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Constructeurs

"Une certaine virtuosité française"

Publié le 6 décembre 2010

Par David Paques
5 min de lecture
Gilles Vidal, responsable du style Peugeot - SR1, BB1, HR1, EX1… Gilles Vidal, patron du style Peugeot depuis le début d’année, développe pour nous les idées qui gouvernent les concept-cars de la marque, nés sous sa plume, avant que le 1er véhicule de série portant sa griffe n’arrive en 2012…

Journal de l’Automobile. On voit Opel tenter de capitaliser sur ses racines allemandes. On entend Infiniti mettre en avant l’artisanat japonais… Bref, les marques mettent aujourd’hui leur ADN en exergue. On a l’impression que le discours de Peugeot est différent. On continue de parler de félinité. Pourquoi ?
Gilles Vidal.
Avec 3008, 5008, puis 508, d’énormes étapes ont été franchies en termes de qualité. A ce titre, il y a une certaine virtuosité française, que nous pouvons comparer aux mondes de la mode ou du parfum, reconnue dans le monde entier. Une “Francité” qui s’exprime dans nos lignes et nos matériaux. Sur ce point, nous nous attachons donc à être français. C’est-à-dire créatifs, mais maîtrisés. Quant à la félinité, c’est une idée qui reste très parlante au niveau du style. Cela évoque cette carrosserie cintrée, au plus près de la mécanique. Nous continuons donc de la cultiver, mais sans véritablement la mettre plus en avant que cela.

JA. Pour vous, est-ce que transcrire visuellement une idée du dynamisme et de l’élégance sur un véhicule électrique est un grand écart ?
GV.
Tout est possible. Notre préoccupation première est de décliner nos valeurs d’élégance et de dynamisme, mais l’idée est également de retourner aux valeurs fondatrices de Peugeot. C’est-à-dire à la simplicité et à la pureté. Ce fonds de valeur doit ensuite être traduisible sur tous les concepts. L’arrivée de nouvelles technologies et des préoccupations environnementales de plus en plus présentes forcent le design à évoluer pour suivre ce mouvement. Nous sommes donc à un tournant. D’une ère de sportivité, nous évoluons vers une ère de sobriété. Ce qui n’est pas anti-créatif. Le challenge est de trouver l’équilibre entre évidence de style et créativité à la pointe.

JA. Renault avait été beaucoup critiqué pour la 2e génération de Twingo. Sa vocation plus large avait eu raison de son style jusqu’alors à la marge. Considérez-vous qu’une voiture au destin international est condamnée à afficher un style insipide ?
GV.
Vouloir plaire à tout le monde est un danger. En effet, on a le risque de faire des véhicules “passe-partout”. Une marque forte doit s’assurer de véhiculer une image cohérente partout dans le monde et ne doit pas compromettre son identité. Pour moi, c’est ça qui fera que nous serons forts partout où nous irons. C’est capitaliser, par exemple, sur cette “Francité” dont nous venons de parler. Une sorte de signature. Une teinte culturelle qui peut marcher partout.

JA. Quelle est votre latitude quand vous travailler sur un véhicule sans partir d’une feuille blanche ? Je parle notamment du dérivé du Mitsubishi ASX…
GV.
Ce sont des approches très différentes. Nous sommes tout aussi créatifs, mais il y a une part de cette créativité qui est commune. Ce qui implique beaucoup d’échanges avec les équipes de notre partenaire. Pour cette raison, nous travaillons ensemble le plus en amont possible du projet. C’est très challengeant. Ce n’est pas frustrant. C’est simplement différent.

JA. Vous disiez récemment que Peugeot ne réalise jamais de concepts gratuits. Que faut-il donc attendre de HR1 ou EX1 ?
GV.
HR1 et EX1 sont des concepts sur lesquels nous exprimons le langage stylistique dévoilé sur SR1. La marque souhaite passer à la vitesse supérieure. Simplifier et épurer les lignes pour mettre en avant élégance et dynamisme. Ces principes, en l’occurrence, fonctionnent plutôt bien sur ce concept de crossover compact urbain qu’est HR1. L’idée étant de “maturer” ce langage formel de Peugeot pour le futur. Sur ce concept, on s’aperçoit que ce type de véhicule est utilisé, à 95 % par une seule personne. Nous avons donc cherché à imbriquer les assises arrière dans les assises avant. C’est factuel. Nous allons donc au bout de notre logique. Pour EX1, c’est un peu différent. C’est non seulement une manière de célébrer nos 200 ans, mais c’est aussi cette idée de pousser à fond les performances de la technologie électrique, au moment même où nous commercialisons la iOn. Tous les concepts ne sont effectivement pas destinés à devenir réalité, mais reconnaissons que Peugeot est l’une des marques qui a finalement transposé le plus de concept-cars à la réalité. Avec 206 CC ou RCZ, par exemple. La marque ose, et ça lui réussit.

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QUESTIONS À - Laurent Blanchet, responsable de gamme Peugeot

Journal de l’Automobile. Depuis quelques mois, certains aimeraient faire revivre Talbot, pour en faire une réponse au succès de Dacia. Sur le fond, comment jugez-vous cette idée ?
lB.
Notre stratégie est de tirer la marque vers le haut. On le voit bien au travers de notre offre produits, mais aussi de notre positionnement commercial ou de notre communication. Nous souhaitons être parmi les meilleures marques du marché. Ce qui ne va pas dans le sens d’un développement low-cost.

JA. Citroën, autre marque du groupe PSA, ne donne pas franchement l’impression de descendre en gamme pour répondre à cette demande…
lB.
Il y a une complémentarité à trouver entre les marques du groupe. Mais faut-il encore savoir ce que nous entendons par complémentarité. N’oublions pas que nous avons, avec 206 +, un produit très attractif en termes de prix. Preuve que notre ambition d’évolution qualitative n’est pas incompatible avec la proposition d’une offre de véhicule abordable. Néanmoins, il est vrai que le low-cost est une vraie question. Nous allons la traiter dans les mois qui viennent.
 

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