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Constructeurs

Surprime CEE : une nouvelle usine à gaz pour les concessionnaires

Publié le 18 septembre 2025

Par Damien Chalon
5 min de lecture
À partir du 1er octobre 2025, une surbonification CEE de 1 000 euros viendra s’ajouter au bonus écologique pour l’achat de voitures électriques produites en Europe. Mais la liste très limitée publiée par l’Ademe, combinée à des critères TVV complexes, transforme ce coup de pouce attendu en véritable casse-tête pour les concessionnaires.
surprime CEE
Volkswagen est le premier constructeur à communiquer sur ses modèles éligibles à la surprime CEE. ©Volkswagen

Avant de tomber, le gouvernement Bayrou a souhaité donner un coup de pouce supplémentaire aux acheteurs de voitures électriques. Celui-ci passera, à compter du 1er octobre 2025, par une surbonification CEE d’environ 1 000 euros. Ce montant peut varier en fonction des contrats passés entre les constructeurs et les fournisseurs d'énergie.

 

La condition d’éligibilité à cette surprime est que les véhicules achetés soient de production européenne, principe de base de l’écoscore et de l’accès aux certificats d’économies d’énergie, mais aussi que leur batterie soit produite sur le Vieux Continent.

 

Une liste dépeuplée

 

L’ajout de ce second critère se traduit par la publication d’une nouvelle liste de modèles éligibles par l’Ademe. Celle-ci s’avère particulièrement réduite en comparaison de celle dressée pour l’écoscore classique.

 

De nombreux modèles à forts volumes, comme la Renault 5 E-Tech, la Peugeot e-208 ou encore la Tesla Model Y n’y figurent pas. Ce qui veut dire que leur batterie n’est pas d’origine européenne. Un élagage instructif qui illustre la faiblesse de la production européenne de batteries.

 

 

La liste de l’Ademe, pour cette surbonification, se résume aux modèles suivants : Smart ForTwo ; Alpine A390 ; Ford Explorer, Capri et e-Tourneo Courier ; Volkswagen ID.3, ID.4, ID.5 et ID.7 ; Fiat 500 ; Audi Q4 et Q4 Sportback ; Cupra Born ; Peugeot e-3008 et e-5008 ; Opel Grandland ; DS N° 8 ; Citroën ë-C5 Aircross ; Hyundai Kona ; Skoda Elroq, Enyaq et Enyaq Coupé et Renault Scenic E-Tech.

 

Voilà pour la théorie. En pratique, toutes les versions de ces modèles ne sont pas nécessairement éligibles à la surprime. Tout dépend du Type-Variante-Version (code TVV). "Un même modèle de voiture particulière peut présenter jusqu’à plusieurs dizaines de TVV différents selon les choix des constructeurs", indique l’Ademe.

 

Volkswagen tire en premier

 

Et de préciser que "pour s’assurer qu’un certain modèle correspond bien à un TVV éligible, il est possible de se renseigner auprès de son concessionnaire ou du constructeur du modèle". Toutes les versions d’un même modèle n’ont pas les mêmes caractéristiques techniques, et surtout leurs batteries n’ont pas nécessairement la même origine.

 

C’est le cas par exemple chez Volkswagen. Le constructeur allemand est le premier à communiquer sur l’éligibilité d’une partie de sa gamme, en l’occurrence les ID.4 Pro et Pro 4Motion. Manquent à l’appel les ID.3, ID.5 et ID.7 pour plusieurs raisons.

 

 

Pour les ID.3 et les autres versions de l’ID.4, Volkswagen indique que des modèles en stock sont éligibles à la surprime. En revanche, pour les nouvelles commandes hors stock, ce n’est pas le cas, puisque celles-ci concerneront des modèles dont les batteries seront d’origine chinoise.

 

"La fourniture de batteries évolue dans le temps, nous avons plusieurs fournisseurs qui nous permettent tantôt d’avoir des cellules produites en Europe, tantôt en Chine. Or, les prochaines productions de l’ID.3, par exemple, auront des cellules sourcées en Chine", nous explique un représentant de la marque. Une pratique qui n’est pas propre à VW, mais à la plupart des constructeurs.

 

Casse-tête en vue pour les clients

 

Ajoutons que ce sera également le cas pour l’ID.5 qui, pour le coup, n’a plus de modèles en stock avec des batteries européennes. Quant à l’ID.7, elle n’est tout simplement pas éligible à la surprime car son prix d’achat dépasse les 47 000 euros, condition d’attribution tout comme le fait qu’un modèle ne doit pas dépasser 2 400 kg.

 

Toujours est-il que les ID.4 Pro et Pro 4Motion sont concernées par le dispositif. VW indique qu’à la prime maximale CEE de 4 200 euros, jusque-là possible en fonction des revenus, viendra s’ajouter une surprime pouvant atteindre 1 400 euros. Soit, pour les foyers les plus modestes, un rabais total potentiel de 5 600 euros.

 

 

VW est au passage mieux disant que le gouvernement qui communiquait une surprime de 1 000 euros. Un écart, nous explique VW, lié à l’accord négocié avec son obligé CEE, à savoir EDF, qui repose sur un prix du kWh Cumac avantageux.

 

Ainsi, une ID.4 Pro est affichée à partir de 32 950 euros, déduction faite de la prime éco VW de 7 800 euros et de la prime Coup de pouce surbonifiée de 5 600 euros.

 

Une torture pour les réseaux

 

Le cas de Volkswagen illustre bien les difficultés à s'organiser face à un tel dispositif. La liste de l'Ademe, à peine publiée, met en avant des modèles et des versions qui ne sont déjà plus ou presque plus disponibles. Un casse-tête en plus en perspective pour les réseaux d'un côté et les clients particuliers de l'autre.

 

Car une même voiture qui va juste afficher une mise à jour software pour correspondre à une norme de sécurité par exemple se verra appliquer un TVV différent. "Face à ce faisceau de nouvelles contraintes administratives, nous demandons au réseau d'attendre notre analyse de tous les véhicules en stock et la vérification des modèles qui vont arriver. Sinon, les concessionnaires pourraient perdre de l'argent", nous explique un constructeur français.

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