"Une véritable machine à faire du cash"
JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Comment jugez-vous la situation financière du groupe Volkswagen ?
EMMANUEL BULLE. Très positivement. La situation financière de ce groupe est à la fois très saine et très solide. Ses marges sont positives et parmi les meilleures du secteur depuis plusieurs années. C’est également le cas de sa trésorerie. Et l’exercice écoulé l’a une fois de plus confirmé : le groupe a accumulé sur la période un trésor de guerre. Il disposait d’une trésorerie nette de 20 milliards d’euros à la fin mars 2011 avec, hors services financiers, une dette financière de 7 milliards d’euros et une trésorerie brute de 27 milliards d’euros. Sur le premier trimestre, son free cash-flow avant acquisitions a par ailleurs atteint les 3,8 milliards d’euros, soit à peu de choses près la somme qui lui a été nécessaire pour racheter le groupe de distribution Porsche Holding Salzburg (PHS). Bref, nous avons à faire là à une véritable machine à faire du cash.
JA. Quels sont à vos yeux les autres atouts de ce groupe ?
EB. Le fait de disposer de plusieurs marques dans son portefeuille représente incontestablement un atout. Cela lui permet de mieux répartir ou de mieux diluer ses risques, ses performances ne dépendant pas d’une seule et même marque. Il convient en outre de rappeler qu’il est déjà présent dans nombre de pays émergents, ce qui lui a sans doute permis de sortir quasiment plus fort de la crise que lorsqu’il y est entré. Nombre de ses concurrents directs ne peuvent bien sûr pas en dire autant. Volkswagen AG est même peut-être le seul groupe automobile mondial qui soit presque sorti plus fort de la crise.
JA. A l’inverse, quels sont les défis que doit encore relever le groupe Volkswagen ?
EB. L’un des plus importants concerne la gestion de sa croissance et de ses nombreuses marques qui ont toutes des objectifs ambitieux. Volkswagen AG devra éviter les déboires qu’a connus Toyota et qui étaient liés notamment à une croissance extrêmement rapide. En outre, un point noir subsiste : la marque Seat. Elle est toujours déficitaire alors que l’on ne cesse de parler de son renouveau année après année. Seat n’a été à l’équilibre qu’une seule fois depuis 2006. Et rien ne dit que son arrivée dans l’Empire du Milieu y changera quelque chose : le marché espagnol dont elle dépend encore beaucoup reste en perte de vitesse en ce début 2011. Last but not least, Volkswagen AG va aussi devoir transformer l’essai aux Etats-Unis. Ses volumes de vente n’y ont jamais été extraordinaires au regard de l’étendue et du potentiel de ce pays.
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