Tesla : Elon Musk prépare une nouvelle disruption automobile pour sortir du piège politique

"Je pense qu’Elon Musk ne pense plus aux voitures particulières…", explique Mike Murphy, patron de l’American EV Jobs Alliance, dans une interview à Automotive News. Le think tank américain qui promeut l’électromobilité vient de publier une étude sur le clivage politique de la voiture électrique avec un constat édifiant : Elon Musk est plus populaire auprès des propriétaires de voitures thermiques que de voitures électriques.
Les premiers sont 42% à émettre une opinion favorable à propos du patron de Tesla, contre 35% seulement chez les seconds. La faute à l’engagement d’Elon Musk en faveur de Donald Trump. "Musk a plus une identité MAGA (Make america great again, le slogan et véritable cri de ralliement des partisans de Donald Trump, NDLR) qu’une identité de voiture électrique. C’est un cauchemar pour le responsable marketing de Tesla", lance Mike Murphy, lisant les chiffres de son étude sur le clivage entre Démocrates et Républicains à l’endroit de l’homme le plus riche du monde, et qui a fait sa fortune sur la promotion de la voiture électrique.
76% des électeurs de Kamala Harris, candidate malheureuse du camp démocrate aux dernières élections présidentielles américaines, ont une opinion défavorable d’Elon Musk, contre l’exact inverse dans le camp adverse. Ces chiffres sont en contradiction totale avec la propension de ces deux électorats à acheter une voiture électrique (27% des Démocrates contre 15% pour les Républicains).
Des ventes qui s'écroulent partout en Europe
En s’engageant politiquement avec la même trame scénaristique qui a permis de promouvoir ses Tesla, Elon Musk a pris le risque de devenir un point de crispation, voire un frein à l’achat. Rarement, une marque automobile n’avait été autant impactée par des prises de position politique. Partout, les ventes de Tesla ont baissé. En 2024, elles ont fléchi de 1%, la première baisse de son histoire. Mais celle-ci est beaucoup plus marquée sur certains marchés.
En Allemagne, elles ont baissé de 41%, soit plus du double du retrait du marché (-18%). Au Royaume-Uni, 60% des personnes interrogées par le site electrifying.com se disent dissuadés d’acheter une Tesla. Et l'année commence très mal... Sur le seul mois de janvier, les ventes de Tesla ont été divisées par deux en Europe, elles sont mêmes amputées de 63% de ses volumes en France.
Un nouveau modèle industriel
Mais pour Elon Musk, cette mauvaise humeur n’est rien à côté de son projet d’évolution du modèle industriel de Tesla. Lors de la présentation des résultats 2024, très mitigés (ventes et profits en baisse), le désormais conseiller du président américain Donald Trump, a dressé les grandes lignes du futur sa marque automobile, et il est de moins en moins question de voitures individuelles.
L’arrivée du Cybercab à la fin du premier semestre devrait être la première pierre d’une véritable rupture conceptuelle. Le Cybercab va être le premier robotaxi commercialisé à grande échelle. Elon Musk veut déployer des flottes de robotaxis dans tous les Etats-Unis d’ici à 2026. Mais cerise sur le gâteau… Cette flotte pourra s’appuyer sur le parc de Tesla individuelles déjà en circulation dans le pays. Ainsi, Elon Musk disposerait d’un maillage extraordinaire de voitures autonomes à travers le pays.
Armé d’un tel écosystème, Tesla pourrait alors proposer des courses ultra-compétitives au point de casser le modèle de propriété automobile. Elon Musk est convaincu de la suprématie de Tesla en matière de voiture autonome et d’intelligence artificielle. Il a même annoncé être en discussion avec d’autres constructeurs pour déployer son système dans des modèles concurrents.
Un TCO ultra-compétitif ?
Ce modèle économique de voiture autonome capable de se substituer à la voiture individuelle date des années 2015-2018 lorsque toute l’industrie automobile n’avait que ce mot à la bouche promettant des voitures totalement autonome dès 2020… De nombreux cabinets avaient alors esquissé l’ère d’une voiture qui serait utilisée 100% du temps (une voiture individuelle dort dans un garage 90% du temps), ce qui permettrait d’amortir autrement le coût de la voiture et abaisser drastiquement son TCO (coût à l'usage).
Mais depuis, les marchés ont déchanté à mesure que les constructeurs ont redimensionné leurs ambitions et leurs promesses face aux obstacles techniques et réglementaires. Le rêve d’une voiture 100% autonome s’est éloigné, avant de refaire surface l’an dernier avec une série d’annonces, dont celle de Tesla avec la présentation du Cybercab.
Mais les annonces d’Elon Musk, si elles sont toujours spectaculaires, ne sont pas toujours suivies d’effets. La première version d’autopilot, lancée en 2014 avait été largement retoquée par les autorités américaines, mais également chinoises et allemandes, face à de nombreuses failles de sécurité.
Tesla devra probablement continuer à vendre des voitures individuelles avant que ne soit rodé son nouveau modèle et les nouveaux cas d’usage qu’il veut promouvoir. Et pour cela, il devra relancer sa gamme qui survit avec la Model Y qui, si elle est faceliftée en ce début 2025, date tout de même de 2020. Tesla n’a rien sorti depuis, si on exclut le cybertruck dont les ventes sont décevantes et n’étaient de toutes façons pas destinées au marché européen.
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.