Stellantis renforce ses engagements industriels en Italie et appelle l’Europe à revoir ses normes CO2

Antonio Filosa, directeur général de Stellantis, multiplie les prises de parole sur le risque couru par l'industrie automobile en Europe. Après avoir appelé la Commission européenne à revoir ses objectifs d'émissions de CO2 lors de la Journée de la filière automobile, le 4 novembre 2025 à Paris, c'est devant l'Association italienne des équipementiers automobiles (Anfia) que ce dernier a renouvelé son avertissement.
"L’industrie automobile traverse une période d’une complexité extraordinaire et la scène géopolitique est désormais un facteur interne déterminant dans les stratégies d’investissement des constructeurs", a-t-il prévenu.
Les États-Unis, modèle de relocalisation industrielle
Pour le dirigeant, la décision américaine de relever certains droits de douane doit être interprétée comme "un signal clair". Washington a adapté sa réglementation de manière pragmatique pour favoriser le retour des investissements et de la production sur son sol. Dans ce contexte, Stellantis bénéficie d’un atout majeur : une capacité industrielle significative aux États-Unis, là où nombre de ses concurrents restent dépendants des importations.
"La situation est bien différente de celle que nous connaissons en Europe, où une réglementation excessivement contraignante et une dépendance trop forte à l’égard de chaînes d’approvisionnement non européennes nous empêchent d’envisager l’avenir avec la même sérénité", a déclaré Antonio Filosa.
Selon ce dernier, il existe une corrélation forte entre le déclin du marché automobile européen, seule zone géographique à ne pas avoir retrouvé ses niveaux d'avant-Covid et les objectifs de réduction des émissions de CO2 fixés par le Pacte vert pour l'Europe. Les immatriculations sont passées de 20 millions d'unités en 2019 à 17 millions en 2024 avec une tendance quasi stable pour 2025.
Neutralité technologique et renouvellement du parc : les deux priorités
Antonio Filosa appelle les institutions européennes à adopter une approche fondée sur la neutralité technologique, afin de redonner aux consommateurs une véritable liberté de choix. Il plaide également pour des objectifs de décarbonation "flexibles, réalistes et progressifs", en distinguant les trajectoires entre voitures particulières et véhicules utilitaires légers.
En parallèle, le directeur général du constructeur insiste sur l’urgence d’un plan européen de renouvellement du parc, alors que 60 % des voitures en circulation ont plus de dix ans, contribuant fortement aux émissions. Il préconise notamment le soutien à la production de petites voitures électriques et hybrides abordables.
Renforcer le made in Europe
Antonio Filosa appelle également à créer un système d’incitation pour soutenir la fabrication en Europe de composants stratégiques et de véhicules, afin de réduire les dépendances extérieures et de préserver les emplois industriels.
Une demande suivie de près par les fournisseurs européens, seconde base de production du constructeur. Les États-Unis ont bénéficié d'un plan de 13 milliards de dollars sur les quatre prochaines années. Les équipementiers italiens ont reçu également la promesse de 7 milliards d'euros de commandes. Cela s'ajoute aux 2 milliards d'euros investis dans les usines italiennes d'assemblage de Stellantis.
La France, second pilier historique du groupe, n'a pour l'instant reçu la promesse que de 1 400 embauches en 2026 mais à masse salariale constante.
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