"Toyota doit communiquer à nouveau sur la qualité de ses voitures"

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Vous venez de prendre la direction de Toyota France, quelles sont vos premières impressions ?
PASCAL RUCH. Depuis l’Allemagne où j’étais en poste, je suivais le marché français avec une grande attention. Il y a des similitudes, mais également de réelles spécificités, telles que le bonus écologique. En ce sens, le lancement commercial de la Yaris Hybride, en juin prochain, sera le temps fort de cette année 2012 chez Toyota. Cette citadine est une pionnière sur son segment avec une motorisation qui ne pousse pas au compromis.

JA. Quelles sont vos ambitions sur ce modèle ?
PR. Vendue à partir de 16 500 euros, bonus déduit, elle s’adresse à une clientèle urbaine désireuse d’abaisser encore ses consommations, et aux flottes. Statistiquement, chez Toyota, nous immatriculons 70 % de nos véhicules à particuliers et cette proportion sera respectée dans le cas de la Yaris Hybride. En termes de volume, lors des six derniers mois de 2012, elle s’écoulera à 4 000 exemplaires, soit à près de 25 % du total de Yaris, estimé sur l’année à 25 000 unités, et en ligne avec la pénétration de la motorisation hybride, qui sera de 20 % des 79 000 ventes annuelles de Toyota France.

JA. Le groupe s’affiche en retrait sur le début de l’année, gardez-vous confiance en l’avenir ?
PR. En cumulant Toyota et Lexus, nous sommes, en ce moment, à 3,2 % de parts de marché en France, soit au même niveau que l’an passé à la même période. En partant du postulat que le marché reculera de 11 à 12 % cette année, nous visons une pénétration de 3,5 % à la fin de l’exercice, notamment grâce à un très bon second semestre.

JA. Lors de votre prise de fonction, quels sont les dossiers que vous avez classés dans les priorités ?
PR. La priorité, à mon sens, est de travailler au renforcement, si ce n’est au rétablissement, de l’image de marque, qui a été ébranlée depuis deux années. Toyota doit communiquer à nouveau sur la qualité de ses voitures telles que la Prius, qui est saluée par les experts indépendants américains et allemands, et sur sa capacité à innover. Ensuite, nous avons une devise : “Value for money”. Il faut redonner du sens à ces termes, montrer au client qu’en nous faisant confiance, il ne sera pas déçu. Il ne s’agit plus de faire de la publicité pour des entrées de gamme au prix attractif, mais sur des versions richement équipées, avantageuses par rapport à la concurrence. Autre dossier prioritaire : la rentabilité du réseau. Elle est indispensable. Or, elle a baissé lors des deux derniers exercices. En 2012, il s’agit d’inverser la vapeur et d’amorcer un retour à la hausse.

JA. Qu’en est-il des perspectives de Lexus ?
PR. Avec 2 900 ventes l’an passé, Lexus a signé un record, tout en apportant de la rentabilité aux partenaires distributeurs, chose dont nous pouvons nous satisfaire. Nous avons depuis longtemps fait le choix de l’hybridation pour cette marque et il faut reconnaître que le marché manquait de maturité, ce qui a limité notre potentiel. Toutefois, le fait que nos concurrents directs s’y mettent va apporter du crédit à Lexus et l’aider à atteindre la barre des 5 000 ventes que nous visons, à terme.

JA. Vous n’avez pas encore rencontré le réseau, mais vous héritez du changement de législation européenne, qu’est-il prévu chez Toyota ?
PR. Il n’y aura pas de résiliations. Le contrat actuel demeurera actif dans les grandes lignes. Il n’y aura que quelques ajustements. Nous estimons que la représentation de Toyota en France est suffisante, comme celle de Lexus, qui est désormais stabilisée.