous a montré la voie, nous nous concentrerons sur la multimodalité en élargissant le spectre des interlocuteurs.

JA. Faut-il se tourner vers nos constructeurs nationaux pour gagner en poids ?

VS. Absolument ! BMW veut être moteur et nous osons prendre la parole. Mais soyons réalistes, BMW pèse 3 % du marché et avec Mini, notre part monte à 5 %. Il nous faut trouver des partenariats et nous savons que les autres sont dans le même état d'esprit.

JA. Avez-vous un calendrier ?  

VS. Non, il est encore trop tôt. Nous avions entamé des discussions avec la Mairie de Paris, au lendemain de l'arrêt d'Autolib. Des négociations qui n'ont pas été plus loin, car nous n'étions pas convaincus par la rentabilité d'une solution d'autopartage 100 % électrique dans une ville telle que Paris. Comme à Hambourg, nous voudrions miser sur une pénétration progressive des VE dans la flotte. Le livre est une opportunité de poser des questions pour aborder les prochains territoires, car le politique fixe le cadre et les constructeurs apporteront les solutions.

JA. A écouter les constructeurs, les services de covoiturage ne semblent pas faire partie du voyage. Est-ce une vue de l'esprit ?

VS. Nous ne l'intégrons pas dans nos offres publiques, cependant le groupe BMW qui vient d'investir 100 millions d'euros dans un siège social à Montigny-le-Bretonneux (78) pour intégrer 1 000 employés de nos trois divisions, automobile, motocycle et financement, a déployé la plateforme de Klaxit pour aider au quotidien. Nous ne sommes pas fermés au covoiturage, qui prouve son efficacité et qui correspond à nos engagements en faveur de la mobilité partagée.