Toyota va construire une usine dédiée aux véhicules électriques en Chine
Souvent critiqué pour son "retard à l'allumage" sur le véhicule électrique, Toyota tisse peu à peu sa toile. Le numéro un mondial vient en effet d'annoncer la construction d'une usine dédiée aux véhicules électriques en Chine.
Elle sera située à Shanghai et produira des batteries et un modèle Lexus. Le site sera une filiale à 100 %, c'est-à-dire sans partenaire chinois. On retrouve ici des similitudes avec Tesla, également implanté à Shanghai et sans partenaire local.
Toyota prévoit de démarrer la production après 2027, promettant 1 000 nouveaux emplois pour le démarrage, et une capacité de production initiale d'environ 100 000 véhicules par an.
Le constructeur espère rattraper son retard sur le marché chinois, où les marques locales dominent largement le créneau en plein essor des voitures électriques.
"Une décision stratégique logique"
Toutes marques confondues, les ventes au détail de voitures électriques et hybrides en Chine ont grimpé de 40,7 % en 2024, et représentent près de la moitié des véhicules vendus dans le pays, selon la Fédération chinoise des constructeurs de voitures individuelles.
Toyota a "la conviction qu'un approvisionnement plus rapide de modèles répondant aux besoins des consommateurs est crucial en Chine, où la demande de véhicules à énergies nouvelles est élevée", a insisté le groupe japonais.
Pour autant, face à une consommation en berne plombée par une crise persistante de l'immobilier, les constructeurs chinois se livrent à une féroce guerre des prix. Dans ce contexte, à l'instar des autres constructeurs étrangers, Toyota souffre : ses ventes en Chine (incluant Lexus) ont reculé d'environ 7 % l'an dernier, pénalisées selon lui par "le virage vers les véhicules électrifiés", faute de modèles appropriés, et par l'"intensification de la concurrence".
"À l'heure où la Chine bascule vers l'électrique en raison d'une stratégie nationale concertée, cette usine de Shanghai est une décision stratégique logique", a indiqué à l'AFP Tatsuo Yoshida, analyste chez Bloomberg Intelligence.
"Par le passé, Toyota se montrait extrêmement prudent sur l'expansion de ses activités en Chine par peur de fuites de ses technologies", mais le groupe "a changé son approche, en faveur du développement sur place des technologies et produits adaptés au marché local", estime-t-il.
Surveillance des éventuels droits de douane appliqués au Mexique
À l'inverse, la stratégie de Toyota consistant à proposer une vaste gamme de véhicules, thermiques comme hybrides, porte ses fruits aux États-Unis, son autre grand marché (ventes en hausse de 3,7 % en 2024).
Toyota possède dix usines aux États-Unis, mais est également fortement implanté au Mexique, dans le cadre de chaînes de production transfrontalières qui pourraient être sévèrement perturbées par les menaces de barrières douanières agitées par le nouveau président américain Donald Trump.
"On ne sait pas encore ce qui va se passer ni comment nous devrons réagir. Dès qu'il commencera à pleuvoir, nous sortirons notre parapluie", a simplement commenté devant la presse Yoichi Miyazaki, directeur des opérations de Toyota, cité par Bloomberg.
Signe d'un engagement accru aux États-Unis, Toyota a indiqué, mercredi 5 février 2025, que son usine de batteries pour véhicules électriques et hybrides en Caroline du Nord, un investissement à 14 milliards de dollars, assurera ses premières livraisons en avril.
Toyota relève ses prévisions
Au troisième trimestre de son exercice décalé (octobre-décembre 2024), le groupe a vu son chiffre d'affaires grimper de 2,9 % sur un an, à 12 391 milliards de yens (77,9 milliards d'euros), tandis que son bénéfice net s'envolait de 62 % sur un an à 2 190 milliards de yens.
De solides performances qui l'ont conduit à relever ses prévisions pour l'ensemble de l'exercice, qui s'achèvera fin mars : il mise désormais sur un bénéfice net annuel de 4 520 milliards de yens (28 milliards d'euros), ce qui représenterait cependant un repli de 8,6 % sur un an. Toyota anticipe dorénavant un chiffre d'affaires annuel de 47 000 milliards de yens, en solide hausse de 4,2 % sur un an. (avec AFP)
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