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Constructeurs

Un vent d’optimisme pour 2004

Publié le 23 janvier 2004

Par Tanguy Merrien
14 min de lecture
De tous les cabinets de prévisions, R.L. Polk Marketing Systems est sans doute l'un des plus optimistes pour 2004 avec des ventes VP en hausse de 2,77 % pour un résultat à 2 065 000 immatriculations. Si Citroën devrait maintenir sa position, les constructeurs français pourraient...
De tous les cabinets de prévisions, R.L. Polk Marketing Systems est sans doute l'un des plus optimistes pour 2004 avec des ventes VP en hausse de 2,77 % pour un résultat à 2 065 000 immatriculations. Si Citroën devrait maintenir sa position, les constructeurs français pourraient...

...perdre du terrain au profit des importateurs.


En cette année de Mondial parisien souffle un nouveau vent dans les prévisions de Jean-François Picone, analyste chez R.L. Polk Marketing Systems. Un souffle d'optimisme. Il table sur une progression des ventes VP de + 2,77 % pour un marché à 2 065 000 immatriculations sur 12 mois. L'an passé, malgré une conjoncture internationale incertaine, Jean-François Picone avait néanmoins escompté sur une légère progression de 0,23 %, estimant à 2,15 millions le nombre d'immatriculations. "En recul de 6,3 % pour se terminer à 2 009 246 immatriculations, le marché 2003 a été au-delà des mauvais augures. Pour cette année, en comptant sur une légère reprise, notamment au second semestre, et sur une croissance annuelle à 1,5 %, une progression de 2,77 % est loin d'être utopique", estime l'analyste. En se basant sur les évolutions de 36 marques présentes sur la scène hexagonale, le marché français devrait ainsi reprendre quelques couleurs et jeter aux oubliettes une triste année 2003.
Ainsi, sur les 36 marques répertoriées, 18 devraient connaître, pour plusieurs raisons, de nettes évolutions de leurs immatriculations VP, au premier rang desquelles Volvo (+ 25 % en volume), Fiat et Toyota (+ 10 % en volume), voire Volkswagen (+ 8% en volume), pour des évolutions de parts de marché somme toute minimes.





ZOOM

R.L. Polk Marketing Systems
Avec les sociétés Carfax et Mitac, R.L. Polk Marketing Systems fait partie du groupe américain Polk. Les trois filiales sont toutes liées au secteur automobile pour toutes sortes d'études économiques en marketing direct, mesures de performances.... Le groupe Polk , dont le chiffre d'affaires est de 250 millions de dollars, est aujourd'hui présent dans 14 pays sur les 5 continents et emploie 1 800 personnes. La filiale française est installée à Sèvres, près de Paris.

La part de marché totale des Français pourrait reculer en 2004

Certaines (Daihatsu, Saab, Jeep, Rover ou Alfa Romeo), en raison d'une politique produits en bout de course, seraient, selon Jean-François Picone, "les grands perdants de l'année 2004". Enfin, d'autres marques comme Mercedes, Nissan et Opel sont à classer, au même titre que les françaises (Citroën à un degré moindre), comme étant celles qui ne devraient pas connaître d'évolutions majeures en 2004. Du moins en volume. "En prévoyant une certaine stabilité des volumes pour Renault et Peugeot, et au regard de la relative progression du marché, c'est logiquement que leurs parts de marché devraient connaître une perte de vitesse par rapport à la concurrence et notamment celle des premiers importateurs", analyse Jean-François Picone avant de poursuivre : "Seul Citroën maintiendra une part de marché aux alentours de 13,50 %." Premier constat de ces prévisions 2004 : l'ensemble des constructeurs français ne totaliserait ainsi qu'une part de marché inférieure à 59 % contre les 60,59 % en 2002 et les 59,57 % de l'année dernière.
2004 sera également l'année du Mondial de Paris au cours duquel les constructeurs auront à cœur de présenter leurs plus belles nouveautés, certaines annoncées comme les succès de la fin d'année, d'autres préfigurant 2005.
Dès le premier semestre, la bataille sera rude avec notamment une Clio légèrement rajeunie et de nouvelles motorisations, une Golf 5 sur laquelle Volkswagen compte beaucoup, la sortie très attendue de la 407, les espoirs de Fiat placés dans l'Idea et la Panda (sur une année pleine), la nouvelle Opel Astra... La seconde partie d'année s'annonce tout aussi chargée avec le Salon de la Porte de Versailles et les présentations des C4 (Citroën), 107 (Peugeot) et Cliospace (Renault) chez les Français, sans oublier la Focus, la Série 1 chez BMW ou encore la Mazda4. Certains, comme Suzuki, ont préféré diéséliser leur gamme pour mieux correspondre aux spécificités du marché français. "Un marché sur lequel la part du Diesel a atteint 67 % en 2003 et qui pourrait à nouveau atteindre ce niveau en 2004", conclut Jean-François Picone.






59,6 %
C’est la part de marché totale des trois constructeurs français en 2003. D’après les prévisions de R.L. Polk Marketing Systems, celle-ci devrait à nouveau diminuer au cours de 2004.

Renault maintient ses positions

En recul de - 5,8 % sur un marché à - 6,3 %, Renault n'a pas trop souffert en 2003 puisque la part de marché du constructeur de Billancourt reste au-dessus des 27 % (27,18 %). "L'année 2004 devrait être semblable à 2003 pour Renault qui conservera ses volumes malgré le vieillissement de ses modèles d'entrée de gamme comme la Twingo ou la Clio, bien que cette dernière vienne de subir une cure de jouvence qui lui permettra de rester devant sa rivale, la 206. Cependant, la part de marché pourrait descendre en dessous des 27 %", indique Jean-François Picone. La Clio, légèrement modifiée, bénéficie depuis janvier d'un nouveau Diesel, 1.5 l dCi de 100 ch. Une version RS de 180 ch fait également son apparition avant la future Cliospace. Pour l'analyste, la famille Mégane devrait profiter de l'année pleine du Scénic, leader sur son segment. Enfin, l'Espace conserve une marge de progression encore importante lui permettant de demeurer leader incontesté et au-dessus de la concurrence. Côtés négatifs : la Laguna. En recul de 31 % en 2003, l'analyste s'attend à une érosion tout aussi forte cette année, notamment avec l'arrivée de la 407. Enfin, les ventes de la Vel Satis restent un gros point d'interrogation."Conserver ce même niveau (8 406) serait déjà un bon résultat", assène Jean-François Picone.





FOCUS

Les nouveautés
On annonce près de 100 nouveautés au cours de cette année 2004, dont la moitié sera présentée au Mondial de Paris en septembre prochain. Parmi les stars de l'année, retenons essentiellement la 407 chez Peugeot, le Cliospace chez Renault ou la C4 chez Citroën. Les marques étrangères ne seront pas en reste puisque, si BMW se démocratise en lançant la Série 1, son rival Audi sort une nouvelle A6. Ford voudra renouer avec le succès en dévoilant la seconde génération de la Focus. L'Astra, avec ses déclinaisons break, coupé et cabriolet, sera le principal atout pour Opel. Quant à Smart, le Forfour lui donnera des ailes.

La 407 sera la grosse actualité de Peugeot

"Une année de transition", avait prévu R.L. Polk Marketing Systems pour Peugeot en 2003. Plus qu'une transition, l'année fut "poussive". La marque a subi un recul de 12,1 % (379 246 VP, pdm à 18,88 %) après les succès de 2001 (466 554 VP, pdm à 20,7 %) et 2002 (431 678 VP, pdm à 20,12 %). L'année 2004 sera avant tout centrée sur la sortie de la 407 vers laquelle tous les regards seront tournés avant la présentation de la 107 en octobre dont les effets ne se feront sentir qu'en 2005. Quant à la citadine 206, elle a entamé la seconde phase de son cycle de vie. Pour le cabinet d'études, le principal consistera à trouver de bons arguments lui permettant de rivaliser avec une Clio rajeunie. Quoi qu'il en soit, les volumes de Peugeot n'évolueront que très peu ; sa part de marché pourrait subir un léger recul pour se situer entre 18% et 18,5 %.

Citroën maintiendra son niveau

Citroën a fait mieux que le marché national en ne reculant "que" de 5,9 %. Une performance qui permet à la marque de demeurer pour une quatrième année consécutive au-dessus des 13 % de part de marché avec 13,51 %. "Grâce au dynamisme de ses modèles d'entrée de gamme, les C2 et C3, Citroën devrait rester à ce niveau en 2004. D'autant plus que la C2 bénéficiera d'une année pleine de commercialisation", estime Jean-François Picone. En outre, le Picasso accueillera de nouvelles motorisations lui permettant de soutenir ses ventes et de se maintenir à un niveau correct. En seconde partie d'année, la marque dévoilera la remplaçante de la Xsara, la C4, ainsi qu'une C5 reliftée dont les effets ne seront connus qu'en 2005. "Une fois de plus, souligne l'analyste, le niveau de Citroën dépendra de sa capacité à réussir ses opérations commerciales", ajoute-t-il.





FOCUS

R.L. Polk Marketing Systems
C'est une société de conseil spécialisée dans les études prévisionnelles pour l'industrie automobile. La société américaine publie régulièrement des documents de synthèse permettant d'analyser les différents marchés en termes de production et d'immatriculations. La société réalise également une note mensuelle sur le marché français, mais aussi des prévisions détaillées pour plus de 400 types de modèles et de carrosseries sur une période allant jusqu'à 2014 grâce au nouveau logiciel Newfor. Pour mener à bien ses prévisions, R.L. Polk Marketing Systems utilise une vingtaine de critères macro-économiques (PIB, revenu des ménages, taux d'épargne, taux de chômage...), prend en compte les facteurs politiques et l'environnement international, mais également des données purement relatives au secteur automobile (coût réel des voitures, du carburant, vieillissement du parc).

Opel maintiendra-t-il son rang de premier importateur ?

En ne reculant que de 1,5 % sur 2003, Opel a sans doute créé l'exploit de l'année. Ainsi, avec 1 440 immatriculations de mieux (en VP), Opel a ravi la place de premier importateur à Volkswagen. Une bonne fin d'année pour le constructeur grâce aux Meriva (18 109 immatriculations pour son lancement) et Vectra (+ 8 %). "Une place qu'il faudra toutefois défendre en 2004 face à Volkswagen qui voudra récupérer son bien", prévient l'analyste. Pour cela, Opel misera sur le Meriva en année pleine et attendra beaucoup de l'accueil réservé à l'Astra dont la sortie est prévue en mars. Une Astra qui sera déclinée au cours de l'année en versions coupé et break. Par ailleurs, Opel sortira en mars une Vectra 1,9 l Diesel qui permettra à la berline d'améliorer ses ventes.

Volkswagen : tout sur la Golf V ?

Après deux années "catastrophiques" (- 14,7 % en 2002 et - 13,4 % en 2003), la firme de Wolfsburg attend beaucoup de 2004 pour se refaire et notamment sur son produit phare, la Golf V, dont l'accueil en France fut toutefois mitigé. Mais les prévisions de R.L. Polk Marketing Systems annoncent plutôt un redressement de Volkswagen en France : "La marque ne peut pas descendre plus bas. La commercialisation de la Golf V sur une année pleine devrait permettre à Volkswagen de relever la tête. Une progression en volume de 8 % est plus qu'envisageable. D'autant plus que d'autres produits recevront de nouvelles motorisations. Mais le constructeur ne peut se reposer sur un seul produit pour réussir." On attend plus du Touran (12 803 ventes en 2003) et le secteur du luxe (Phaeton et Touareg) reste encore à découvrir pour la marque. En d'autres termes, une relance de l'activité commerciale est plus que souhaitée, si Volkswagen veut reprendre à Opel la place de premier importateur sur le sol français.

Ford : en attendant 2005

R.L. Polk ne s'attendait pas voir Ford reculer de 8,4 % en 2003 : "C'est pourquoi l'année 2004 ne peut être que meilleure." Ford est repassée en dessous de la barre des 100 000 VP (91 678 VP) pour une part de marché à 4,56 %. La Fiesta n'a pas eu le succès escompté (- 17 %) et le C-Max démarre poussivement. L'année 2004 pourrait fort bien ressembler à une année de transition entre les ventes du C-Max attendues à la hausse et surtout le lancement en septembre de la Focus, deuxième génération, dont les effets se feront sentir en 2005.






67 %
C'est la part du Diesel en France. Une part qui n'a cessé de progresser puisqu'elle atteignait 63,2 % en 2002, 56,2 % en 2001 et 49 % en 2000.


- 6,3 %
C'est le recul du marché français en 2003. Pour 2004, R.L. Polk Marketing Systems s'attend à un marché en hausse de 2,77 % pour atteindre 2 065 000 VP.

Toyota : le bon élève

Quand l'avancée de Toyota en France s'arrêtera-t-elle ? Après les + 25,17 % réussis en 2002, Toyota progresse à nouveau de + 11,7 % en 2003 sur un marché à - 6,3 %, alors que R.L. Polk Marketing Systems voyait une modeste amélioration de 6,25 %. Le constructeur nippon dépasse les 70 000 ventes VP (72 199) en 2003 pour une part de marché à 3,59 % et conforte ainsi sa place de 4e importateur, prise à Fiat l'an passé. La différence entre les deux marques atteint aujourd'hui 16 257 unités. Le cabinet d'études ne voit aucune raison pour que cela change en 2004 : "Malgré une année 2004 creuse en termes de produits (aucune nouveauté n'est annoncée), Toyota, grâce à son image et aux moyens consentis par Toyota Europe, continuera à progresser." Les prévisions voient une croissance supérieure à 5 % pour la marque et une part de marché s'approchant des 4 %. "Si, selon lui, Toyota n'atteindra pas les 100 000 VN annoncés pour 2005, les 80 000 VN seront sans doute dépassés."

La fin des soucis pour Fiat ?

La situation de Fiat en France a continué de se dégrader en 2003 : la part de marché est tombée à 2,78 % contre 3,24 % en 2002 et 3,85 % en 2001. En volume, la marque italienne ne devance Mercedes que de 4 600 unités. Si Fiat ne relève pas la tête, la marque pourrait sortir dès 2004 du Top 8 du marché hexagonal. Cependant, Jean-François Picone voit des raisons d'espérer : "Fiat, avec la Panda, va bénéficier de l'effet "Voiture de l'année". La Panda sera commercialisée sur une année pleine, elle recevra un moteur Diesel et sera déclinée également en version 4x4, sans parler du prix attractif du véhicule. Une Panda qui sera épaulée par l'Idea, un mini monospace qui sort dès le mois de janvier." Deux produits qui permettraient à Fiat de stopper l'érosion de ses ventes, voire de connaître une progression supérieure à 10 % pour le cabinet d'analyses.

De bonnes surprises à venir

En dehors du "G8" du marché hexagonal, R.L. Polk Marketing Systems prévoit en général un bon millésime 2004 pour la majorité des marques. A commencer par Mazda qui, après une progression 2003 de + 39,5 % pour une part de marché à 0,49 %, pourrait poursuivre son petit bonhomme de chemin. "La marque japonaise, sans atteindre de volumes colossaux, va néanmoins continuer à croître en 2004 en attendant la sortie de la Mazda4, qui devrait soutenir ses ventes", prévoit Jean-François Picone. L'analyste s'attend également à un bon comportement de Kia : "En lançant une grande offensive cette année avec trois produits majeurs, la Picanto, le Cerato et le Sportage, Kia est à même d'imiter les dernières évolutions de Hyundai et de reproduire la progression de 2003
(+ 173,8 %)."
Plus modestement, d'autres marques, grâce aux lancements de produits majeurs, devraient connaître une année fastueuse. C'est le cas de Smart (Forfour), Mitsubishi (Colt), Lancia (Ypsilon) et même de Jaguar avec l'arrivée du Diesel.
En revanche, R.L. Polk Systems émet de gros doutes sur Daihatsu, Alfa Romeo, Rover, Jeep et Saab, pour lesquelles l'expert prévoit des baisses supérieures à 5 %, dues particulièrement à une politique produits inexistante.


Tanguy Merrien





EN BREF

Un marché VP en hausse de 1 % selon l'Observatoire de l'Automobile
Sur la base d'une prévision de croissance de la consommation des ménages de 1,8 % en 2004, l'Observatoire de l'Automobile (Cofica C.U.) table sur une progression des ventes de VP de 1 % à 2 020 000 unités. Pourtant, le marché des particuliers devrait continuer à décroître : leur part dans les ventes totales, de 58,2 % en 2003, pourrait encore reculer pour atteindre 57,5 % des ventes, au profit des loueurs longue durée et des petits loueurs courte durée régionaux (Renault Rent, par exemple). Leur part dans les ventes totales pourrait progresser de 1,1 point à 7,5 % du total. Le marché des utilitaires devrait rester stable à 385 000 véhicules (contre 380 000 en 2003). L'Observatoire estime par ailleurs que la hausse du prix du pétrole aura un effet négatif sur la vente de véhicules Diesel, sans le chiffrer. Après un recul de 4 % en 2003, le marché des VO, quant à lui, devrait encore perdre du terrain, de l'ordre de 1,5 %, pour néanmoins se maintenir au-dessus de la barre des 5 millions de VP.

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