Vers un Paris Design Show?
...cimaises du Grand Palais.
"Il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant où l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses", écrit Milan Kundera. En cette fin d'année, la jolie promesse nous vient du Festival Automobile International. Et cela n'a pas grand-chose à voir avec le fait que l'Alfa Brera caracole en tête du classement provisoire de la plus belle voiture de l'année, loin devant les Citroën C6, Peugeot 407 coupé et Volvo C70. Sauf que la cérémonie de remise des prix se tiendra au Grand Palais. Le Grand Palais justement… Les dirigeants du Festival Automobile, Rémi Depoix, Florence Nunes et Marine Allainguillaume en tête, veulent y "marquer leur territoire pour l'année prochaine", dans l'optique de "lancer le concept d'une future grande exposition sur le design, l'art et la création automobile".
Rendez-vous en 2007, "sous la verrière du Grand Palais, durant quatre jours"
L'ambition est grande : créer un événement majeur international pour le design et la création automobile. Le Grand Palais apparaît comme l'écrin idéal pour une telle manifestation : à la fois chef-d'œuvre architectural composé par le quatuor Deglane, Louvet, Thomas et Girault et symbole parisien par excellence qui fut jadis sanctuaire de l'automobile en accueillant le Salon automobile de Paris entre 1901 et 1961.
Pour Rémi Depoix et son équipe, Paris a toute la légitimité nécessaire à l'accueil d'un événement de cette ampleur. Ce n'est peut-être plus l'unique capitale de la mode ou l'incontournable carrefour de la scène artistique, mais son histoire et par corollaire, son héritage culturel sont indéniables. La présence de trois constructeurs nationaux de premier ordre n'est pas non plus à négliger. En outre, un tel événement n'irait pas véritablement marcher sur les plates-bandes du Mondial, davantage porté sur les avant-premières de série, enjeu commercial oblige. Pour s'en convaincre, il suffit d'ailleurs de se souvenir de la colère de Louis Schweitzer découvrant lors du dernier Mondial le concept-car Fluence relégué dans les coulisses du stand Renault pour laisser la vedette à la Modus. En outre, d'une manière plus générale, Rémi Depoix a recensé la présentation de 150 concept-cars au cours de l'année 2005. Mais une présentation éclatée, disséminée au gré des multiples Salons automobiles de la planète. Bien que certains rendez-vous de design existent déjà, le créneau n'est donc pas saturé. Surtout en Europe. Du coup, dès 2006, le Festival Automobile exposera quelques concept-cars lors de la remise de ses Grands Prix 2005. L'idée étant de lancer le Salon du design à proprement parler en 2007. "Sous la splendide verrière du Grand Palais, durant quatre jours et avec de nombreux concept-cars", annonce Rémi Depoix, avant d'indiquer que "des pourparlers sont actuellement menés pour exposer la collection de véhicules Ralph Lauren qui vient d'être mise à l'honneur au Musée d'Art Moderne de Boston".
Une 39e édition du Tokyo Motor Show très urbaine
En attendant, l'événement design de cette fin d'année se tenait comme de coutume au Japon. Parmi les faits marquants de la 39e édition du Tokyo Motor Show, on peut noter la prédominance des véhicules urbains focalisés sur la problématique de la conciliation entre compacité et habitabilité. Le traitement des ouvrants a aussi fait l'objet d'exercices de style significatifs, comme en témoignent le Toyota Fine-X, le Honda Wow, le Suzuki Ionis, ou encore le Chrysler Akino, ce dernier présentant la particularité de porter le nom de sa conceptrice, Akino Tsuchiya, en charge, fait exceptionnel, du design extérieur et intérieur du véhicule. L'exploration de nouveaux modes de mobilité est aussi à souligner, principalement avec le très futé et technologique Toyota i-Swing, qui dessine ses premières rides au Segway, et à un degré moindre, avec le Nissan Pivo. Au chapitre des coups de cœur, on peut mettre en avant le Mitsuoka Orochi, assurément très ostentatoire, mais séduisant par ses galbes et ses ondulations qu'on croirait sortis d'un croquis de Gaudi. Dans un registre plus classique, le Suzuki PC concept met en évidence la tentation qui anime actuellement plusieurs bureaux de style de trouver le croisement formel idoine entre petit monospace urbain et minibus. La réalisation de Suzuki, qui peut rappeler à certains égards le Renault Argos voire l'Audi A2, très équilibrée, vient laisser entendre que cette tentation n'est peut-être plus très éloignée de la production chez certains constructeurs. Bref, on se prend soudain à rêver de voir un tel événement dans l'Hexagone. D'autant que les constructeurs français, Renault, Citroën, et à un degré moindre Peugeot, ont présenté de brillants concept-cars ces derniers temps. Alors, rendez-vous au Grand Palais dès 2007, même si nous savons qu'il ne "faut pas trop exiger de la vie pour qu'elle tienne ses promesses".
A.G.
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