Une sortie de crise historique
Si le groupe Volkswagen avait limité la casse en 2009, en étant l’un des rares constructeurs à afficher un résultat positif en pleine crise, en 2010, il a tout simplement obtenu les meilleurs résultats de son histoire. En chiffres, cela se traduit par un chiffre d’affaires de plus de 126 milliards d’euros (+20,6%), des livraisons en hausse de 13,6 % à plus de 7,2 millions et par un résultat opérationnel presque quadruplé à 7,1 milliards d’euros (1,9 milliard en 2009). Mais ce dernier chiffre ne tient toutefois pas compte des excellents résultats en Chine où les JV ont dégagé une marge opérationnelle de 1,9 milliard. Soit environ 1,1 milliard de plus qu’en 2009. Il faut dire que la Chine commence à peser très lourd dans les ventes du groupe avec 1,924 million en 2010 (+ 37,4 %). C’est ni plus ni moins le premier marché du constructeur devant l’Allemagne, qui a totalisé 1,038 million. L’amélioration des volumes et du mix explique en grande partie le bon du résultat opérationnel. En effet, la contribution de ce poste a augmenté de 4,6 milliards. Ensuite, la bonne gestion des taux de change contribue à hauteur de 1 milliard, la réduction des coûts-produits pour 1,6 milliard et enfin, Scania pour 1,1 milliard. Toutefois, la progression de ce résultat opérationnel a dû supporter 2,8 milliards d’augmentation des frais fixes liés aux nouvelles usines du groupe en Inde, en Russie et aux Etats-Unis.
Volkswagen reste le fer de lance
Pour la première fois, la marque Volkswagen a dépassé la barre des 4,5 millions de voitures livrées, soit une hausse de 14 % par rapport à 2009. Quant à Audi, 2010 est synonyme d’un nouveau record (voir p. 51). Idem pour Skoda qui voit tous ses items progresser pour totaliser 762 600 ventes dans le monde (+ 11,5 %). Et la marque ne veut pas s’arrêter là, puisque le but est 1,5 million de ventes d’ici 2018. Même Seat, malgré le contexte espagnol, termine l’exercice sur une progression de ses volumes, certes très légère avec 0,8 % de gagné. Un sans-faute que Volkswagen Utilitaires, Scania et Volkswagen Finances viennent encore améliorer. Mais si vendre est une bonne chose, faut-il encore le faire en gagnant de l’argent. Pour cela Audi, Scania et Volkswagen virent en tête avec un résultat opérationnel cumulé d’environ 6,8 milliards ! Que dire de Scania qui affiche une marge de 16 % ! A la vue de ce chiffre on comprend donc mieux la volonté toujours affichée par le groupe de rapprocher plus encore Scania et MAN. Pour clore le sujet des marges où certains ont souligné la faiblesse de celle de la marque Volkswagen (2,7 %), Martin Winterkorn répond que la marque demeure le fer de lance du groupe et c’est elle qui consent bien souvent les investissements de préparation, donnant en exemple l’implantation des nouvelles usines. Au chapitre des “mauvaises” nouvelles dans ce tableau quasi parfait, Bentley, Seat et Lamborghini (consolidée dans le périmètre Audi) restent en négatif même si leurs comptes s’améliorent. Pour Bentley, dont les ventes (+ 11 %) et le CA sont repartis à la hausse, le déficit de 245 millions d’euros s’explique notamment par les investissements réalisés sur les nouveaux produits. Quant à Seat, le “trou” n’est plus que de 311 millions (339 en 2009) mais le travail engagé en Europe, l’arrivée de la micro-citadine en fin d’année, le début de la production du Q3 à Martorell et enfin l’exploitation prochaine de la marque en Chine peuvent enfin lui permettre de regoûter aux joies des bénéfices à court terme. L’état-major du groupe pense que ce sera une réalité sur l’exercice 2013.
Le coût unitaire en baisse de 20 % grâce aux modules
Le cas de Porsche, qui vient d’ailleurs d’annoncer un résultat opérationnel de 688 millions d’euros avec une marge de 15,7 % entre août et décembre 2010, a également été évoqué. La fusion est toujours d’actualité même si des enquêtes en Allemagne retardent son déroulement. Toutefois, l’augmentation du capital de Porsche, un préalable, se fera d’ici la fin du premier semestre, a indiqué Martin Winterkorn.
Pour lui, le groupe a fortement accéléré en 2010 et il fera tout pour que 2011 soit meilleure encore même s’il est conscient qu’il faudra “travailler comme jamais”. Dans cette nouvelle époque technologique, les challenges sont nombreux à un moment où l’on redéfinit la mobilité. Mais pour lui, le groupe s’est préparé à les relever, mettant en avant le concept XL1 ou encore, plus pragmatiquement, la chute des émissions de CO2 de 15 % en 5 ans de l’ensemble de la flotte. L’occasion également pour Martin Winterkorn de rappeler l’importance de la stratégie modulaire pour aujourd’hui, mais aussi pour demain avec de nouvelles technologies. En effet, le groupe va ainsi poursuivre la déclinaison de ses avancées sur ses différentes marques. Ce que l’on voit actuellement avec la technologie hybride qui est utilisée par Volkswagen et Porsche, se répétera dans le futur avec l’électrique ou l’hybride plug-in. Cette diffusion plus large permet des économies d’échelle significatives et le président avance même une baisse du coût unitaire de 20 %.
“L’Europe reste la base de notre succès”
“2018 pourrait être l’année, où pour la première fois, plus de 100 millions de VP et VUL seraient vendus dans le monde”, a lancé Martin Winterkorn. Pour lui, si la croissance sera principalement centrée sur les BRIC (Chine et Inde en tête), les Etats-Unis, mais aussi la Russie, seront incontournables. A cette date, il envisage d’ailleurs que la Russie sera le premier marché d’Europe. L’accord avec GAZ prend ainsi plus de relief. Et l’Europe de l’Ouest dans tout ça ? “L’Europe et l’Allemagne restent la base du succès de Volkswagen dans le monde”, a insisté le patron du groupe, rappelant les investissements engagés. En effet, si Volkswagen va, via ses JV chinoises, investir plus de 10 milliards d’ici 2015 dans l’Empire du Milieu, plus de 51 milliards le seront dans le reste du monde dont plus de la moitié (57 %) en Allemagne.
Le groupe a donc clôturé un exercice 2010 quasi-parfait mais il y a fort à parier que celui de 2011 et même les suivants marquent encore une progression. En effet, la montée en puissance des moyens mis en place, notamment aux Etats-Unis, en Russie et en Chine, devrait permettre au groupe d’améliorer encore ses positions.
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